Opeth – Ghost Reveries

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Style: death metal progressifAnnee de sortie: 2005Label: Roadrunner Records

Un nouvel album évènement et pour la peine, 3 avis assez différents…

Krakoukass :

Voilà un nouvel album qui était attendu de pied ferme par toute la communauté de metalleux de la planète. Il est clair que ce n’est pas tous les jours que l’un des groupes les plus intéressants de la sphère métal sort son nouvel album. Successeur des excellents faux jumeaux Deliverance/Damnation, Ghost Reveries est aussi le tout premier album du groupe sorti pour le compte de l’écurie Roadrunner.

On peut d’ores et déjà rassurer les fans inquiets de ce changement de label (après la « mort » du précedent label du groupe Music For Nations), qui craignaient un changement de cap vers des eaux plus « commerciales » et convenues : il n’en est rien et c’est un groupe fidèle à lui-même et aux ambitions de son leader, qu’on retrouve pour cette sortie 2005.

Fidèle ne veut pas dire stagnant : car si le Opeth nouveau ne devrait vraisemblablement pas déstabiliser les fans purs et durs, il n’en présente pas moins quelques subtiles nouveautés qui récolteront par ici les suffrages des uns, par là, les critiques féroces des autres.

Globalement au démarrage, et comme en attestent les excellents « Ghost Of Perdition » ou « Baying Of The Hounds » (bonjour l’orgue Hammond) on n’est pas très loin de ce qu’avait déjà fait le groupe sur Deliverance. Ces chansons présentent donc un format longue durée (10 minutes et des cacahuètes) et une alternance de rage et de douceur avec tantôt la voix growlée du maître Akerfeldt, tantôt son doux timbre clair, maîtrisé comme jamais. Gros riffs tranchants, arpèges cristallins, utilisation de guitare sèche couplée à de l’électrique : la recette reste inchangée, pour une efficacité indéniable.

« Beneath The Mire » s’ouvre sur une mélodie orientalisante déstabilisante, et dont je ne peux m’empêcher de trouver le son un peu « niais », cheap (l’orgue hammond paraît enrhumé), et surtout relativement inutile car cette trame orientalisante ne se retrouve pas et n’est pas reprise sur la suite du morceau. Heureusement la suite est nettement meilleure et ce titre s’avère au final de bonne facture quoique moins marquant que les deux premiers.

Avant de continuer la description de l’album, qu’on se le dise : l’album pousse encore plus loin les velléités progressives du groupe et le recours aux sonorités renvoyant immanquablement aux années 70, comme l’utilisation fréquente de l’orgue Hammond et les passages chantés un peu baba (ce n’est pas une critique).

Contrairement à l’ami Joss, je trouve le « Atonement » qui suit, tout à fait excellent : un titre calme, simple (mais pas simpliste pour autant) et sur lequel la voix de Akerfeldt chargée d’effets très 70s là encore, se pose très harmonieusement sur une mélodie quelque peu arabisante soutenue par des percussions discrètes mais très efficaces qui renforcent le côté exotique de ce titre lancinant, tout en grâce, qui nous transporte vers d’autres lieux et montre un côté « gai » assez inédit…

« Reverie/Harlequin Forest » recède la place à la mélancolie typique du groupe, portée essentiellement par la voix claire de Mika et un orgue hammond là encore très présent ainsi que des guitares sèches apaisant le tout. Malgré le talent du groupe auquel on est maintenant habitué, la sauce prend moyennement de mon côté et ce titre, certainement l’un des plus progressifs de l’album, a tendance à m’ennuyer quelque peu, d’autant que c’est malheureusement le titre le plus long de l’album (11 minutes 38) et qu’il aurait pu à mon avis être avantageusement réduit de moitié. Dans ce format très long, il semble parfois n’avoir ni queue ni tête et on ne voit pas trop quel est le propos du groupe qui semble se perdre et nous perd en tout cas par moments…

« Hours Of Wealth » est la balade de l’album, un titre assez court (5 minutes 17) qui sonne énormément 70s de par son ambiance, ses sonorités (orgue hammond à gogo, sonorités « flûtiennes »), et qui laisse bien souvent la place à une sorte de blues de Akerfeldt, avec un dépouillement musical quasi total. Un titre sympathique, reposant avant l’assaut et le retour à la brutalité quasi disparue à ce stade depuis « Beneath The Mire ».

