On a de ces pudeurs parfois. J’ai abordé ce deuxième album des Anglais avec une timidité proportionnelle à l’espoir que je refusais de mettre dans ce nouveau groupe en 2011 lorsque débarquait This might hurt. Je ne souhaitais pas me retrouver face à la même détresse que j’avais connue lorsque leurs compatriotes de Roadstar avaient quitté la scène en 2007. Trop douloureux de tomber sous le charme d’une bande de rockers doués dont la carrière n’aura pas dépassé 2 brûlots. Il fallait donc presque souhaiter que The Treatment, qui reprenaient en quelque sorte le flambeau, soit « explode en stage » soit reviennent moins forts que jamais. Pour le coup c’est raté et je me retrouve affaibli émotionnellement.
Mais assumons. Laissons-nous aller à nos émotions, écoutons nos pieds, ne brimons pas nos cervicales, n’épargnons pas nos voisins et accueillons avec bonheur le traitement injecté dans notre derche !
Et on aura du mérite. Non pas que la qualité ne soit pas au rendez-vous (si vous n’avez pas cramé tous vos neurones en biture, vous avez dû comprendre dès les premières lignes que j’avais pris une petite fessée avec Running with the dogs) mais plutôt parce que dès le premier titre, on prend conscience qu’on a affaire à du lourd qui pourrait faire douter sur le sérieux de la démarche : qui peut raisonnablement entonner dans on refrain « I bleed rock n’ roll, rock is all I need, I bleed rock n’ roll, it’s my destiny »? Ben des Anglais. Et des Anglais fiers de l’être (on voit inscrit « Cambridge-England » sur la pochette, faut le faire quand même !). On est à la limite de la parodie mais le genre exige presque d’être sur le fil du rasoir, le cul entre le kitch et la bad boy attitude.
Les influences ne sont pas à chercher bien loin mais sont assez diverses puisque The Treatment sont capables aussi bien de nous pondre une ballade aux accents southern rock (« Cloud across the sun ») qu’un brûlot sleazy à souhait (« The outlaw »), une attaque glamisante (« Emergency » qui évite le côté cucul des chœurs qu’ont trop tendance à utiliser des groupes comme Crazy Lixx grâce à une trame très AC/DCienne bien velue) ou un gros heavy rock qu’on aura du mal à avoir au lavage sans l’aide d’un détachant (« World on fire »). A ce titre, ce deuxième album est plus varié que le premier (This might hurt, 2011) qui laissait une plus large part au côté heavy rock. Disons que les racines de Running with the dogs sont plus à chercher du côté de l’Australie que de la perfide Albion. Personnellement ça n’est pas pour me déplaire mais certains fans de la première heure (encore qu’on n’en soit pas vraiment à la 40ème) pourraient ne pas voir ça avec un oeil aussi bienveillant que le mien.
Un petit faux pas tout de même mais qui ne m’empêchera pas de garder en tête cette sortie au moment d’établir mon bilan de l’année : une ballade gentillette aux accents « More than words »iens (Extreme) sans doute pour ne pas faire fuir les mamans qui craindraient une « show-me-your-tits-party » pendant les concerts auxquels leurs filles pourraient assister ; heureusement, et comme pour se racheter, le groupe nous achève avec le méchant « Don’t get mad get evil » qui ne donne qu’une envie : s’en reprendre une flasque cul sec ! Difficile de trouver mieux en la matière cette année.
Tracklist :
01-I bleed rock+roll
02-Drop like a stone
03-Get the party on
04-Running with the dogs
05-Intro/the outlaw
06-Emergency
07-She’s too much
08-Cloud across the sun
09-Don’t look down
10-World on fire
11-What is there to say
12-Unchain my world
13-Don’t get mad get evil