Bohren Und Der Club Of Gore – Geisterfaust

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Style: doom jazzAnnee de sortie: 2005Label: Wonder

L’artwork et le nom de ce nouvel album de Bohren und der Club of Gore fait tout de suit moins macabre que la tête de mort qui ornait Black Earth (sorti sur Ipecac aux US), mais la musique du combo jazz atypique n’a pas vraiment changé d’un iota. Car si le groupe a laissé de côté l’imagerie sombre, il fuit toujours la lumière et on a toujours affaire à une musique lugubre d’une lenteur extrême.
Le groupe joue en concert dans le noir quasi complet, pour une ambiance feutrée, et ce n’est pas la joie de vivre qui transpire de cette musique (dépressifs s’abstenir) mais plutôt une sensation d’apaisement avec en toile de fond quelque chose de malsain, une peur palpable.

Ce Geisterfaust est constitué de 5 morceaux, un pour chaque doigt de la main – sans qu’un quelconque indice permette de comprendre ce choix – , 5 instrumentaux qui s’étirent dans de longues minutes pendant lesquelles le quartet apporte, chacun à son tour, sa touche de quelques notes (le saxophone, bien présent sur Black Earth n’apparaît d’ailleurs étonnement que sur la fin du dernier morceau « Kleiner Finger »).

Car quand je parle de lenteur, elle est ici exagérée, le temps s’étire sur des tempo que n’oserait pas le plus lymphatique des amateurs de doom. Les apparitions des instruments sont ponctuelles, parfois, une basse vient apporter un groove somnifère, ainsi qu’un clavier apportant des nappes aux sons noisy mais fluets, mais c’est le piano, au son seventies façon Fender Rhodes qui soutient l’ossature des morceaux, il forme des accords mornes prolongés quelques fois de quelques notes éparses. Il est longtemps seul, rejoint finalement par quelques coups de batterie, souvent grosse caisse et cymbale à l’unisson qui parsèment les morceaux.

« Daumen » ne contient même que quelques touches de claviers et une faible respiration s’y ait entendre entre d’interminables moments de silence salvateurs. Le minimalisme poussé dans ses derniers retranchements.

A la lecture de sa description, on peut se poser des question sur l’intérêt d’une telle musique. Il est restreint c’est certain, l’ennui guettera même les plus motivés mais pour d’autres, la musique de Bohren apportera la volupté d’une musique reposante, incitant à la réflexion comme au doute.
Encore plus posé et planant que son prédécesseur (ou soporifique au choix) cet album est un nouvel ovni musical d’un groupe à part qui se révèle aussi indispensable à certains qu’inutile à d’autres. Personnellement la musique de ce groupe me touche, son côté paisible m’évoquant une aura camouflée des plus apocalyptiques, j’ai en tous cas bien hâte de pouvoir assister à un de leurs concerts, à méditer les yeux fermés.

  1. zeigefinger
  2. daumen
  3. ringfinger
  4. mittelfinger
  5. kleiner finger
jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 528 articles sur Eklektik.

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3 Commentaires

  1. fewz says:

    merci pour la découverte jonben! ça m’a l’air intéressant tout ça!

  2. Devin says:

    Un album parfaitement innotable mais fascinant . Des trois albums que je connais (les trois derniers) , celui-ci semble bien à part . La lenteur extrême etouffe tout le long de l’album genre ‘je peux plus respirer’ et quand on croit décrocher , une secousse vient nous réveiller en nous assomant. Retour à la réalité avec le joli final de « Kleiner Finger ». Un OVNI trippant qui m’a procuré beaucoup plus de sensations que ce que je pensais après la première écoute.

  3. damien luce says:

    Je suis sous le charme des deux precedant albums, quelle claque !!! une musique digne d’un polar trés noir!!!

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