« The Grand Conjuration » explose alors et nous réveille. Ce titre que certains ont pu entendre quelques temps avant la sortie de l’album a déjà fait couler beaucoup d’encre. Il semble diviser les fans. Je le trouve pour ma part excellent. Sombre, menaçant (l’orgue hammond et le mellotron déchaînés et plus terrifiants que jamais) il repose sur une mélodie et un riff servant de ligne conductrice, se répétant longuement avant d’être interrompu par un riff saccadé, simpliste et brutal et un bon passage de double. Akerfeldt susurre gentiment au départ avant de rugir de sa plus belle voix growlée et de se déchaîner en hurlant lors du passage le plus enlevé. Certainement le titre le plus « sauvage » de l’album il montre un visage plus « primaire » de Opeth qui n’est pas pour me déplaire (tant qu’il ne prend pas le pas sur le reste à l’échelle de l’album), visage renforcé par des percussions tribales en arrière-plan. Après une accalmie, le titre monte en puissance avant une explosion finale du meilleur effet, comme Opeth a l’habitude de nous en fournir, avec déchaînement complet de la compagnie.

« Isolation Years » sur lequel la voix claire de Akerfeldt fait encore merveille, termine en douceur l’album sur des tons 70s qui sont décidément la marque de fabrique de ce cru 2005 des suédois.

Au final Ghost Reveries est (évidemment) un bon album mais qui souffre de petites faiblesses/maladresses qu’on pardonne difficilement à un groupe de cette envergure. En outre les 2 premiers titres sont de très loin les meilleurs (avis personnel) ce qui nuit à la cohésion et à l’homogénéité de l’ensemble de l’album qui semble s’éteindre quelque peu après « Beneath The Mire » pour ne se réveiller que sur « The Grand Conjuration »… Un bon album donc, qui ne fera pas tâche dans la discographie impressionnante du groupe mais qui ne figurera peut-être pas pour autant au panthéon des meilleures œuvres du groupe…
Il reste néanmoins clair que Opeth étant un groupe tellement bourré de talent et au-dessus du lot, et cet album contenant son lot d’excellents moments, il comblera à coup sûr plus d’un fan même s’il en décevra peut-être aussi certains… En tout état de cause, attention aux jugements précipités, cet album demande une petite période d’assimilation et ne se digère pas en une seule écoute la musique d’Opeth étant toujours très complexe…

PS : Il semblerait que Roadrunner qui sort dans un premier temps l’album en version cristal basique, soit décidé à le ressortir dans quelques mois en version digipack. Si cela se confirme, cette pratique commerciale qui sent le pigeonnage de fans est quand même plus que limite…

Note Krakou : 16,5

Joss :

Le voilà, il est arrivé, celui que tout le monde (ou presque) attend… Certains sont sceptiques, d’autres savent déjà qu’ils vont adorer et bien sûr les habituels détracteurs vont se faire un malin plaisir de les descendre comme ils le font depuis Still life, jour à partir duquel Opeth n’aurait cessé de se répeter. Ce qui est de mauvaise foi compte tenu du couple Deliverance/Damnation que Opeth nous a livré voilà maintenant plus de 2 ans (en même temps arriver à répeter la même qualité d’album en album relève de l’exploit).

Il y a quelques mois une radio dévoile « The grand conjuration », titre qui bien evidement circulera ensuite en MP3 de piètre qualité sur le web. A l’écoute de ce titre pas mal de fans pensent à un hoax tant le titre ne semble pas être digne des suedois. Pourtant il s’agissait bien d’u
n titre de « Ghost reveries » mais qui s’avère au final loin d’être la pire chose de l’album. Houla mais que se passe t-il ? le gars Joss serait il passé du coté obscur des détracteurs ? Et bien sans aller aussi loin je ne vais pas cacher bien longtemps la petite deception que je ressens à l’écoute de ce Ghost reveries. Il faut dire aussi que j’accorde beaucoup moins d’importance à la musique d’Opeth qu’il y a quelques années. J’ai passé de fabuleux moments à l’écoute de Blackwater park, Still life ou Deliverance mais depuis, un peu d’eau à coulé sous les ponts. Aussi je savais d’emblée que si le groupe ne surprenait pas un grand coup je ne les suivrais pas, mais j’esperais secrètement me tromper. Après quelques écoutes, l’évidence s’impose à moi, le groupe tourne un peu en rond. Il y a bien quelques innovations mais je ne pense pas que ce soit dans le bon sens. Il fallait s’en douter, l’intégration d’un clavieriste en tant que membre permanent allait forcément donner plus de places aux atmosphères. Celà nous donne « Atonement », morceau très planant, limite orientalisant mais dans l’ensemble assez indigeste ou encore l’intro de « Beneath the mire » un peu molassone. D’ailleurs la fin de ce même morceau tombe un peu a plat aussi. Ce rythme binaire au possible est assez indigne du groupe qui nous avait assomé avec le grandiose final de « Deliverance » (le morceau, pas l’album).

