Triptykon – Melana Chasmata

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Style: Doom Avant GardeAnnee de sortie: 2014Label: Century MediaProducteur: Tom Gabriel Warrior, V. Santura

Celtic Frost avait signé le comeback le plus percutant de la scène Metal en sortant Monotheist en 2006. Autrefois moqué et pourtant extrêmement influent au sein de l’underground, Tom G. Warrior réussissait à gagner le respect définitif des critiques et du public. Mais tout allait sûrement trop bien pour ce personnage torturé de réputation. Il fit donc voler le groupe en éclats à peine les premiers lauriers récoltés.

Cependant, il aurait été dommage d’en rester là. Car ce visage artistique rajeuni mêlant les prémices du Metal extrême, le Doom le plus lourd et des influences à chercher du côté de la scène gothique répondait parfaitement à l’attente d’une musique sombre crédible. Une recherche de crédibilité qui se transforme souvent en carnaval quand on parle de Metal. Une tripotée de formations accumulent les archétypes mais ne prennent pas aux tripes. Tom fonde donc Triptykon qui allait reprendre le flambeau en 2010 avec son premier album, Eparistera Daimones, en maintenant le niveau qualitatif de Monotheist. L’effet de surprise en moins. Puis un EP, Shatter, sorti à la fin de cette même année, puis plus rien.

C’est peu dire que ce Melana Chasmata était attendu après presque quatre années de silence.  Et comme prévu, le groupe donne toujours dans la musique la plus lourde et la plus noire possible, dans la droite lignée de son précédent effort (certaines compositions datent de plusieurs années). Dès les premières mesures de « Tree of Suffocated Souls », on nage en plein Celtic Frost old school avec ses riffs saccadés, son gros son de basse, ses accélérations de double pédale et ce fameux UH ! caractéristique balancé au bout de trente secondes. Cette introduction est pourtant trompeuse car hormis le furieux « Breathing », le rythme est bien moins élevé et c’est clairement de Doom dont il est question sur le reste de l’album. La production est toujours terriblement massive mais le mixage fait ressortir parfaitement toutes les subtilités de chaque instrument.  La richesse et les variations des ambiances s’en trouvent magnifiées.  Par le biais de la voix de la chanteuse Simone Wollenweider, envoutante sur le mélancolique et planant « Boleskine House », ou grâce à de simples arpèges parfaitement distillés, la musique de Triptykon offre une profondeur peu commune. On sent le savoir-faire de Tom G. Warrior, toute son expérience. La richesse de sa voix également. Tour à tour râpeuse, menaçante, plaintive ou incantatoire, elle permet de dépeindre avec force les tourments de son auteur.

Car cet album vous fera voyager en de bien tristes territoires. L’intégrité du personnage se traduit musicalement  par des sentiments oscillant entre la dépression et la colère. Des titres comme « Aurorae » ou « Demon Pact » balancent clairement entre les deux états. Rythmes pesants, percussions quasi rituelles, ambiance de fin du monde. Tout comme la petite merveille de l’album, « In the Sleep of Death », démoralisante au possible mais qui offre une somptueuse mélodie, presque une lumière au milieu des ténèbres. Au cas où vous n’auriez toujours pas le cafard, le groupe enfonce le clou avec un « Black Snow » monolithique et terrassant de plus de douze minutes. Et ce n’est pas du côté d’un « Waiting » au calme morbide qu’il faudra venir chercher la rédemption.

Melana Chasmata ne souffre donc d’aucun compromis. La sensation que Tom G. Warrior est allé chercher l’inspiration dans ses entrailles et nulle part ailleurs est bien réelle. Triptykon nous offre un album particulièrement abouti qui contribue à un univers qui ne cesse de gagner en cohérence.

Tracklist :
1. Tree of Suffocating Souls
2. Boleskine House
3. Altar of Deceit
4. Breathing
5. Aurorae
6. Demon Pact
7. In the Sleep of Death
8. Black Snow
9. Waiting

 

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3 Commentaires

  1. krakoukass krakoukass says:

    Parfaitement d’accord avec toi. Un indispensable de l’année, passionnant de bout en bout et pourtant il est long.

  2. Nocturnalpriest says:

    Je suis rarement objectif quand il s’agit de l’ami Tom, mais je pense que cet album n’est pas loin du chef d’oeuvre. Ce sera pas facile de lui succéder par ailleurs, tant le riffing typique du sieur est ici magnifié par une prod et des arrangements sublimes. « Breathing » fout un bon pied au cul à mi-parcours et son placement sur l’album est fort judicieux. J’ai quand envie de préciser que les vocaux black sont, comme sur le premier album, assurés par le guitariste et co-producteur V. Santura. Warrior m’a tout de même surpris par certains vocaux plus hargneux que d’habitude, notamment sur « demon pact » où il se brise littéralement les cordes vocales sur fond d’ambiance cauchemardesque. Il nous ressort aussi un registre de chant proche des pleurs, réminiscent du premier et sublime album de Christian Death (qu’on ne cite étrangement jamais dans les influences majeures de Tom), vocaux qu’il avait déjà utilisés sur le très étrange album de CF, « into the pandemonium », contenant le pire comme le meilleur. (Jetez une oreille sur ce titre: https://www.youtube.com/watch?v=plTQnzTA6Ho) Bref, ce dernier Triptykon ets un tout grand moment de musique sombre et possédée.

  3. Angrom angrom says:

    De la très bonne ce disque… Ca me rappelle qu’il faudrait que je revienne au 1er triptykon ainsi qu’au dernier Celtic Frost

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