Les groupes pratiquant une forme de crossover (quels que soient les genres réunis) prennent toujours le risque de décevoir et les tenants du premier genre et les tenants du second. Le cas de l’électro/indus/metal n’échappe pas à la règle. Difficile, en effet, pour certains, de ne pas déplorer que les riffs de grattes soient «gâchés » par des éléments non metal ; tandis que, pour d’autres, il est regrettable que le groove de l’EBM soit alourdi par des gros sons saturés.
Les Américains de Mindless Faith pourraient bien rassembler tous les suffrages sur leur candidature.
Avertissons immédiatement les lecteurs foufous vivant dans une chambre d’étudiants : restez loin de Just defy ! Vous n’aurez jamais assez de place pour laisser parler votre corps pénétré par son énergie, c’est encore un coup à vous retrouver la tête dans le tiroir du bureau et les pieds dans le lavabo.
Comme je ne connaissais pas ce groupe et que je trouve cet album excellentissime, j’ai accueilli avec grand enthousiasme le fait qu’il existe 4 prédécesseurs (Medication for the misinformed ; Momentum ; Manifest detiny ; The silence), le plus ancien remontant à 1996 ! On n’est donc pas en présence de perdreaux inoffensifs. La première chose qui vient à l’esprit quand on écoute l’intégralité de la discographie avant de se remettre pour la énième fois Just defy entre les esgourdes, c’est que la présence d’un poing levé sur la pochette est tout sauf inopportune. Les types doivent en avoir plus qu’assez de ne pas être reconnus à leur juste valeur, du coup, ils retroussent les manches, sortent les hauts-parleurs et essayent d’ameuter les foules sous leur étendard. Et puis, comme ils doivent commencer à en avoir leur claque de la confidentialité dans laquelle se trouve leur musique, ils se sont dit qu’un boost d’énergie permettrait à cette dernière d’atteindre le haut du panier. Il n’est que d’écouter la différence entre la version initiale du titre « Vultures » (Manifest destiny, 2000) et la version 2012 pour comprendre que le ton est encore moins à la rigolade.
Just defy démarre tout simplement sur une bombe (« The thirst ») et enchaine immédiatement sur… une autre bombe (« Love is a dirty word »). Deux bastos en pleine tête devraient suffire ? Pensez-vous, une autre machine à foutre le feu (« Next to last ») vient mettre le dernier clou sur le cercueil au cas où on aurait eu envie de prendre la fuite. Il devient alors rapidement évident que Mindless Faith ne souhaitent pas simplement sortir un album de plus parmi la horde mais qu’ils ambitionnent de frapper un grand coup.
Il faut attendre le noir « No saints allowed » pour que ça se calme un peu avant que le lourd et vicieux « Mutually assured destruction » remette les gaz histoire de nous préparer à l’agressif « You don’t know… » Retour à la quiétude mélancolique avec un « Undone » qui n’aurait pas dépareillé sur le dernier (très bon) Faderhead.
Là où Mindless Faith font la différence c’est, comme je l’évoquais dès mon introduction, dans cette capacité à parfaitement amalgamer les différents sons. On ne navigue pas alternativement dans une eau puis dans une autre, on est dans un bain homogène fait d’EBM bien musclée (Combichrist, Noisuf X, etc) et d’indus rock/metal. L’équilibre est parfait, le dosage irréprochable. Et pour ceux qui craindraient de se lancer dans une aventure en apparence trop éloignée de la démarche de KMFDM ou du Millenium de Front Line Assembly, jetez une petite oreille sur le Ministryien « Corporatism » ou « Over the fence » aux accents Die Kruppsien et on se rappelle.
La formule a fait ses preuves : puissance, variété, mélodies imparables ; ça a l’air ici tellement facile qu’il n’y a a priori pas de raisons pour que le programme n’emporte pas la foule. Sauf que de trop nombreux exemples tendent à démontrer que le peuple ne sait pas toujours rassembler ses forces pour une cause juste. Quel gâchis ce serait pour ce modèle du genre qui mériterait de devenir une référence.
Encouragé par l’aspect pléonasmique du patronyme, je me permets de conclure en disant que Just defy est un incontournable qu’il serait stupide de contourner.
http://www.mindlessfaith.com/index.php?page=news
- The Thirst
- Love is a Dirty Word
- Next to Last
- Over the Fence
- Corporati$m
- No Saints Allowed
- Mutually Assured Destruction
- Indiscriminate Force
- You Don’t Know…
- Undone
- Vultures (Let Us Prey Mix)
Première écoute de l’album et j’avoue que, même si je ne suis pas une fana du genre, c’est bien foutu dans l’ensemble. Le premier titre est vraiment addictif et se démarque d’entrée.