Bon je ne vais pas énumerer tout ce qui me gêne sur cet album mais plutôt finir sur une note positive. Opeth nous livre quand même dans cet album des morceaux monstrueux, notamment les deux premiers (soit 20 min de musique quand même) où l’on voit aussi Mickael explorer d’autres façons d’utiliser son chant clair. Les passages à la guitare acoustique sont toujours aussi magnifiques. L’album comprend d’ailleurs deux titres entierement acoustiques « Hours of wealth » et « Isolation years », signe que l’album interlude Damnation a laissé quelques traces… Et puis il y a « The grand conjuration » titre très sombre, aux voix claires phantomatiques qui avec un vrai son a quand même une autre gueule que la version qui trainait sur le web au début de l’été. On sent qu’avec ce titre Opeth a voulu se montrer inquiétant et opressant, ceci explique peut-être pourquoi il parait au premier abord un peu répétitif. Mais c’est sans compter sur les quelques éléments que l’on découvre au fil des écoutes, comme cette courte intro au riff saccadé que l’on retrouve développée un peu plus loin dans le morceau ou encore ce bref interlude au clavier lui aussi assez inquiétant.

Au final cet album, à n’en pas douter, satisfaira les très nombreux adeptes du groupe mais aura du mal à rivaliser avec les chefs-d’oeuvre que sont My arms your hearse et Blackwater park. Bien entendu il est inutile de vous dire que ce groupe est à voir en live absolument où il pourrait bien arriver à transcender les titres moyens de Ghost Reveries.

Note Joss : 14

Jonben :

Le Opeth nouveau est arrivé, et cet album sera sûrement un des albums métal les plus commentés de l’année. Après 7 albums qui leur ont forgé un statut de groupe culte, soutenu par de fervents admirateurs, Opeth n’ont plus grand chose à prouver.

Au final, ce nouvel album est-il meilleur que les précédents?
Peut-être pas meilleur mais pour moi il n’a vraiment rien à envier au reste de la discographie du groupe, Ghost Reveries vient apporter une nouvelle pierre à l’édifice Opeth, une pièce maitresse même de ce groupe qui restera comme un des groupes majeurs de notre époque.

Rien sur cet album n’est laissé au hasard, la recherche musicale est constamment présente et l’évolution de plus en plus progressive du groupe atteint un nouveau stade ici. L’album est bien réparti entre les passages explosifs épiques et les accalmies acoustiques, tout ce qui me plaisait dans le groupe est présent et utilisé à bonne escient, et « Reverie/Harlequin Forest » en est sûrement le meilleur exemple. Mikael Akerfeld chante merveilleusement bien et a ce talent pour construire des morceaux mélangeant divers degrés d’intensité et des tonnes de riffs différents tout en construisant un tout d’une cohérence admirable. Les quelques expérimentations sonores apportent un peu de nouveauté bienvenue, le clavier prenant ses marques dans la musique du groupe sans jamais choquer.

Bref pour contrebalancer les notes indignes de mes camarades, je vote 20 pour ainsi établir un 17 fort juste pour cet album qui sera certainement un des meilleurs de l’année.

Note Jonben : 20

  1. ghost of perdition
  2. the baying of the hounds
  3. beneath the mire
  4. atonement
  5. reverie/harlequin forest
  6. hours of wealth
  7. the grand conjuration
  8. isolation years
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1157 articles sur Eklektik.

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13 Commentaires

  1. kollapse says:

    Etant un huge fan d’opeth, je ne peux que aimer cet album que je suis encore assez lin de maitriser mais pour ce que j’en ai entendu la qualité est evidemment et une fois de plus au rendez-vous…Comme d’hab pour la bande à akerfeldt j’ai envie de dire ;). Un des albums de l’année à n’en pas douter!

  2. Florent says:

    20/20 à Opeth, j’espère en conséquence que Ephel Duath aura son ptit 22/20, alors ! :D

  3. krakoukass krakoukass says:

    N’oublie pas que la moyenne et donc la note finale c’est 17 coco…

  4. Florent says:

    Si jpeux plus lancer de pique sans me faire rattraper par la patrouille….

