Ils sont canadiens, viennent de Toronto, pourtant leur musique respire le hardcore de Big Apple de la grande époque et les effluves de bières bon marché anglaises. Urban Blight avec More Reality en 2009 avait mis les pieds dans le plat. Ils étaient dans le ton, ils clamaient haut et fort « No Direction » comme les bambins qui ont choisi de faire la nique aux idées reçues du système et qui continuent de mener leur combat en marge des routes tracées par les architectes qui mettent en place jour après jour les édifices, qui servent de repère aux navigateurs du quotidien.
En 2010 les bûcherons reviennent, le verbe plus piqué, la meule rayonnante et la gueule bouffée par les vers. Total War est raw, il a la friture généreuse, le gras vulgaire, l’attaque acide. Le genre d’EP qui permet de faire le point et de se dire que les velus ont mis les petits plats dans les grands cette fois ci. En 5 titres on est parachuté dans les années 80, on se fond dans le sillage d’Agnostic Front ou Urban Waste le groupe de John Kelly et on est plutôt surpris de la mise en place.
5 titres au compteur, mais 5 titres d’une efficacité sans borne, ça latte tous azimut, ça bringuebale son rock sur des sentiers mille fois parcourus mais l’énergie et l’intention frappent à coup sûr, et c’est toujours lesté par la grenaille d’un rythme binaire à faire pleurer le moins fêtard des mathématiciens. Sur « Social Disorder » ça irait presque nous rappeler un Reagan Youth obèse, les clochards célestes sont de sortie, le palpitant battant comme un astre chaud les rayons de son discours à l’haleine brûlante. Les crash accompagnent la charge, les guitares sont pinçantes et aiguisées par une production lo-fi de circonstance. Le caractère, la motivation.
Urban Blight avec Total War nous livre une rondelle qui ravira les amateurs, un disque paru chez Static Shock Records qui réconciliera les générations. Un pont entre deux rives, un produit qui claque.
http://www.youtube.com/watch?v=o8aNaemN7ZM