« Le retour des growls!!! ». Voilà comment on entendait déjà parler de ce nouvel album des suédois bien avant sa sortie, après la diffusion du premier titre, « §1 ». Et en effet, on peut le confirmer : Mika s’est décidé à refaire parler son côté sombre et à nous régaler tout au long de l’album (et pas seulement sur un titre) de ses growls si reconnaissables (et qui comptent parmi mes préférés de la scène).
Pourtant résumer the Last Will and Testament à cela serait évidemment réducteur. On imaginait bien avec l’évolution entamée depuis plusieurs albums, qu’il n’allait pas s’agir pour Opeth de revenir purement et simplement en arrière pour proposer un album dans la veine de ces albums pré-Heritage. Et en effet, le groupe conserve son orientation dorénavant beaucoup plus progressive que death metal, mais réinjecte du death dans son prog, là où il injectait plutôt du prog dans son death auparavant.
La nuance est subtile mais elle est aussi pertinente qu’importante pour bien aborder ce 14ème album du groupe.
Un album concept pour la première fois depuis 25 ans (Still Life) qui relate une histoire d’héritage compliqué suite au décès du patriarche d’une riche famille, d’où l’articulation du disque en sept paragraphes (§) complétés d’une sorte de conclusion « A Story Never Told ». Je n’ai pour le moment pas cherché à comprendre davantage le « pitch » faute d’avoir l’objet en main avec les paroles au moment de l’écriture de cette chronique.
Ce qui est sûr c’est que Åkerfeldt, compositeur en chef du groupe, a encore réalisé des merveilles en proposant 8 morceaux passionnants quasiment intégralement imbriqués et enchaînés pour une parfaite immersion dans la chose, 50 minutes durant.
On y retrouve des orchestrations riches et magnifiques avec des instruments à corde ou à vents qui viennent compléter le traditionnel mellotron ou les claviers old school auxquels le groupe fait appel depuis plusieurs albums : cf fin du §1 par exemple, les tonalités orientales qui parsèment le disque, sur le §3, le §5 et le §6, ainsi que la harpe mais aussi la flûte (de Ian Anderson – cf juste après) du §4 et du §7.
Mais par rapport aux précédents albums, il apparaît rapidement que le ton a été un peu « redurci » ce qui se traduit par la présence de davantage de guitares électriques d’une part (cf la fin du §3 et le début du §4 qui rappelent pour le coup le Opeth de Ghost Reveries ou Watershed), mais aussi donc, des growls de Akerfeldt qui viennent régulièrement dialoguer avec les voix claires du Maestro, et les interventions du narrateur de l’histoire incarné par nul autre que Ian Andersson (chanteur et flûtiste des cultissimes Jethro Tull).
Et tout cela bien sûr fort d’une maîtrise technique irréprochable, mais tout de même particulièrement notable. J’ai été particulièrement bluffé par les parties de batterie du petit nouveau Waltteri Väyrynen (qui est passé par de nombreux groupes dont Paradise Lost) qui sont franchement impressionnantes (en particulier peut-être sur le §6) et ce à plusieurs reprises sur l’album d’autant que certains passages sont assez alambiqués pour ne pas dire complexes.
Les titres passent, les écoutes se multiplient, et on tombe très vite sous le charme de The Last Will and Testament qui vient compléter de façon magistrale la discographie du groupe dans la continuité du déjà excellent In Cauda Venenum. Pour chipoter et trouver à redire dans ce travail d’orfèvre, on pestera une fois de plus contre le fade-out paresseux de la fin du §5, mais c’est là un bien maigre écueil à côté de la maestria de l’ensemble. Opeth a encore frappé très très fort et nous offre (sans surprise!) l’un des albums metal de l’année à ranger à côté du Thy Catafalque et du Blood Incantation bien sûr.
Incontournable !
Tracklist :
01 – §1
02 – §2
03 – §3
04 – §4
05 – §5
06 – §6
07 – §7
08 – A Story Never Told