  5. krakoukass Krakoukass says:

    Je veille gare à toi… ;)

  6. Monster says:

    Ah ben bizzarement, à l’écoute des MP3, je me disais que ça allait sûrement être le meilleur album d’Opeth ! Et puis bizzarement, depuis que je l’ai acheté (c’est-à-dire hier) j’ai pas réussi à y accrocher. Mais que m’arrive t-il ? Les défauts qu’énumérent Joss et Krakou deviennent plus visible maintenant que j’ai l’album ? Par exemple, aujourd’hui, ça a été fastidieu de l’écouter en entier, ça m’a même gonflé je dois dire. Quoi ? Comment ? Un album d’Opeth qui me gonfle ? Je dois pas être dans le bon jour pour écouter ça apparement…
    De toute façon ce disque va tourner longtemps pour ce mois de septembre – ça mérite bien ça un album d’Opeth – et j’espére qu’il révélera enfin ses charmes

  7. Neurotool says:

    Cà faisait un p’tit moment que je le voyais venir mais là… l’écoute d’un album d’Opeth (surtout 3-4 albums) me saoule… pas moyen de rester concentré et pis encore je ne ressens rien à part de l’ennui…
    Pourtant je reconnais la qualité du travail mais bon vraiment plus ma came.
    Pour ce qui est de cet album un 14 aurait suffit au regard de leur passé!

  8. darkantisthene says:

    bon je ne suis pas un grand fan du groupe et ce n’est pas avec cet album que ça va changer, je lui trouve des longueurs encore plus…. longue que sur les précédents ; moi je suis sûr qu’ils ont fait appel à jonben pour remonter la moyenne dans un but de satisfaire les lecteurs
    vendus!!! vous êtes bons pour les hommes prudes!

  9. kollapse says:

    Franchement pour voir des longueurs dans les albums précédents (blackwater park par ex?), faut pas s’être penché dessus bien longtemps…Leurs albums ont un charme, une mélancolie perceptibles et irrésistibles qui s’installent au fil des écoutes et c’est le cas pour TOUS leurs albums. Je ne sais pas si ce « ghost reveries » est album de la sorte, mais j’ai presque envie de dire que je n’en doute pas…Merde rendons à cesar ce qui est à cesar, Opeth sont des génies du métal et à ce titre chacun de leurs albums méritent d’être écoutés encore et encore, car possèdent des richesses musicales que peu de groupes peuvent se vanter de produire, point-barre. Quant à Ephel Duath, c’est un groupe énorme dont j’attends leur prochain album avec une impatience très démesurée ;-)

  10. Neurotool says:

    Aurions-nous droit ici aussi à une « Opethmania »?
    Aucun groupe n’est intouchable…

  11. krakoukass Krakoukass says:

    Sans parler d’Opethmania, rares sont les groupes à la discographie aussi impressionnante et cohérente. On peut ne pas adhérer au style mais aucun album n’est raté à ce jour et même si ce Ghost Reveries n’est selon moi pas le meilleur, il ne sera certainement pas non plus le disque de « la honte » pour Opeth ou celui annonciateur d’une fin brutale… Ces gars-là flottent quand même au-dessus d’une bonne partie de la masse…

  12. Florent says:

    Certes, mais le fait de n’entendre parler que de ce groupe depuis quelques temps déjà, combiné au fait que moi aussi je suis le chemin de Neurotool et que je pressens plus que fortement une épidémie d’opethmania, ben je n’ai aucunement envie de l’écouter celui-là, déjà qu’ils tournent en rond depuis quelques albums (qui restent effectivement bien au-dessus de bcp de groupes, mais bon…).
    SI un jour je le trouve par terre, je l’écouterai, mais je ne foutrai pas de thunes pour me le procurer. De toutes façons z’ont pas besoin de moi pour gagner leur vie les petits suédois ;-)
    Par contre si qq’un pouvait avoir des news du batteur… Je le trouve terrible, ça serait con qu’il raccroche, Opeth perdrait bcp sur ce coup.

  13. darkantisthene says:

    oui j’avoue je lui trouve des longueurs, je ne peux pas le nier mais je ne suis très loin de dire et penser qu’il s’agit d’un groupe mineur qui ne fait qu’une repompe d’autres groupes : ils ont leur style – ce qui me semble déjà une réussite artistique – mais je ne suis pas prêt à dire amen à tout ce qu’ils font ; par ex je trouve l’album acoustique fabuleux en tous points
    et pis si vous me faites chier je contre-attaque avec la horde des devin townsendiens!!

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