Flash back :
Début des 90’s, le grunge fait son apparition sur la scène musicale et fashion, grâce notamment au succès du Nevermind de Nirvana et son icône (à son corps défendant) Kurt Cobain. Les maisons de disque ont suivi le mouvement indé se développant dans l’Etat du Washington pour chacune courir après la poule aux œufs d’or, le graal permettant de se donner une crédibilité underground (mouarf).
Après un 1er album passé relativement inaperçu, malgré quelques pépites (« Love, hate, love », magistral), Alice In Chains nous propose pour son 2ème effort un album qui restera dans les annales de la musique rock, Dirt. Dirt : saleté, crasse, boue. Le décor est planté. Dirt est un album d’une noirceur presque indescriptible. Une noirceur qui, 14 ans après, exhale toujours ses relents de suicide, de drogues, de mort avec une pertinence indéniable.
La rythmique plombée du trio instrumentiste Jerry Cantrell – Mike Starr – Sean Kinney nous surprend d’entrée avec le très puissant Them Bones, qui allie lourdeur, mélodie et noirceur. Marque de fabrique d’Alice. Le jeu de guitare très particulier de Cantrell, immédiatement reconnaissable, n’est pas pour rien dans l’unicité du groupe, empruntant à la fois au rock, à la pop et au metal, avec des solos de toutes beauté, servis par un doigté subtil. Mais que dire de la voix de l’envoûté en chef Layne Staley ? Faussement fragile, un peu nasillarde, parfois agressive, elle exhale tous les problèmes personnels du gaillard (drogues et tutti quanti) et n’en fait ressortir que la substantifique moëlle. Une pertinence d’interprétation qui ne peut laisser insensible tellement c’est prenant. L’un de ces grands déchirés de la vie qui arrivent à transformer leur mal-être en beauté pure. Et Jerry Cantrell se prend à pousser les chœurs, comme cela arrivera de plus en plus par la suite à cause de l’état de Staley. Deux voix complémentaires et étonnamment proches qui seront aussi l’un des sceaux du groupe de Seattle. Non contents de nous servir une musique oppressante, les gaillards nous offrent des lyrics qui rajoutent encore à l’aspect morbide de Dirt, parlant explicitement de drogue, de mort et de toutes ces joyeusetés; un petit exemple : « a good night, the best in a long time / a new friend turned me on to an old favorite / nothing better than a dealer who’s high / be high, convince them to buy » (« Junkhead »). Charmant. Mais ça pue le vécu, la sincérité. C’en est maladif.
Les pépites s’enchainent les unes après les autres sur cet album d’une maturité à toute épreuve et s’il fallait ressortir quelques morceaux de l’ensemble, je citerais volontiers « Dam that river », « Rain when I die » (magnifique refrain), « Angry chair », l’exceptionnel « Down in a hole », le hit « Would ? ». Mais attention les autres morceaux sont tout aussi trippants ! (Exceptionnelle fin de « Rooster »). Il n’y a définitivement rien à jeter sur cet album qui constitue certainement l’un des plus beaux disques du rock de ces 30 dernières années. Cette ambiance morbide mais d’une beauté glaciale et étrange restera dans les annales comme un monument, tout simplement.
Note de bas de page : pour les personnes ne connaissant pas, Alice In Chains est aussi l’auteur d’un des plus beaux MTV Unplugged, dont je vous conseille fortement l’écoute.
- them bones
- dam that river
- rain when i die
- sickman
- rooster
- junkhead
- dirt
- god smack
- hate to feel
- angry chair
- down in a hole
- would ?
Un de mes albums de chevet ! D’une intensité et d’une authenticité rare. J’ai tendance à préférer l’écoute de l’album éponyme (d’une très courte tête) car il est plus varié et « aventureux » que Dirt. Mais cet
(hum…)album est une vraie pépite, un classique.
Un classique ce « Dirt » ! Cet album pue la mort et le mal être, incarné en la personne d’un Layne Stanley phénoménal. Des classiques tels « them bones », « sickman », « damn that river », « would? » et bien sur la magnifique « rooster », ma préférée de ce que je connais du groupe.
Il faut tout connaitre :) Y’a rien à jeter !
Oh c’est pas Jambon qui a écrit cette kro? :D
Je suis un fan ultime d’Alice In Chains effectivement, l’unplugged reste un de mes cds/dvds préférés.
Une merveille que ce disque … Par contre, je ne l’écoute personnellement pas trop souvent car il a le bon gout de me mettre au trente sixième dessous. J’aime beaucoup ta chro, Pilou … :)
Excellente chronique, seul truc qui me gêne voir cet album « étiquetté » grunge. Pour moi, AIC c’est du metal.
Excellente chronique, seul truc qui me gêne voir cet album « étiquetté » grunge. Pour moi, AIC c’est du metal.
je ne lui trouve rien de metal perso
sinon je n’ai jamais ressenti ce mal-être tant décrit à l’écoute de cet album ; je ne trouve pas ça si noir
@ Kaoslynn : bah le grunge c’est comme le neo c’est fourre-tout, quel rapport entre Soundgarden, AIC et Mudhoney par exemple ? C’est juste que je file l’étiquette du moment, c’est tout ;-)
Je pense que le terme Grunge fait plus référence à un mouvement (venu de seatle) qu’à un genre musical à proprement parlé… mais sinon c’est du métal c’est évident.
Merci pour cette chronique. J’avais 18 ans lorsque ce monstre est sorti et c’est surement le disque que j’ai le plus écouté à ce jour. Tout est parfait sur ce disque.
Enregistré pendant les émeutes de Los Angeles, AlC nous lache un album culte. Mais surtout ne vous limitez pas à ce disque. Les chains sont tout aussi admirables sans électricité (jetez une oreille à Jar of flies).
et alors, ça fait quoi d’être vieux?
Mon pseudo résume tout ce que je pense de Dirt, du groupe et dela chanson! :)
Ahhh, que de souvenirs avec cet album !
Le grunge n’est qu’une connerie de journalistes. Cet album est un monument, peu importe qu’on trouve ça metal ou autre. C’est pas là qu’est l’essentiel, il est dans les sentiments que cette musique procure. Il faut pas être dépressif pour écouter AIC, sinon, il y a un grand danger…. d’accoutumance!
J’oubliais, message perso à tamere, en m’associant à dub: on t’emmerdes mon p’tit pote. :D
éNoRmE !!