Quand Decimator était arrivé sur nos platines en 2007, on se doutait que les néo-zélandais en avaient sous le paletot. A quelques encablures de l’Australie, les insulaires, comme des laborantins de l’extrême expérimentaient la fission des atomes de métal dans leur bunker en apprivoisant l’énergie radioactive. Diocletian n’avait dès lors plus rien à envier à leurs proches cousins aussies dont les plus illustres tenanciers avaient figé la légende d’un son dans le marbre des fondations de la scène extrême locale. En 2009 avec Doom Cult, leur premier album, ils s’adonnaient même aux joies du méfait longue durée, qui craque sous la dent et qui libère son soufre entre les deux oreilles. Un essai barbare, dans la tradition all black, à chaque placage on te casse les dents et si tu n’en veux plus, dommage, il faudra attendre la fin du match pour enfin respirer. Un sens du partage qui a tout du sacerdoce.
Sur War of All Against All, leur second album ici chroniqué, le néo zélandais joue au pyromane dans les forêts de ciment. Le cocktail molotof est chargé au carburant enrichi au plomb. L’indien a les idées bouchères, et a l’intention de faire dans le martial, le guerrier à la sauce spartiate. Débridé, avec un lâché de riffs tranchants, coupés menus et une basse montée sous assistance pneumatique, Diocletian lâche les salves, comme une machine infernale réglée comme la secousse habille le tremblement de terre. La rythmique poinçonne et amorce la chaîne d’encodage aux cycles mécaniques. C’est l’industrie macabre qui tourne à plein régime sur ces dix titres compactés. Dans sa fumée noire chargée en éthylène, accélérant le vieillissement des tissus des matières organiques aux alentours, la Bête aux mâchoires d’acier se repaît de son repas quotidien fait de sueur et de violence alors que le monde avili arbore son premier manteau de pourriture. Diocletian c’est la guerre, la guerre livrée comme une Blitzkrieg, fulgurante et nauséabonde ; la guerre sale, celle qui attaque au gaz comme le serpent inocule son venin à sa proie lorsqu’il chasse. Et forcément elle n’envoie pas d’invitation quand elle s’invite dans vos écoutilles.
Les titres sont ramassés, n’excèdent majoritairement pas les 5 minutes, leur densité se mesure à la lumière de l’énergie mise à disposition des morceaux pour leur expansion théorique, une loi exponentielle de paramètre qui justifie la puissance de la charge. Les attaques sont tenues par un flux continu aussi morne que carnassier, à aucun moment les néo-zélandais ne baissent la garde à part peut être sur le crépusculaire « Fortress of the Unconquerable » avec sa fragrance doom et ses 16 minutes qui viennent clore l’album comme le charnier, la bataille.
Excessif et puant, War of All Against All est un album chaotique, sorte de rencontre improbable entre Revenge et Archgoat. Un disque intransigeant et barbare percuté par un climat apocalyptique suffocant. Un disque primitif à l’énergie brute qui prouve une fois de plus que Diocletian est un solide défenseur de l’école extrême dans l’hémisphère Sud. Terrible disque, au sens propre, comme au figuré.
http://www.youtube.com/watch?v=sCmhfMRDrIA