Stebmo – Stebmo

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Style: jazz moderneAnnee de sortie: 2008

Un messager du chaos, c’est comme cela que j’avais perçu Steve Moore à Paris en décembre dernier quand il avait ouvert, surgissant de la fumée, le concert de Sunn 0))) dans une improvisation au trombone annonciatrice de la puissance qui allait se déchaîner sur nous. On a pu également entendre Steve Moore au coté du guitariste légendaire de jazz Bill Frisell, des droneux de Earth, des grungeux de Mudhoney ou même du talentueux chanteur pop-folk Sufjan Stevens, autant dire que la palette de sons de Moore aussi bien aux claviers qu’au trombone est pour le moins étoffée. Il est clair que cet album solo sera des plus surprenants pour ceux qui le connaissaient comme membre de Earth ou Sunn 0))).

Pour son premier album solo après tant de collaborations dans l’ombre, Moore s’est donc entouré de ses amis rencontrés au fil des tournées et des albums, c’est-à-dire, entre autres : Matt Chamberlain (batteur pour Brad Meldhau, Tori Amos..), Eyvind Kang (violoniste fou ayant joué avec John Zorn, Mike Patton, Beck, Bill Frisell..), Tucker Martine (producteur de Mudhoney, B. Frisell, S. Stevens…). Cette bande de potes s’est donc assemblée pour nous sortir un album de jazz, sauf que vous l’aurez deviné, ils ne s’y sont pas pris de la plus mauvaise des façons.

En effet, tout au long de ces neuf titres, le groupe diffuse un jazz moderne plutôt lent où le clavier de Moore me rappelle tour à tour les dissonances veloutées d’Ethan Iverson (The Bad Plus) et les claviers éclectiques de Bojan Z. L’instrumentation est assez originale, les différents invités n’étant pas présents sur tous les titres, toutes ces collaborations forment un patchwork musical captivant et une sorte de jungle musicale où quelques guitares électriques ou cuivres viennent ponctuer les phrases du piano, la section rythmique accompagnant tout cela avec légèreté et classe. Moore ne se met d’ailleurs pas en tête de gondole, il est surtout présent sur les introductions laissant ensuite le groupe faire son travail et distiller son jazz tout en nuances.

Dans tous les cas, les musiciens présents sur ce disque savent qu’ils ne révolutionneront pas le jazz et se contentent de jouer très honnêtement la musique qui leur plait, et franchement le résultat est tout à fait surprenant, des morceaux comme « Dark Circles » ou « Tough Luck » étant quand même sacrément bon, tout en progressions et en ponctuations rythmiques, avec un Moore qui naviguent au-dessus de toutes ses influences avec facilité et passion.

Il y a des disques qui à la première écoute laissent le goût du travail honnête mais pas totalement indispensable et qui, quand on a le courage de s’y plonger reflètent des contours enchanteurs pas même espérés. Ce Stebmo est à coup sur un de ces disques là et malgré la certaine confidentialité de sa sortie osez vous perdre dans les méandres de ce torrent de fraîcheur mélancolique tout à fait à propos pour cet été.

  1. waiting game
  2. blind ross
  3. rathdrum
  4. holding pattern
  5. happy ending
  6. majika
  7. dark circles
  8. work
  9. tough luck
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