Comprenant d’anciens membres de Bane ou Drowningman, on pourrait s’attendre à ce que Silent Drive soit un autre groupe de hardcore plutôt du genre pas de quartier. Ce n’est pas le cas, Love is worth, le premier album de ce groupe présente une musique qui tout en gardant une énergie propre au hardcore est très orientée vers le rock plus classique, de l’émo donc.
Musicalement, la qualité de ce premier album est assez variable, le groupe, très versatile passe du rire aux larmes, de la rage à la douceur, la plupart du temps c’est vraiment bon, les morceaux ont de la personnalité, du riff qui envoie, des passages mélodiques poignants, d’autres, ceux qui penchant vers la soupe radio US sont franchement moins intéréssants.
« Banana Rejection » pèse du bon côté de la balance avec ses guitares bien aiguisées sur un riff heavy percussif. Il mène quand même à un couplet un peu sirupeux qui heureusement est rattrapé par un très bon refrain ce qui en fait un bon morceau, même un des plus appréciable de l’album.
« Rooftops » est du même acabis, commençant sur un arpège appuyé par une basse bien présente et une voix partant dans les aigus, il part sur un riff hardcore légèrement métal qui a un pêche énorme avec une petite harmonique sifflante bien placée pour finir en refrain rock très mélodique. Un très bon morceau.
Par contre d’autres comme « The Punch » saoulent rapidement. Ceci est en partie dû à une production très lisse, trop lisse, rien ne dépasse, rien ne choque, le tout est un peu trop propre.
Les vocaux, parfois très pop/punk suraigu, sont dans certains cas d’assez mauvais goût, navigant dans les eaux troubles du rock radio commercial, un peu à la Hoobastank avec même sur certains passages un effet genre vocoder robotique assez laid.
Dommage que ce côté gache un peu l’album, parce que beaucoup d’autres voix sont plutôt pas mal quand elles penchent vers AFI pour les voix chantées suaves aigues, où quand elles partent en cris assez réussis à la Refused. Enfin en général le chanteur a une très bonne voix, versatile aux intonations personnelles.
Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’appliquent pas de formule, les morceaux sont très différents : d’un post-hardcore rapide et virulant mais souvent joyeux et entrainant(le très bon « Henpecked »), ils passent à du rock alternatif planant(« Davey Crockett »), plus posé(« Boyfriend Notes ») et même une ballade au piano, rappelant fortement Faith No More (« Broken hearts Club »).
Ce groupe est tout de même un des rares réussissant à mélanger avec brio de l’émo/screamo avec un côté pop là où beaucoup se plantent alègrement. Les mélodies sont travaillées et on a du mal à s’en défaire tant elle reste gravée dans le crane. Les musiciens ne cèdent pas à la facilité, il y a de la recherche, en tous cas une volonté de faire quelque chose d’un peu différent.
Donc malgré ses défaut, c’est finalement un album qui me plait plutôt bien, ça a de la pêche, c’est souvent agressif, tout en gardant un côté accessible, le tout donnant un mélange assez différent de la plupart des nouveaux groupes de ces dernières années. En plus l’artwork de la pochette est vraiment sublime et c’est déjà un bon point.
- 4/16
- american classic
- banana rejection
- rooftops
- davey crockett
- henpecked
- the punch
- the professional
- broken hearts club
- our lady of the worthless miracle
- boyfriend notes