Misery Signals – Controller

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Style: emo/metalcoreAnnee de sortie: 2008Label: Ferret

La mode du metalcore étant sur la pente descendante, elle glisse doucement vers la sortie tandis que les ados à mèches se tournent vers le deathcore et continuent de faire la toupie dans la fosse. Les groupes encore engagés dans ce « genre » montrent donc aujourd’hui une vraie détermination à jouer un genre dont beaucoup se sont lassés. Sincérité ou crédulité ? Pourquoi ne pas donc se tourner vers autre chose et suivre la mode ? Pourquoi ne pas faire dans la simplicité ? Ou alors, pourquoi ne pas solidifier sa carrière avec un nouvel album tout aussi efficace encore une fois produit par Devin Townsend et ne montrer aucun signe de faiblesse ? Controller signe ce choix avec brio pour obtenir en résultat un disque qui est sans doute le meilleur de leur courte discographie.

Depuis Of Malice and the Magnum Heart, ce groupe, dont seul le chanteur a changé après le premier disque, ne fait signe d’aucune faiblesse ou d’un manque d’inspiration. Associé à la scène metalcore depuis leur début, leur musique est toutefois beaucoup plus technique que celle de la plupart de leurs pairs. Mélodies inspirées puisant dans un répertoire entre emo et metal pour un résultat à la fois touchant et épique, rythme solide et complexe maintenu à coup de double grosses caisses et hurlement gutturaux intelligibles. Mirrors présentait déjà ces symptômes mais ceux-ci sont encore plus affinés sur Controller. Plus énergique grâce à des chansons au tempo plus rapide comme « Parallels » ou « Weight of the world », le groupe passe d’un tempo metal à une rythmique empruntée au hardcore pour offrir un peu de variation. Cependant, si le « core » se justifie au vu de certains éléments de leur son, il est presque insignifiant face à l’importance des influences metal présentes (notamment celle de Meshuggah sur certaines mosh part).

Les mélodies sont aussi beaucoup plus mises en avant et mémorables. Le riff d’introduction de « Coma » ou le refrain de « Set in motion » ne sont que deux des multiples exemples que comptent ce disque. L’énergie n’est cependant pas sacrifiée puisque le rythme est pesant et puissant grâce a une production qui appuie efficacement la présence de la batterie pour des parties rythmiques offrant plus d’impact. L’alternance avec les mélodies douces et influencées par le post rock (la conclusion de « Coma ») renforce le dynamisme et offre une richesse bienvenue pour un disque associé à un genre exploité jusqu’à la moelle par des groupes plus inspirés pour s’habiller que pour composer. Une autre influence notable est celle de Devin Townsend puisque l’ont sent sa patte sur le riff d’introduction de « Labyrinthian » ou l’effet d’écho sur l’intro de « Ebb and flow » ainsi que par la présence plus affirmée des mélodies. Le retour du producteur est donc bienvenu et permet au groupe de trouver la maturité qui manquait encore à Mirrors tout en donnant plus de place aux fantastiques riffs mélodiques et mélancoliques de Of malice and the magnum heart.

Sur onze titres, aucun ne se distingue par sa médiocrité. Sans éviter totalement les « clichés » du genre (voix mélodique un peu emo par moments et mosh parts), Misery Signals ne commet aucune faute de gout et ne se répète pas sans pour autant trahir son « style » d’origine. Depuis Of malice and the magnum heart, le quintet canadien continue de se distinguer par sa qualité d’écriture. En maniant habillement leurs instruments pour un résultat de plus en plus metal et toujours très énergique et original leurs disques ne réinventent pas un genre mais leur permet de confirmer leur identité. La qualité des albums de Misery Signals continue de ne pas faillir avec ce troisième album et prouve que ce groupe est heureusement fait pour durer. Arrivés avec le metalcore, ils vont finir par dépasser cette mode et être classés dans un genre beaucoup plus simple et approprié : le metal moderne mélodique. Une étiquette qui leur sied beaucoup plus et finira peut être d’affirmer leur présence comme un groupe vraiment intéressant et original pour tous ceux que l’étiquette metalcore rebute.

  1. nothing
  2. weight of the world
  3. labyrinthian
  4. parallels
  5. coma
  6. a certain death
  7. set in motion
  8. ebb and flow
  9. reset
  10. homecoming

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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2 Commentaires

  1. 2nd° Decapitation says:

    Chronique tres juste!
    Ce groupe est vraiment tres bon dans un style metalcore mélodique et est je trouve assez personnel au final(de part ces somptueuses melodies et un aspect chaotique très bien intégré!).

  2. gemini_com says:

    Attrapé sur ebay pour 7,50 e port compris…très bon métalcore technique sans trop de chants clairs loin des standarts trashcore actuels….prod en béton armé (comme tjrs chez D Townsend)

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