Entre 2 lettres d’insultes, il m’arrive parfois de recevoir des courriers de lecteurs ayant sombré dans un désarroi qui me laisse toujours pantois : « cher Darkantisthene, on aimerait tellement écouter de temps en temps de l’electro mais tu sais comment sont les metalleux, ça fait fiotte à mort et on risque de retrouver notre caniche dépecé baignant dans les étrons de la voisine si jamais on se lançait dans ce style de musique ; quel groupe pourrais-tu nous conseiller afin d’étancher notre soif de musique synthétique sans risquer de finir au fond d’une fosse à purin ? PS : aurais-tu également des secrets pour toujours avoir le cheveu soyeux ? »
Suis-je autorisé, alors que je prétends faire pleinement partie de l’humanité, à mépriser pareils cris de détresse ?
Ah doux rêveurs que vous êtes. Et comme vous avez raison de rêver car je vais exaucer votre vœu. Pas celui concernant ma chevelure (c’est beaucoup de travail, je ne peux pas en dire plus) mais celui concernant votre besoin d’ « éclectisation » musicale.
Je suppose qu’il est inutile d’évoquer les vieux classiques que sont Die Krupps ou Frontline Assembly, vous avez sans doute déjà testé. Que diriez-vous alors de sortir un peu des sentiers battus et de faire la connaissance de Combichrist ? Évidemment, j’imagine que vous n’êtes pas aussi à la masse que ça (quoique quand je lis votre PS…) et que vous avez entendu parler de ces Norvégiens (sur une ancienne tournée de Rammstein par exemple). Mais avez-vous déjà écouté ? Et si vous avez déjà écouté, avez-vous écouté ce nouvel album ? Parce que, autant le dire aux éventuels fans de la première heure, la bande d’Andy LaPlegua n’a pas décidé d’évoluer vers la future pop ; on peut même dire qu’elle a mis pas mal d’atouts de son côté pour attirer les chevelus adeptes des ceintures cloutées qui n’auraient pas pu se reconnaitre dans l’EBM originelle aussi surpuissante et agressive fut-elle.
Si Combichrist ne sont pas non plus devenus des death thrasheurs assoiffés de sang de porc rance, il faut peut-être craindre que ce We love you déconcertera les « purs » fans d’electro. « Satans propaganda » ou « Love is a razorblade » font par exemple plus penser à du Ministry qu’à du Nitzer Ebb ; « Denial » a quant à lui quelques côtés Marilyn Manson/Nine Inch Nails et « The evil in me » sent fort la ballade de Johnny Cash à la sauce Rammsteinienne.
Les moins obtus (ou les plus persévérants) ne manqueront pas d’être « récompensés » puisque les éléments electro ne sont bien évidemment pas totalement évincés. Car le groupe ne se contente pas de proposer quelques titres accrocheurs en mélangeant avec talent des éléments qui n’ont pas attendu le mariage pour tous pour s’accoupler. Pendant près de 50 minutes, on se prend une masse de rage noire lancée à pleine vitesse du haut d’une montagne de haine, une masse homogène et destructrice.
Il est tout de même paradoxal qu’un album répondant au doux nom de We love you soit au final plus agressif que l’album qui a permis au groupe de se tailler une belle part de gâteau (Everybody hates you). C’était sans compter sur le sens de l’humour (noir et désespéré) du groupe : il faut savoir par exemple que, juste après avoir affirmé, dès les premières secondes, qu’il ne fallait pas qu’on oublie qu’il nous aime, le maître d’oeuvre LaPlegua suggère vivement que l’humanité est devenue une menace pour elle-même et qu’il est préférable que nous mourions tous. Toutes les manifestations de sympathies sont les bienvenues, ne boudons pas notre plaisir.
D’autant que du plaisir, Combichrist nous en donnent en veux-tu en voilà. C’est bien simple, il n’y pas une once de début de tentative de microseconde inintéressante. Tout est bon. Ou plutôt, tout est excellent. Heu non, en fait, tout bute. On a tellement affaire à une machines à délivrer les bombes que j’ai mis 2 plombes (et j’ai déjà envie de changer) pour décider quel titre proposer en écoute à la fin de cette chronique. Le son est proprement énorme, on est donc contraint de malmener le bouton du volume pour faire cracher les enceintes et de pousser tous les meubles pour ne rien casser chez soi tellement l’envie de sauter dans tous les sens avec une batte de baseball cloutée nous étreint.
Combichrist n’inventent rien, ne réinventent rien, ne se réinventent pas (complètement) non plus. Combichrist sortent juste un putain d’album electro rock metal qui pourrait rendre jaloux quelques groupes chers à notre coeur qui cherchent parfois vainement à faire parler la poudre.
Après un stage intensif d’écoutes de We love you, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser que, comme l’avait presque pressenti ce brave Jean-Paul, les fiottes c’est les autres. Alors arrêtez de m’écrire par pitié, prenez-vous en main et allez acheter une batte de baseball et des clous !
http://www.youtube.com/watch?v=wGfJQR4_MAg
Tracklist :
01- We were made to love you
02-Everyday is war
03-Can’t control
04-Satans propaganda
05-Maggots at the party
06-Denial
07-The evil in me
08-Fuck unicorns
09-Love is a razorblade
10-From my cold dead hands
11-We rule the wolrd motherfuckers
12-Retreat hell part 1
13-Retreat hell part 2
Après une petite écoute cet été je me le remets entre les esgourdes de temps en temps avec (grand) plaisir . Je ne suis pas un gros spécialiste du genre, mais des petites douceurs comme cela j’en veux bien