Originaire de Philadelphie, Soul Glo est l’un des groupes de hardcore punk les plus excitants du moment. Ayant eu la chance de les voir en live il y a quelques mois en compagnie de Lord Snow, le groupe aura pourtant eu l’an dernier une anecdote de tournée dont il se serait bien passé. Sur une route du Missouri, leur van s’est fait intercepter par la police (cf. la photo authentique leur servant de cover), le groupe mis au trou tandis que la caution fixée s’élèvera à trois fois le montant habituel pour ce genre de charges (mais payée grâce au crowdfunding). Une arrestation sur fond de racisme, thématique souvent attaquée dans leurs lyrics.

Après une telle mésaventure, Soul Glo peut déverser sa rage comme une thérapie. Le hardcore punk du groupe est virulent, proche de la powerviolence (avec un impressionnant chanteur au débit supersonique !) mais se nourrit d’autres influences, de hip hop, voire de noise. Le mélange de genres détonne: ainsi « 31 » démarre façon hardcore vénère avant de partir dans un hip hop (façon SoundCloud) du meilleur effet, ou sur « 32 » c’est le côté hardcore qui revient à la charge après une entame hip hop au phrasé ultra rapide pas très loin d’un Danny Brown (excellent titre). Pour l’aspect noise, c’est marqué dessus: « noise tracc » nous plonge dans une atmosphère étouffante et distordue.

Mais c’est quand même le hardcore qui prédomine, joué à toute berzingue (un peu plus d’un quart d’heure) avec imprévisibilité (surtout avec des pistes numérotées dans le désordre) ainsi que des lyrics traitant sans surprise de la brutalité policière, du racisme mais surtout du sentiment de liberté exprimé avec emphase, chaos, colère et folie. Une grosse claque bien étourdissante pour l’un des meilleurs albums du genre sorti cette année.