Fange – Privation

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Style: harsh sludge/indusAnnee de sortie: 2023Label: Throatruiner RecordsProducteur: Cyrille Gachet

Fange est de ces groupes qui ont su, album après album, faire évoluer leur son sans pour autant le dénaturer. Parti d’un sludge/doom flirtant avec le stoner sur Poisse (2014), le groupe breton a inséré depuis quelques bonnes rasades d’indus à sa tambouille (affirmées depuis Punir – 2019), magnifiant le climat de malaise qu’il affectionne tant. Le trio devenu aujourd’hui quartet débarque donc avec ce Privation, apogée d’un concept (sonore comme visuel, le double-clip visible ci-dessous est une véritable claque) lui faisant prendre une toute nouvelle dimension.

Fange fascine depuis ses débuts dans sa conception unique de la violence sonore, celle-ci se pare sur ce nouvel album d’une approche mélodique qu’on n’attendait pas aussi étendue chez eux. Cela s’entend d’abord grâce à la présence d’invités de marque: Cindy Sanchez (Lisieux, participation en réponse à celle de Matthias sur Abide! il y a quelques mois) qui apporte à « Né Pour Trahir » un côté angélique envoûtant façon « La Belle et la Bête » (le malaise demeurant sur le reste du morceau) tandis que Cédric Toufouti (Hangman’s Chair) viendra lui rendre particulièrement épique le refrain de « Portes d’Ivoire », titre où ce dernier nous gratifie d’envolées vocales « catchy » (oui ça fait bizarre chez Fange), inattendu et assez couillu de la part des bretons. Une telle présence justifie presque l’influence Hangman’s Chair qui transparait à bien d’autres moments de ce Privation, la froideur du post-punk s’invitant au milieu des déflagrations haineuses et distordues, ces murs métalliques déformés par ces bruits parasites irritants.

Car derrière ces quelques incartades mélodiques, Fange demeure ce groupe créateur de sueurs froides où l’indus rouillé et le sludge parpaing se font la nique. Toujours aussi monstrueux derrière son micro, Matthias Jungbluth (aussi boss de Throatruiner Records, faut-il le rappeler) livre une nouvelle prestation de haut vol: éructant, grognant, mais aussi chantant (« Enfers Inoculés ») et parlant (toujours en français) quelquefois comme s’il possédait plusieurs identités se succédant. Une certaine « ouverture » vocale qui va de pair avec les nouvelles nuances coldwave offertes par ses comparses, nous entraînant dans un mélange de désolation et de destruction massive, avec un sens du verbe bien à eux. Privation est un album qui fera date dans la discographie de Fange, le groupe explorant toujours plus loin et continuant à se forger cette identité à part, grise, laide, éprouvante, obsédante, indispensable. L’album de 2023, ni plus ni moins.

  1. A La Racine
  2. Sang-Vinaigre
  3. Les Crocs Limés
  4. Né Pour Trahir
  5. Enfers Inoculés
  6. Portes d’Ivoire
  7. Extrême-Onction

beunz
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Commentaire

  1. krakoukass krakoukass says:

    Un album absolument monstrueux dans tous les sens du terme! Je n’avais pas adhéré jusqu’ici aux délires bruitistes de la troupe de Matthias, mais l’arrivée de cette influence cold à la Hangman’s Chair m’a fait complètement basculé. J’adore la variété du chant, Fange démontre s’il le fallait, qu’on peut être efficace et méchant en chantant en français. D’ores et déjà en lice pour le titre d’AOTY 2023 en effet!

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