Kourgane – Corps de chasse

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Style: noiseAnnee de sortie: 2011Label: A tant rêver du roiProducteur: Stephan Krieger

Leur précédent effort avait été, et constitue toujours, une claque mémorable pour quelques noise-addicts mais-pas-que. Le genre d’album qui vous retourne, vous fait y revenir encore et encore, sans précisément que l’on sache pourquoi.
Une drogue qui agit d’abord lentement, l’addiction étant un processus progressif, mais une fois la proie (moi et d’autres) apprivoisée, plus de retour en arrière possible.

Pourquoi faire d’ailleurs ? Puisqu’à mon petit monde de la musique illustrée (non homologué, cherchez pas) s’est ajouté ce brillant tourne-cerveau hors-norme. Et ne s’en porte que mieux depuis. Voilà le genre d’effet – rare il faut bien l’avouer – qu’a produit chez moi ce Heavy.

Corps de chasse avait donc la mission périlleuse de succéder à cet album-monument (tiens, encore un superlatif). On a tous ce réflexe (bien naturel, rassurez-vous – ou pas) de devoir comparer systématiquement le nouvel album d’un groupe avec ce qu’ils ont pu produire par le passé.
Pourtant je n’ai jamais ressenti le besoin de le faire avec ce qui nous concerne ici. Peut-être parce que je pensais impossible la mission qui est celle d’égaler ou – plus improbable encore – de surpasser ce que l’on aperçoit dans le rétroviseur. Je l’ai dès la première écoute envisagé comme une sorte de continuité, un prolongement de ce qui avait été défriché aupréalable.

Loin de faire de la simple redite, les toulousains enfoncent le clou. Ils en enfoncent même 6. Toujours cette rythmique rigide, nerveuse, fonçant tout droit sur la victime consentante que je suis.
Toujours ces guitares fulgurantes, tournoyantes, sûres d’elles, répétant à l’envie ces patterns avec intensité, toujours dans cette quête bornée de l’hypnose.

On retrouve donc le Kourgane d’antan (pas si lointain), celui qui écrase, broie, insiste sur tel plan, n’insiste pas sur d’autres : tout est sous contrôle. Cette machine ne semble pas avoir de défaut mécanique, mais paradoxalement le rendu n’en est pas pour autant froid. Que du contraire, on souffle le chaud pour mieux faire monter la braise. Il ne restera qu’un tas de cendres, et l’auditeur ne peut que subir ce chaudron de l’enfer.

Le morceau de bravoure principal, qui est aussi le morceau fleuve de l’album, se nomme « rambarde ». Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence…
Mais pas ici, Natacha jouant la remplaçante de Karine de « chemin blanc ». 9 minutes d’une tension merveilleusement mise en place, le genre de morceau dans lequel on se sent bien une fois plongé dedans, dont la montée ne semble pas avoir de fin, dont je ne voudrais pas qu’il y en ait une. Enfin presque, car il reste encore 3 titres et non des moindres. « Elan 1 » et ses paroles agissant telles un coup de boutoir, (« vu que dans ce troupeau tu beugles comme un veau, vu que tu as toujours ce putain de défaut… »), le chant baryton déployé n’ayant jamais été aussi assuré, les vocalises passant par toutes sortes de registres à en donner le tournis.

La dernière plage s’intitule « Y rester » alors on reste. Rythmique têtue, paroles énigmatiques qui resteront gravées à jamais dans le ciboulot (« du genre très compliqué, du genre très silencieux »), chant incantatoire, guitares chauffées à blanc, l’intensité se fait graduelle, la machine est prise de convulsions, semble se fatiguer, mais se relève. Toujours. Se reprend. Toujours. Un final en apothéose, un vrai.
Kourgane a donc réussi la mission qui était la sienne, conserver et cultiver sa personnalité singulière, jouer avec les armes qui sont les leurs sans se répéter. L’adage « Progresser dans la continuité » a rarement été aussi adéquat.

 

Tracklist :

1. Akène
2. Camalès
3. Rambarde
4. Elan 1
5. Radio Free Asia
6. Y rester

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