Quand une personne de la trempe d’Ynleborgaz s’associe à un membre d’Abhor, la moindre des choses est de s’attarder quelques instants, de ne pas passer son chemin comme un malotrus.
Je suis bien conscient que ça n’est pas avec cette accroche que je vais déchaîner les passions, je vais donc préciser un peu le propos.
Concernant Abhor, rassurez-vous, il n’y a pas à rougir de votre ignorance : je ne connaissais pas non plus ce groupe de black italien.
Pour Ynleborgaz, c’est un peu plus compliqué puisqu’il faut évoquer, pour faire frétiller les slibards, les différents groupes auxquels il a prêté mains fortes (Make a change… kill yourself, Blodarv) ainsi que son propre projet : Angantyr.
Ça y est, ça se réveille un peu là ? J’en vois qui commencent à ralentir le pas, il faut donc que j’enchaîne avant de voir l’assistance se disperser.
Après des débuts en fanfare (3 démos entre 2001 et 2003 : My glorious journey ; …And you will burn of a black flame ; Excelsior), Profezia est mis de côté, pâtissant probablement du temps consacré par Kvasir à Abhor.
En 2008, débarque un premier album au nom bien pompeux Black misanthropic elite – Moon anthem. Ça sort chez Undercover – y’a pire – mais passe totalement inaperçu. Bien qu’Abhor soit toujours sur les rails, Kvasir se remet à la tâche en compagnie d’Ynleborgaz et signe chez Ewiges Eis. En 2012, c’est The truth of ages qui tente sa chance. Et cette fois, ça serait pas mal que l’écho soit un peu plus massif.
Comme de bien entendu avec ce genre d’énergumènes, on n’a pas beaucoup d’infos à se mettre sous la dent : pas de site, pas d’interview, pas de numéro de sécu, rien.
La bonne nouvelle, c’est qu’on s’en tamponne un peu. D’autant que le principal n’est pas très difficile à déterminer si on est un minimum observateur et qu’on a les oreilles bien nettoyées. Car le principal, c’est bien évidemment de savoir ce qu’il y a dans la boiboite.
Le premier indice est visuel : un chevelu warpainté sur fond noir, tenant un crâne dans la main ; un logo tout simple ; une police gothique. Ça ne vous rappelle rien ? 12 000 albums de black, vous allez me dire. Certes. Mais pas n’importe lequel, pas de n’importe où, pas n’importe comment.
La Scandinavie des 90’s est bien évidemment à l’honneur. Des titres assez longs (entre 6 et 9 min), un son de guitares raw, glacial, des vocaux écorchés, quelques mid tempos, le tout évoquant les forêts norvégiennes où pullulent maints esprits maléfiques et majestueux errant dans la désolation.
Il n’est pas évident, vous en conviendrez, de débarquer en 2012 en pensant apporter quelque chose de valable aux fans des grands Anciens.
Profezia prennent donc le risque de finir dans les oubliettes surpeuplées des descendants de Burzum, Taake et autres (old) Emperor. Qu’à cela ne tienne, Kvasir et Ynleborgaz réussissent le tour de force de nous proposer un album réellement solide, voire jouissif. On peut leur reprocher ce qu’on veut mais on aura du mal à nier leur talent pour mettre en place des ambiances mélancoliques (« Moment of control »), épiques (« Visions… » aux relents Ukrainiens), rageuses et torturées (« The celebration of decadence ») sans tomber dans le dépressif, le maigrelet (car trop dépouillé) ou le black/folk guerrier à deux balles.
Même si je dois exprimer un léger regret (« Truth of ages » s’arrête de manière trop abrupte, on aurait aimé que ces arpèges Nehemahiens se prolongent), je dois admette que ça fait un bon petit moment qu’un album de ce genre ne m’avait pas autant séduit.
http://www.youtube.com/watch?v=X0pvQ0CeAq8
Tracklist :
1. Visions…
2. A Moment of Control
3. The Secret to Eternity
4. The Celebration of Decadence
5. The Truth of Ages