She Said Destroy a toujours été un groupe difficile à catégoriser. Leur metal extrême peut prendre des formes assez variées mais tourne autour du même but, concentrer noirceur et tristesse en musique. Leurs choix sémantiques comme graphiques dénotant pour un groupe extrême nordique ajoutent au trouble, mais on est bien en Norvège, et la musique de ces types n’est pas là pour égayer les longues nuits d’hiver.
En janvier de cette année, She Said Destroy propose en téléchargement un nouvel EP nommé Bleeding Fiction, contenant un seul morceau de 27 minutes. Si il possède indéniablement la patte que le groupe a forgé sur ses 2 premiers albums, il voit le groupe évoluer et proposer sur cette durée une nouvelle vision, j’imagine une introduction à leurs productions futures. Au niveau riff, les éléments death et black sont clairement en retrait, le tempo étant ralenti, accentuant la lourdeur de riffs à cheval entre Cult of Luna et Meshuggah. Décomposé en phases, c’est pour autant un morceau à part entière, avec des mélodies qui reviennent et une ambiance globale.
L’intro est shoegaze, se superposent en couches progressives des guitares, larsens doux en formes de nappes de sons. L’ambiance est tout de suite plombée, mélancolique, elle culmine en crescendo après plus de 3 minutes sur un gros riff cadencé, tout en syncopes. Gros groove martial, tempo ralenti, derrière une guitare forme une vague de son créant un contexte saturé. Le chanteur d’aposer ensuite sa voix d’ours bien arrachée, le type a une façon de hurler bien à lui, très agressive, déchirante.
Puis en un instant, on tombe dans un trip post-rock avec un côté inquiétant, une basse plutôt volubile pose une ambiance progressive. Le passage est excellent et on a pas vu passer les 5 minutes depuis le début du morceau. Retour sur du headbang de déglingo, rythme à la fois posé et démolisseur. Le son de guitare est racleux, et la basse saturée rajoute une touche de noise. Le groupe a plongé dans une sorte de « post-metal » brut qui tient carrément bien la route. Les hurlements déments suffisent à poser une ambiance apocalyptique, c’est toujours pas la joie, on est déjà quelques pieds sous terre. Les riffs se dénouent et l’horizon s’éclaircit, pour débouler soudain sur un passage acoustique de toute beauté qui apaise pour un temps l’atmosphère, pour ensuite retomber dans un puit sans fond.
On n’est alors qu’à la moitié du morceau qui se poursuit, toujours dans les mêmes tonalités et sons, alterne entre passages appaisés, crescendo et envolées saturées bien puissantes, entre noirceur et lumière.
On pourrait trouver le concept un peu prétentieux mais il passe bien sur la durée. Il faut dire que je connais ce groupe depuis ses débuts, je suis déjà plus que preneur de leur musique sur leurs 2 albums, je connais son univers et j’ai toujours trouvé qu’il avait quelque chose de spécial. Un bon pas en avant de plus pour ces musiciens qui j’espère sauront élaborer cette nouvelle direction sur un 3ème album.
Un court extrait en écoute sur Soundcloud seulement :