Kourgane – Heavy

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Style: KourganeAnnee de sortie: 2009Label: atrdr recordsProducteur: Stephan Krieger

Drôle de bête que voilà. Kourgane ont apparemment, sinon une obsession, une certaine fascination à l’égard du petit monde des cervidés. Plus précisément, c’est le cerf qui semble avoir tapé dans l’oeil de ces palois. Cela ne semble pas si inapproprié au fond : à l’instar de cet animal robuste et éléguant, la musique ici déployée est aussi lourde d’impact que lorsque le brame, lourd de sens, en appelle à la sensibilité de la femelle et ses instinct les plus primaires. Celui-ci se fait retentir lors de la période d’accouplement, un de ces matins humides et brumeux dont le silence quasiment préparatoire de la forêt, acquise à la cause de l’animal, amplifie la puissance du cri de l’animal en rut. Un superbe spectacle, saisissant, émouvant même.

Parenthèse refermée, je stoppe ici mes égarements et me concentre plutôt sur ce qui nous occupe ici. Le bestiau tape assurément dans le « Heavy ». Dès l’entame du premier morceau, nous avons ici un aperçu de ce qui anime la démarche du groupe : Une rythmique qui avance droit devant, rêche et millimétrée, très sure d’elle. Mais il a quelque chose de presque boitant dans cette musique a priori assez rugueuse. Elle est comme traversée de tressaillements imprévisibles, épileptiques mais jamais chaotique. Car tout reste très maitrisé, en équilibre entre déhanchements presque funkisant et cette marche en avant imposé par un tempo précis en diable.

Un travail énorme a été produit afin que chaque détail amène son petit quelque chose, qui fait toute la différence vous l’aurez compris, dans cette mécanique impeccablement huilée. Cette mécanique n’est pas propre cela dit, les déraillements sont foison et font tout le caractère impétueux, imprévisible de cette musique profondément anticonformiste. La pression est permanente, joue avec les nerfs, avec les neurones aussi car il autant question de physique que cérébral. De fait, je pense que pour pouvoir accéder à l’expérience (car c’est de cela qu’il s’agit) que représente cette ôde à la torture auditive, il faut pouvoir s’imprégner de ces guitares impitoyables, écouter où elles nous emmènent, l’hypnose que cherche à produire ces répétitions incessantes, presque autistes. Les riffs tournent, encore, et encore, inlassablement. L’heure est au tabassage. Les respirations sont présentes mais aussi rares que nécessaires.

La transe est le mot d’ordre que se sont imposés ces musiciens qui doivent être, plus que beaucoup d’autres, sur une même longueur d’onde afin de pouvoir réaliser leur objectif. Cet objectif est atteint grâce à des intentions mais aussi de la clairvoyance. L’hypnose n’agirait pas aussi avec autant d’impact si cette tension perpétuelle n’était pas traversée de lumière. Voire de lyrisme, ce que le chant se charge de faire. Son rôle est aussi de guider les siens, montrer la voi(x)e à suivre, entre borborygmes, beuglements gutturaux, cris, chuchotements…Tout y passe. Même un hommage qui se veut dédié autant au grognement du cochon que de Mylène Farmer (?!…) sur le superbe dernier titre (« Chevreuil A »). Son panel est donc impressionnant, le bougre semble inarrêtable, infatigable. Les paroles, parlons-en.
Éructées, ces dernières sont pour le moins énigmatiques. Tantôt pleines d’ironie, tantôt métaphoriques, et parfois juste improbables (?). Musicalement elles se fondent en tout cas parfaitement dans cette cadence rythmique ultra-précise et néanmoins imprévisible. Pas incompatible tout ça. Ce qui l’est, c’est de tenter de catégoriser la chose.

Je conseille donc à tous les férus de classification (que nous sommes tous, à divers degrés) : Ne perdez pas votre temps de les situer ceux-là. Que ce soit par facilité, parce que tout doit être dans une petite case bien confortable, parce que vous ne pouvez vous en empêcher. Je sais, c’est pas facile, ça peut rendre fou (sic). Mais voilà, certaines formations sont juste hors-catégorie, hors-champs, hors-cadre. Toute juste je verrai une apparenté possible avec les grands [b]Dazzling Killmen[/b], avec lesquels ils partagent ce goût pour le broyage des nerfs. Mais alors que les Américains font dans l’exécution pure, les Français ont tout de même plus de variations et d’amplitude. Rouleau compresseur certes, mais avec subtilité.

Kourgane est une étrange bête je disais plus haut. Une vraie curiosité. La curiosité n’étant pas toujours un vilain défaut, j’invite cordialement à l’écoute de ce qui représente pour moi une superbe démonstration de férocité conjuguée à une élégance rare. Essentiel.

Tracklist :
1. Ovcara Sunflowers
2. Chemin Blanc
3. Mariotte
4. Coven Ambré
5. Lounge Lecture
6. Morning Pentimemento
7. Ce Qui Etait Prévisible
8. Conifères
9. Chevreuil A

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2 Commentaires

  1. kenzobz says:

    Enorme claque que cet album, un groupe encore assez méconnu mais qui ne tardera pas à faire parler de lui je parie !

    Pour tous ceux qui aiment les musiques abrasives, hypnotiques et aliénantes. Peu de groupes vous donnent vraiment l’impression d’effectuer une chute dans une spirale en écoutant leur son. Kourgane en fait partie.

    En concert ça bute tout en plus !

  2. Immemorial says:

    merci pour la découverte… c’est complexe mais totalement addictif… pour l’instant je n’ai que très peu d’écoute mais plus ca va et plus je découvre des détails de gratte que je n’avais pas capté avant…

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