Melk, petit groupe français inconnu à mon bataillon. Le groupe est sur le label « un dimanche », celui-là même qui a héberge les admirables français Elevate Newton’s Theory dont la chronique de leur premier album est dans nos pages.
Ce qui frappe chez Melk c’est l’ambiance feutrée, posée en grande partie par la voix de la chanteuse. Le son très bassu de l’ensemble y est aussi pour beaucoup. Les machines qui apparaissent quasi systématiquement sont usées de manière variée et bien trouvée.
L’électronique de Melk pose ce petit grain qui manque à tant de groupes pop. Elle grossit le son, le complexifie ou l’allège jusqu’à parfois le rendre atmosphérique. D’additionnelles, les machines deviennent essentielles. On navigue dans des univers doux, tendrement ensoleillés, un peu acidulés; des univers auxquels, de temps à autre, on peut comprendre quelque chose puisque le groupe s’exprime parfois en français. La chanteuse sait moduler la langue de Molière de façon souple et sucrée la rendant aussi musicale que celle de Shakespeare.
L’un des moment fort de l’album m’ayant vraiment scotché est l’arrivée sur la piste 6, la seconde partie de l’astéroïde. Instant magique. Les sons électroniques fusent dans une agréable nébuleuse quasi post-rock et bouillonante. L’ambiance est aérée, tournée vers le haut, le bas ou on ne sait où. Quoiqu’il en soit on y est bien. Ces quelques 4’50 font plaisir et sont recommandées à tout le monde.
Ensuite on retombe dans une marmite assez « dancefloor » avec le bien nommé « Loy Went to a Party ». L’ambiance est plus caustique sur « Monologues » avec son texte qui a oublié d’être lissé. Cela me fait d’ailleurs penser au « Fitter Happier » de Radiohead, tant sur le fond que sur la forme. Le quintet d’Oxford est d’ailleurs une des références qui affleure bien souvent l’esprit aux vues des habillages électroniques comme on peut en trouver sur « Aux Armes » ou « Mobile ». Autre référence, Grandaddy, pour l’utilisation plus « pop » des machines ou encore Portishead dans les phases les plus feutrées du groupe.
Kasabian n’a pas eût en 2004 le monopole de l’électro à guitares, loin de là. Si Melk avait été anglais ils auraient surement déjà fait grand bruit, et c’est au sensible Super 8 que l’on aurait comparé le « puissant » (relatif au brit rock) premier album des britanniques. Juste un mot sur la production, admirable de justesse et qui n’a rien à envier aux productions étrangères. Un sans faute de ce point de vue mais comment Melk va-t-il gérer le passage en live?
Feutré, électrique, acoustique, électronique, doux, atmosphérique, Melk c’est tout ça à la fois. Cela pourrait être varié mais mal fait, sauf que le groupe maîtrise son sujet de A à Z. Il ratisse large, ce n’est pas réellement un problème, mais je pense qu’il devrait condenser son propos afin de le rendre plus homogène car ainsi il prendrait en densité. Ce n’est là qu’une petite remarque que je ferais à ce groupe auquel je crois. Mais j’ai, pour ma part, préféré la seconde moitié de l’album.
Melk est un groupe à suivre de près. En tout cas il est maintenant dans ma besace de groupe electro-pop talentueux prêt à être placer dans une conversation.
- queen for a day
- othello
- la veille
- love is a soap
- l’astéroïde (part i)
- l’astéroïde (part ii)
- loy went to a party
- monologues
- aux armes
- mobile
- in a train
- dolorès
« comment Melk va-t-il gérer le passage en live? »
plutot bien !
je les ai vus en concert à Paris et le groupe a vraiment de l’énergie sur les planches !
belle chronique !
ah merde, j’aurais bien voulu voir ça!gggrrr