Courant 2014, Obscura annonçait le départ de la moitié de son effectif, le guitariste Christian Muenzner et le batteur Hannes Grossmann, 2 anciens du parrain du death technique, Necrophagist, qui avaient réussi à hisser le groupe aux sommets de ce meme genre avec les albums Cosmognesis et Omnivium.
Ils sont allés former Alkaloid qui a sorti un excellent album l’année dernière (voir notre chronique). Steffen Kummerer, guitariste et chanteur à l’origine du groupe restait donc seul maitre à bord. Il semble que sa personnalité égocentrique lui vaille de se mettre à dos beaucoup de musiciens passant chez Obscura, mais à l’écoute de ce nouvel album on ne peut lui dénier un leadership et une capacité à recruter des musiciens d’exceptions qui alimentent en virtuosité et en compositions son groupe.
Car malgré les remplacements de membres, le style du groupe n’a pas franchement changé, c’est toujours le meme death metal technique exécuté d’une façon claire et précise, quasiment toujours à fond/tempo élevé, riffs en staccato ciselés dans les aigus dans un maelstrom de percussions et de basses fretless. Cependant Obscura continue à contrebalancer la brutalité et la puissance du death metal par des refrains plus mélodiques, il y a quelques voix vocoder (bien pompées sur Cynic), des moments clairs arpégés, meme des chœurs (superbe fin de « Ode to the Sun ») et puis une production claire, une distortion contrôlée, qui permettent de distinguer chaque instrument distinctement dans le mix.
Les membres fraîchement arrivés apportent à la musique du groupe quelques nouveautés notables, l’ajout de solos de guitare fretless par Tom « Fountainhead » Geldschlager (déjà dégagé du groupe depuis), les basses fretless de Linus Klausenitzer et le jeu de Sebastian Lanser (Panzerballett) derrière les fûts sont plus subtils que ceux de leurs prédécesseurs. Ce renouvellement dans la continuité permet à Akroasis de révéler une certaine fraîcheur, la technicité est toujours mis en avant mais se fond dans des compos dynamiques, aux mélodies marquantes, à la croisée du morbide du death metal et de l’évolutivité du prog.
Si Cosmognesis restera pour les fans des débuts je pense leur album majeur, Akroasis en est un bon challenger et le surpasse à mon avis, proposant un son moins organique mais avec une plus forte personnalité, une cohésion et ambiance plus unique. Du coup le schisme du groupe en cet Obscura revigoré et en Alkaloid est plutôt une bonne nouvelle, et Akroasis a de grandes chances d’être l’album de death technique de l’année.