Sur les quelques chroniques de Tales & Dreams que j’ai consultées suite à des conseils avisés, les qualificatifs de post-rock et de Sigur Rós revenaient inlassablement, tant et si bien que mon excitation initiale fut largement tempérée tant le genre tend à s’essoufler et l’intêret que je lui porte avec. Quant à Sigur Rós, leur deuxième et troisième albums me sont tellement chers qu’un clône, même de qualité, ne pourrait m’enthousiasmer. Pourtant, après reception de l’album, et une demi douzaine d’écoutes appliquées, j’étais assez enthousiaste… et je le suis toujours. Sans doute possible, la thèse du parallèle gratuit tient la corde, une fois de plus.
Ce n’est pas que Kwoon et Sigur Rós soient à l’opposé l’un de l’autre mais l’analogie entre le one-man band français, dont c’est le premier album, et les islandais les plus hype de la planète me semble être un raccourci facile. Bien sûr, certaines sonorités ou quelques lignes de chant justifient dans une certaine mesure le rapprochement (les plus légitimes parallèles seraient l’utilisation d’un xylophone sur ‘Blue Melody’ ou bien les voix/samples de ‘The Beast’, morceau qui aurait pu figurer sur l’EP #1). Cependant, si ce type de comparaisons ne peut que faire du bien à un groupe naissant en aiguillant l’album vers son public de destination, c’est mesestimer les capacités de l’artiste dont il est question, et c’est on ne peut plus vrai en ce qui concerne ce projet. En effet, Kwoon n’a pas de leçon à recevoir et possède sa patte notamment en ce qui concerne la composition.
Il délivre une musique articulée aussi bien sur des guitares, en accords simples ou léger triturement post-rockisant (‘Eternal Jellyfish Ballet’) , que sur des textures ambient diverses avec un penchant symphonique. Le qualificatif d’atmosphérique vient directement à l’esprit car c’est en musicien ingénieux, manipulateur de sons, que Kwoon arrive à donner vie à des compositions où la rêverie tient une place prépondérante. La cohabitation harmonieuse du naturel et du synthétique (leitmotiv mélodique sur ‘I lived on the Moon’ ; ‘Kwoon’) et les traitements toujours adaptés à la variété des sonorités employés rendent les transitions fluides, même lorsque les guitares refont leur apparition lors des quelques rares climax. Kwoon sait varier les plaisir mais, en règle générale, chaque titre de Tales & Dreams se base sur une mélodie principale, simple, présente dès le départ ou construite au fil du morceau et renforcée par des textures ambient ou des accords en arrière plan presque imperceptibles une fois le titre lancé (‘Tinklët’).
On reste quoiqu’il arrive dans l’économie des sons mais aussi des formats, assez courts, puisque seuls deux titres dépassent les six minutes. Cela suffit à la retranscription ce monde féerique, apaisé et mélancolique qui habite Kwoon et on ne regrette que rarement voire jamais ce choix. Chaque titre possède ses propres moments forts si bien qu’on arrive à les distinguer facilement quand bien même l’album se déroule sans à-coups. Tales & Dreams reste serein d’un bout à l’autre, Kwoon se gardant bien de dispenser de grandes envolées qui font la renommé du dit post-rock ; certains titres décollent tout de même grâce à quelques élans symphoniques fort réussis qui ne sont jamais surfaits (‘Blue Melody’) mais la plupart préfèrent jouer la carte de la méditation.
Pas 100% minimaliste mais pas hyperactif, loin de là, ce premier effort nécessite de la part de l’auditeur une attention continue s’il ne veut pas laisser filer les pistes les plus ‘ambient’ au cheminement mélodique moins atmo/pop que le reste (‘The Beast’; ‘Last Sundown’ un peu à la Ocean Machine:Biomech). Les instants plus touchants sont peut-être les plus contrastés par exemple ‘Blue Melody’, magnifique progression atmosphérique qui renferme parmi un des plus beaux passages (chantés) de l’album. Si on ne peux parler de véritables baisses de régime, il y a quelques titres moins mémorables mais c’est accessoire pour qui se laisse prendre par cet univers délicat et poétique complété par une voix timide, suave, d’un artiste qui se met à nu. Derrière chaque mot, chaque son, transparaît véritablement le musicien, véritable bricoleur doté d’un talent certain. Cette sincerité indiscutable garantit la réussite de l’entreprise d’autant que la production est à l’avenant, et permet de profiter des nuances juste ce qu’il faut.
Prédire quel public touchera Kwoon relève de la spéculation, en revanche ce dont je suis sûr c’est que Tales & Dreams constitue un bel essai, personnel, touchant et sans prétention . »Keep on Dreaming… »
- intro
- i lived on the moon
- blue melody
- the beast
- eternal jellyfish ballet
- last sundown
- tinklëh
- tinklëh skofa
- the door
- kwoon
Commandé… Je dis ce que j’en pense dés la reception.
ouais, je kiffe et je conseille, une belle féérie sur sillons avec une vraie personnalité
Si Devin et Ellestouille conseillent, alors là…
Cholie chronique en tous cas. Les extraits me laissent sur ma faim !
Tiens, j’ai jamais écrit que je trouvais cet album vraiment fabuleux…
C’est fait!!!