Wilderun – Veil of Imagination

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Style: Epopée Metal Progressive Annee de sortie: 2019Label: IndépendantProducteur: Dan Swäno et Jens Bogren

Il est des pochettes qui vous saisissent immédiatement et vous subjuguent. Celle de Veil of Imagination m’a ainsi immédiatement interpellé puis fasciné, me donnant dès lors une irrépressible envie de me plonger dans l’écoute de cet album, sans avoir a priori la moindre idée de ce qui m’attendait. Bien m’en a pris car le contenu s’est avéré largement à la hauteur du contenant. Je n’avais pourtant que survolé le précédent (et deuxième) album des américains de Wilderun, Sleep at the Edge of Earth, sorti en 2015, et n’en gardais (et pour cause), aucun souvenir particulier. Ce disque, parfois décrit comme une sorte de fusion entre Opeth et Turisas, ne m’avait pas marqué à l’époque, pour une raison que j’ignore, probablement une question d’humeur ou de mauvais timing. Mais le choc de ce nouvel album va sans nul doute m’amener à reconsidérer la chose et approfondir l’écoute des précédentes œuvres de Wilderun même si je peine à imaginer que l’on approche déjà la  perfection et la grâce comme sur ce nouvel album.

Car Veil of Imagination est une œuvre d’une rare ambition, assez stupéfiante dans sa grandiloquence, à l’image de ce premier titre de 14 minutes 32, « The Unimaginable Zero Summer », qui synthétise bien l’esprit du groupe : un spoken word introductif qui nous plonge dans l’histoire de l’album, une voix claire toute en douceur, des orchestrations subtiles de cordes, puis un growl et des guitares tempétueuses rappelant la filiation death mélodique à la Opeth donc (et ça growle encore chez Wilderun contrairement aux suédois), des orchestrations classiques à nouveau, avant qu’un mélancolique piano vienne conclure le morceau. 14 minutes d’une grande richesse, et qui passent en un éclair. Et ce n’est que le début, puisque les chœurs d’opéra démarrent ensuite sur « O Resolution! »… On les retrouvera plus loin sur « Sleeping Ambassadors of the Sun ». Entretemps, plus de 20 minutes se seront écoulées et l’on restera fasciné, emporté par la musique et l’univers de ces américains. L’ambition folle de cet album et sa grandiloquence sans retenue, son absence de retenue, voire son côté mélodramatique pourraient en déstabiliser certains : on est en effet loin de la formation metal classique guitare/basse/batterie/chant, puisque la richesse de la musique de Wilderun évoque plutôt tour à tour le classique et le symphonique, sans qu’on ait jamais pour autant l’impression de ne pas écouter un album de metal. La performance est impressionnante, le voyage passionnant, durant les 66 minutes qu’il dure. Les arrangements classiques signés Dan Müller et Wayne Graham sont évidemment les clefs de voûte de la performance symphonique qu’accomplit le groupe de par la richesse et la diversité des instruments et des sons qu’ils invitent à partouzer dans ce qui ressemble à une épopée metal grande classe : violons, piano, cordes en tous genres, flûtes, guitare acoustique et j’en oublie…

Vocalement, il faut souligner la très belle prestation d’Evan Berry, qui utilise majoritairement une très belle voix claire, mais qui sait aussi jouer du contraste avec son growl puissant, qui apporte l’alternance bienvenue et permet de souligner les moments où l’atmosphère se fait plus menaçante. A l’image du superbe « The Tyranny of Imagination » (en écoute ci-dessous) sur lequel les assauts vocaux font facilement dresser les poils de bonheur. Ajoutons à cette prestation déjà très solide, la présence de chœurs façon opéra, comme sur les premières minutes de « O’ Resolution » qui prennent temporairement l’ascendant sur la voix d’Evan, avant que ce dernier revienne prendre les commandes. Tout cela force le respect, et participe du voyage magnifique proposé par le groupe.

Avec rien de moins que Dan Swanö au mix et Jens Bogren au mastering nul doute que le groupe a vu les choses en très grand et s’est donné les moyens de ses ambitions. Le résultat est époustouflant de technicité, mais aussi de fluidité : on n’a jamais l’impression d’écouter un assemblage mal branlé de passages ou d’ambiances différents : tout se tient à merveille et fonctionne de A à Z. L’album coule d’ailleurs du début à la fin, tous les morceaux étant à considérer comme des étapes du voyage, difficiles à prendre isolément les uns des autres.

J’ai cherché pendant plusieurs jours comment synthétiser au mieux mon ressenti et donner une image la plus pertinente possible pour décrire cet album et le mieux qui me vienne finalement serait de décrire Veil of Imagination comme une épopée metal à l’ambiance fantasy presque Tolkiennesque, qui aurait été composée par Devin Townsend et interprétée par Opeth. C’est ambitieux, grand, superbe, et ça fait voyager comme rarement, à l’image de la superbe illustration de la pochette choisie par le groupe. Pour peu que vous ne confondiez pas cette ambition avec de la prétention, préparez vous à un voyage dont vous garderez longtemps un souvenir ému… Comment un groupe aussi génial peut encore sortir ses albums en indépendant, sans aucune signature sur un label, voilà un mystère qui m’échappe… A moins qu’il s’agisse d’une volonté et d’un choix du groupe? Quoi qu’il en soit je dois vous laisser, car j’y retourne… On se voit là-bas?

Tracklist :
01 – The Unimaginable Zero Summer
02 – O Resolution !
03 – Sleeping Ambassadors of the Sun
04 – Scentless Core (Budding)
05 – Far From Where Dreams Unfurl
06 – Scentless Core (Fading)
07 – The Tyranny of Imagination
08 – When the Fire and the Rose Were One

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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