Selon le label polonais Witching Hour qui a signé le projet, Batushka serait une sorte de « all-star band » formé d’acteurs bien connus de la scène metal souhaitant conserver (au moins pour l’instant) l’anonymat.
L’album se présente comme un rituel orthodoxe, très cohérent et compact. Seulement, à la différence de bon nombre de projets officiant dans l’orthodoxe, Batushka ne délivre pas un exercice de style longuet et dévolu d’âme. Le groupe arrive nettement à se démarquer du reste de la scène orthodoxe grâce à leur travail sur la composition et l’atmosphère. Le riffing et l’ambiance sont saisissants dès le premier morceau et l’effet accrocheur ne diminue aucunement au cours des 41 minutes de Litourgiya. Le ressenti malsain qui vous envahit dès le visionnage de la pochette est maintenu d’une main de maître tout au long du disque.
Les guitares sont parfois puissantes (« Yekteniya 2 ») et parfois plus discrètes pour laisser place à d’autres sons comme les tintements de clochettes ou les chœurs qui sont également partie intégrante du rituel. Au niveau composition, on est sur un riffing très black metal qui fait penser à la scène suédoise accompagné d’une batterie rouleau compresseur jouée de façon assez clinique qui, quant à elle, évoquerait plutôt un jeu death metal (comme dans Christicide par exemple).
De courts interludes plus ambiants viennent régulièrement aérer l’ensemble et mettent en exergue l’intensité de la musique fournie par le groupe et la solennité de l’album. L’autre fait marquant de Litourgiya est l’alternance entre ce chant black aigu fort bien exécuté et les magnifiques chœurs orthodoxes. Les chœurs sont omniprésents sans jamais devenir lourds et le travail de composition y est pour beaucoup. En effet, dans des morceaux comme « Yekteniya 3 » et « 4 », on voit qu’ils sont utilisés soit pour souligner la montée en puissance d’une séquence de blast, soit pour prendre le pas sur les guitares et accompagner la batterie sous forme incantatoire.
Vous l’aurez donc bien compris, Litourgiya n’est pas un bloc indigeste qui casse la tête. Il sait être violent en restant accrocheur (« Yekteniya 5 ») et contient autant de mid-tempos jouissifs (« Yekteniya 4 » et « 7 » entre autres) que de passages rapides cathartiques. Il est purement black metal tout en restant unique dans l’aura qu’il dégage. En bref, un album intelligent sans être prétentieux et une vraie surprise en cette fin 2015 dans ce style-là. A ne pas manquer!
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Tracklist:
- Yekteniya 1 (5:45)
- Yekteniya 2 (4:22)
- Yekteniya 3 (4:51)
- Yekteniya 4 (5:19)
- Yekteniya 5 (6:00)
- Yekteniya 6 (4:13)
- Yekteniya 7 (5:34)
- Yekteniya 8 (5:09)
Ca a l’air pas mal cette affaire… Décidément tu es bonne prescriptrice en matière de black metal… Je vais creuser
Excellente surprise pondue par des mecs qui ont roulé pour des projets bien rodés en parallèle. Il y a clairement une influence suédoise (Watain, Funeral Mist) dans le riffing de guitare, un côté monolithique dans le jeu de batterie qui n’est pas éloigné d’un jeu death sur certains plans et des chœurs tout simplement énormes qui renforcent bien le côté mystique de l’ensemble. Je ne serais pas surpris d’apprendre qu’un ou deux membres de Behemoth se cachent derrière.