Après un magistral EP délivré il y a de cela quelques mois maintenant revoilà les chiliens de Procession revenus tâter le terrain avec leur véritable premier album.
Un album attendu au tournant, c’est peu de le dire, c’est aussi le syndrome du premier album surtout quand vous avez suivi le groupe sur ses démos ou ses EP, et que ses balbutiements vous laissaient entrevoir un potentiel saisissant.
Autant dire que le premier EP de Procession est de mon point de vue un coup de maître à ce niveau.
Qu’en est il alors de ce Procession nouvelle cuvée ?
Avec Destroyers Of The Faith Procession peut en tout cas se targuer d’un très bon cru, un millésime qui vieillira avec talent et qui continuera de libérer ses arômes dans le temps bien longtemps après sa mort.
La robe est profonde, gorgée d’une opacité veloutée et rayonnante, son pourpre vintage garde la force du Candlemass que l’on aime, l’émotionné, le torturé celui qui projette ses desseins noirs sur son ciel de lit, une noblesse de sentiment qui se moque de l’aristocratie de la pudeur, l’affiliation par le sang est le témoignage de l’élégance quand les chiliens rendent hommage aux sillages des anciens qu’ils entretiennent.
Les reflets vieil or en surface éclairent le breuvage sud américain d’une délicatesse jusque là inconnue, ils ne nous avaient pas habitués à la dorure facile, plus mélodique, plus travaillée ; Procession poursuit une logique beaucoup plus lyrique que celle qu’on lui avait connu, plus de poumon dans la voix, plus de clarté aussi, une fraîcheur qui enrichit l’album sur le plan de son atmosphère exaltée mais qui lui retire du cuir qui pouvait le rendre fier avant d’éclairer le chemin pour partir au combat.
De douces combinaisons pour des atmosphères poignantes, que ce soit les guitares de « Chants of The Nameless » et son solo d’ange déchu ou les incartades vocales de Felipe Plaza Kutzbach tout est fait pour poser le pathos, et le pousser aux cimes.
Et le disque ne manque pas d’oxygène, structuré pour laisser respirer chaque riff, le parfum de fruits noirs du Doom de Procession se diffuse sous l’effet d’un son bien dopé et frontal, le mur de guitare bétonne à proximité d’oreilles, sans qu’à aucun moment on verse dans la surenchère, tout reste naturel, bien fumé, sauf peut être sur « White Coffin » qui laisse bruire dans un éclat de pluie un sample introductif, surenchère dans le destin lacrymal du disque ?
Peut être…
Le talent d’écriture que l’on avait décelé chez Procession n’est plus à remettre en doute, avec Destroyers Of The Faith les chiliens reviennent un poil moins énervés mais peut être plus solides dans leur appréciation du son qu’ils veulent donner au groupe et à leurs disques.
Plus d’ambiance moins de fer. Plus lyrique moins guerrier. Un parti pris qui divisera peut être mais une frappe qui a toujours du poids.