Ca faisait un moment qu’on attendait le retour d’Opeth à Paris, et on était pas les seuls, les places de la Locomotive se sont rapidement vendues, laissant sur la touche les retardataires. Nous y étions, ayant hate de découvrir sur scène un groupe qui nous a tous 2 marqué sur album.
(jonben) Toujours propre à choisir de bonnes 1ères parties, Opeth ramenaient les norvégiens Extol avec eux sur cette tournée européenne. J’apprécie particulièrement le groupe et attendais de les revoir se rattraper de leur concert court et brouillon en 1ère partie de Mastodon plus tôt cette année.
La donne est posée dès le premier morceau, le son du groupe est bien clair malgré un léger manque de puissance, la rythmique pétarade sous le feu d’un batteur phénoménal et d’une basse ronflante, les chants partagés par le chanteur/hurleur et le guitariste sonnent nickel, seules les guitares s’en sortent donc un petit peu moins bien.
Mais surtout le groupe a l’air des plus motivés, accueillis par une Loco déjà blindée, et prêt à nous présenter sa musique sous les meilleurs hospices.
Concentrant leur set sur leur dernier album, The Blueprint Dives, le groupe se lance sur des titres accrocheurs, "Gloriana", "Pearl" sur lesquel les voix claires du chanteur et du guitariste se complètent en harmonies particulièrement réussies avant de partir vers les côtés les plus sombres et éprouvants de leur musique, interprétés en live d’une façon troublante, encore plus pesante que sur album, la version live de "In Reversal" et surtout "The Death Sedative" sont transformées en brûlots d’épouvante sur scène, qui m’ont littéralement scotché.
Le groupe maitrise désormais bien sa nouvelle direction musicale, entre métal et post-hardcore, desespoir et mélodies salvatrices, toujours appuyé par un batteur particulièrement technique, maitrisant des rythmiques souvent caduques et fournies avec précision. Je regrette tout de même le remplacement des 2 guitaristes, qui oblige le groupe à ne plus jouer de titres de leur excellent 2ème album Synergy, beaucoup plus orienté vers un thrash progressif aux riffs imparables. Le groupe a néanmoins remplacé le panache des guitares par une approche mélodique plus poussée et une accentuation réussie des atmosphères malsaines. Ambiances que le chanteur met à profit pour exposer des paroles préchant la "bonne" parole chrétienne, qu’il entonne en prédicateur habité, entre ses interventions rageuses entrecoupées de quelques refrains mélodiques plus délicats.
Le groupe est acclamé à sa sortie de scène après un set de plus de 40 minutes qui se finira en beauté par un "The Death Sedative" apocalyptique souligné par des lights bleus du meilleur effet.
(krakoukass) Après le set d’Extol qui a bien chauffé la place, les suédois que tout le monde attend entrent sur scène vers 22h pour faire face à une Loco pleine à craquer (mais à l’atmosphère encore respirable, merci la clim’). Entamant le set avec « The Baying Of The Hounds » tiré du dernier album, Ghost Reveries, Opeth est acclamé par la foule. Et c’est là que l’on commence à se rendre compte qu’Opeth est aujourd’hui loin du groupe confidentiel qu’il a pu être il y a quelques années. C’est incontestablement une bonne chose en un sens : un tel groupe mérite de dépasser le statut underground pour passer à la posterité. Néanmoins, revers de la médaille, on trouve maintenant de drôles d’énergumènes à un concert d’Opeth, comme les 2 gotho-slipknoto-pouffs de 15-16 ans grimées et situés malheureusement juste derrière moi et accompagnées de leur « vieux » boulet du haut de ses… allez… 18 ans. Rien ne m’aurait dérangé dans tout cela, ouvert d’esprit que je suis, si lesdits énergumènes n’entreprenaient pas de chanter (parfois plus fort que Mika me semblait-il) avec une fausseté proprement incroyable et assez inimaginable. Au moins leur fidélité à l’égard du groupe ne devait pas faire de doute, puisque les paroles ils connaissaient…
Vous allez me dire : c’est quoi ce report, et la musique dans tout ça ? J’y (re)viens ! Je me devais de rendre un hommage appuyé à ces imbéciles qui m’ont grandement parasité le spectacle ce soir-là et que je me suis surpris à avoir eu envie d’étriper une bonne trentaine de fois en 2 heures…
2 heures c’est en effet la durée du set d’Opeth ce soir-là, le groupe proposant une variété de titres issus de différents albums : 2 de Ghost Reveries, « The Baying… » et surtout « The Grand Conjuration » qui fait son gros effet, 2 de <i>Damnation</i> (joués à la suite, était-ce bien judicieux par contre ?) « In My Time Of Need », et « To Rid The Disease », 2 du mythique Blackwater Park, “Drappery Falls” et “Blackwater Park”, 1 de Still Life, “Face Of Melinda” (en hommage à sa fille qui fêtait ses 1 an, ce soir), 2 de My Arms Your Hearse, le sublimissime “When” et le “classique” “Demon Of The Fall” (en guise de conclusion et de rappel). Si Deliverance n’était ce soir représenté que par un seul titre, quel titre mes aïeux… Je pense en effet que « Deliverance » le titre, est celui qui a le plus déchaîné l’assistance, notamment avec ce final époustouflant sur lequel le batteur intérimaire (et batteur titulaire de Bloodbath) Martin Axenrot était particulièrement attendu au tournant. Au final ce dernier, présenté avec humour par Akerfeldt comme « il est peut-être maigre, il est peut-être laid, mais il est… bon marché », s’en sera très bien sorti même si on peut penser que le feeling de Martin Lopez lui faisait un peu défaut.
Ne boudons pas notre plaisir c’est un véritable régal de concert que l’on vit ce soir, et c’est également un plaisir de voir les musiciens prendre eux-mêmes beaucoup de plaisir, à l’image de Mika enchaînant les blagues et se montrant sous un jour beaucoup plus affable et moins timide qu’on l’a dit de lui par le passé.
Si je devais critiquer la setlist, je dirais que jouer 2 titres de Damnation à la suite était peut-être un peu trop, même si en proportion de la durée des autres titres des autres albums, c’est quasiment un seul titre qui a été joué. Par ailleurs le début de « Face Of Melinda » est un poil chiant à mon goût mais heureusement, lorsque le titre explose cela devient un régal pour les papilles auditives.
Après avoir mis l’assistance sur les genoux avec un titre jamais joué auparavant à Paris par le groupe, l’énorme « Blackwater Park », annoncé par Mika comme « un titre avec un rythme simple en 4/4 parfait pour headbanguer, mais attention aux cous car il dure 10 à 12 minutes », le groupe se retire, 1h45 après être entré sur scène.
En rappel un retour en jammant au synthé qui est l’occasion pour Akerfeldt de présenter le groupe, dont le nouveau membre
Per (aussi claviériste des Spiritual Beggars de Mike Ammot) dont le jeu ponctue désormais tous les titres du groupe en concert. Puis Opeth vient mettre un point final à ce superbe concert avec le furieux « Demon Of The Fall » régulièrement joué en concert par le groupe.
Au final certainement le concert de l’année pour ma pomme, un grand grand concert, exactement ce que l’on attendait de ce fantastique groupe… A revoir sans faute en décembre, à nouveau à la Loco, avec on l’espère une 1ère partie tout aussi prenante!
Merci à Khyrian pour les photos!