Obscura – A Sonication

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Style: Death Metal TechniqueAnnee de sortie: 2025Label: Nuclear Blast Records

Le septième album studio d’Obscura, A Sonication, était attendu comme le prochain chapitre d’un héritage remarquable dans le domaine du death technique. Au final, c’est un album qui ressemble à l’ombre de ce qu’était autrefois le groupe : toujours compétent, mais dépourvu de la profondeur et de l’innovation qui le caractérisait jadis.

A Sonication est une régression et c’est le deuxième album consécutif qui me déçoit, le précédent A Valediction laissait déjà entrevoir une baisse de créativité, qui se confirme malheureusement. Il évite les explorations expérimentales de Diluvium et se débarrasse de la dimension symphonique de Akroasis. Ce qui reste évoque l’ère des premiers albums Cosmogenesis / Omnivium, mais avec une touche plus mélodique — une approche davantage axée sur la démonstration que sur l’ambition progressive. C’est toujours Obscura, mais une version linéaire, et le meilleur exemple est le premier morceau, « Silver Lining », typique du groupe : c’est encore plutôt bon, mais cela sonne comme un patchwork de morceaux issus de leur ancien répertoire, sans saveur particulière. Les choses deviennent plus étranges avec « In Solitude », qui sonne vraiment très similaire, les riffs et certaines mélodies sont presque identiques. Le seul morceau sortant un peu du lot est « The Sun Eater » qui propose un ton plus lourd, rappelant les morceaux de l’époque Diluvium.

L’album dure 39 minutes, ce qui en fait le plus court de leur discographie. Concrètement, on n’a droit qu’à sept véritables morceaux, avec un titre qui dépasse à peine les deux minutes. Cette brièveté ne serait pas un problème si le contenu avait plus à offrir, mais une grande partie donne l’impression de rester dans une zone de confort. La production est également décevante — parfois mince et sans vie — ce qui atténue encore l’impact de la musique, malgré un niveau d’exécution solide.

La controverse autour d’un prétendu plagiat — d’anciens membres accusant Steffen Kummerer d’avoir utilisé leur matériel sans consentement — n’a fait qu’attiser les flammes, mais pour moi, ce n’est pas le vrai problème. Kummerer a toujours été la figure centrale d’Obscura, et même s’il n’est peut-être pas la personne la plus facile à côtoyer (comme en témoigne la rotation permanente des membres du groupe), la constance et la qualité des albums précédents suffisaient à légitimer son rôle de leader. Lorsqu’un morceau est écrit dans le cadre d’un projet Obscura, il devient un morceau d’Obscura, peu importe qui reste ou part.

Kummerer a reconstruit le groupe une fois de plus en 2024, mais contrairement aux formations précédentes, celle-ci n’a pas pris. C’est d’autant plus regrettable qu’elle inclut Robin Zielhorst, un bassiste que j’admire pour son travail avec Exivious, Our Oceans, et ses performances live avec Cynic. Hélas, sa contribution n’a pas la même magie que celle d’anciens collaborateurs comme Hannes Grossmann, Christian Münzner ou Linus Klausenitzer — tous trois ayant joué un rôle clé dans les meilleurs moments d’Obscura. Peut-etre qu’on constate les limites de Kummerer qui a toujours bien réussi à s’entourer et créer une synergie avec des musiciens talentueux, mais ici a voulu prendre le controle et a sorti cet album trop rapidement.

Au final, Obscura reste l’un des meilleurs groupes de death metal technique actuels, peut-être même le plus constant et reconnaissable de l’ère moderne du genre. Mais A Sonication ressemble à un faux pas — un album pru23dent, précipité, et privé de l’étincelle qui m’a plu sur leurs 5 premiers albums. Reste à savoir s’il s’agit d’une simple erreur de parcours ou du début d’un déclin plus profond.

Je viens de chroniquer l’album de Changeling, groupe de Tom Geldschläger, connu pour sa participation à l’album Akróasis d’Obscura, et qui sort ici un bien meilleur album à mon gout.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 553 articles sur Eklektik.

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Commentaire

  1. RBD says:

    Le line-up a déjà changé depuis l’album, cet hiver Kummerer tournait avec le bassiste de Beyond Creation et les membres de Fractal Universe (autant dire qu’Obscura devient un groupe français !). C’est vrai qu’il y a une panne de créativité, impression accentuée par la brièveté inédite de cet album. Les titres passent, même le plus court, mais il ne peut échapper à la comparaison avec tous les précédents et il ressort comme un retour en arrière non seulement quant au style mais aussi en qualité. Nous étions trop habitués au très haut niveau, ça devait sans doute arriver tôt ou tard.

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