Darkantisthène :
Le Chili maintenant. Il ne manquait plus qu’eux sur l’échiquier mortifère de la frange noire du metal pour compléter le tableau hétérogène des origines maléfiques. On sait le pays enclin à la douceur mélancolique distillée en son temps par Empyrium (avec les excellents Uaral) ou à la lourde désespérance d’un My Dying Bride (Poema Arcanus, Mar de Grises) mais de black metal – en toute logique serais-je presque tenté de dire – il ne devait que fort peu probablement être question.
La jeunesse et la promptitude du groupe ne laissent également pas de surprendre puisque, formé en 2004, ils nous gratifient 1 an plus tard d’une demo pro intégrant parmi de nouveaux morceaux ceux déjà présents sur leur première offrande Desolated landscapes.
Contrée improbable couplée à une prévisible approximation dans l’exécution et l’inspiration, voilà qui met en place toute la suspicion nécessaire à l’effet de surprise. Et surprise il y a. Bonne surprise. Excellente surprise même. D’approximation il n’est nullement question. A tel point qu’on a du mal à imaginer que les informations biographiques ne sont pas erronées et qu’il ne s’agit pas plutôt d’un groupe scandinave bien établi. Et quand je dis scandinave, je pense tout particulièrement à ce berceau qu’est la Norvège et à l’un des ses plus illustres représentants : Emperor. Comment ne pas songer à In the nightside eclipse ou, dans une moindre mesure, au Upon promethean shores des alors inspirés Hecate enthroned ? Eh oui encore un groupe qui ne s’est pas remis de ce black symphonique impérial et exigeant.
6 morceaux (dont 2 instrumentaux, qui n’apportent d’ailleurs pas grand-chose) pour quasiment 20 minutes c’est peut-être peu pour déterminer s’il s’agit d’un réel espoir ou d’un petit miracle qui ne se renouvellera pas. Par nature, je ne crois pas au miracle. En revanche, je garde encore une part d’optimisme en moi qui me fait espérer du meilleur pour la suite. Le titre Desolate qui semble avoir existé de tous temps et s’inscrit d’ores et déjà comme un futur classique de black glacial et néanmoins mélodique ne peut que venir étayer mon pronostic.
Comme l’annonce le label, il faut considérer ce Thresholds of insanity comme une présentation du groupe. Présentation fort soignée, malgré un minimalisme esthétique, dont le point d’orgue est la production assurée par le leader du groupe : bien que manquant un peu de puissance elle est suffisamment claire et raw pour permettre aux compositions de développer leur aura malsaine. On pardonnera en revanche les fins de morceaux qui gagneraient selon moi à être peaufinées pour éviter l’impression d’inachèvement.
Allez allez messieurs, on ne se repose pas sur ses lauriers et on nous assène dès cette année un véritable album digne des plus grands !
Guim :
Thresholds of insanity est un mini qui a tout de la petite galette à faire frémir le nostalgique ou l’amateur d’ambiances dépressives et résolument noire.
Là ou le traitement peut se faire léger et timide,les chiliens d’Animus Mortis sortent les pellicules noires et n’hésitent pas à pousser les potards pour enorgueuillir leur maelstrom musical de sonorités droniennes qui s’extirpent avec complaisance de cette galette qui a assez de classe pour venir perturber vos playlists les plus intangibles.
Bien sûr le caractère norvégien n’échappera à personne,on navigue sur les pistes des nécroprêtres des grandes légendes de la scène,mais on est surpris de l’attaque des sud américains,de leur côté enclun à formuler avec des armes spécifiques une musique qui s’autorise des excès fondateurs dans leur jeu puissant et chaotique.
Le souffle funèbre de Threshold est réjouissant,il déboite le sarcophage du passé d’un Burzum ou d’un Darkthrone au pied de biche,mais y incorpore une macabre oppression;n’ayant aucunement peur de jouer sur les textures,il érige l’épaisseur de son comme une arme farouche et guerrière et donne de la profondeur au volume de sa charge en accentuant un jeu d’échos très spongieux,tout en ne perdant pas de vue le morne qui lui sied bien à l’oeil,le résultat est à la hauteur de la révélation et de la surprise qui nous sont réservées à l’écoute des 6 titres du mcd.
L’exemple le plus saisissant reste le moment de bravoure arrivant très vite sur le disque,je veux ici parler de « Dying Murmur » un énorme titre,véritable morceau de choix qui résumerait à lui seul l’optique dans laquelle est plongée le disque,une musique à la limite de l’odieux mais raisonnée par une esthétique plus mélodieuse qu’il n’y parait;moins animale qu’un raw persuasif mais plus généreuse,paradoxalement,qu’un sympho avenant;Threshold of Insanity n’oublie cependant pas de rester sombre,sa sinistre démarche pourrait nous rappeler toute l’essence d’un Shining dans sa forme la plus austère mais aussi celle d’un Ghremdrakk quand les désirs de spatialité se dessinent comme des évidences avec ces nappes mises en retrait pour évènementialiser l’aspect cathartique de cette offrande où l’on distingue tout le talent des chiliens.
Excellente surprise que ce mcd,un peu à la manière du premier Walknut (en beaucoup plus court puisque la promenade dure 19 minutes) il inspire directement le respect et offre un témoignage envoûtant,officiant dans un registre traditionnel il a su éviter les écueils d’un misérabilisme de complaisance pour rester dans une diction intensive et prenante;on attend la suite avec impatience,à surveiller de très près,espérons que Debemur reste sur le coup…
- thresholds of insanity
- dying murmur
- abyss of delirium
- desolate
- etheral dimensions
- outro
avant que paul prébois rajoute la note, je précise que je lui mets 15/20
on pourra me trouver bien optimiste quant à mes prévisions et aux références employées mais je sens un gros potentiel chez ce groupe. Peut-être le rapport qualité/fulgurence…
Et je ne peux qu’aquiescer,remarquable étron que cette galette.
tiens c’est rigoulade on n’a pas du tout pensé aux mêmes références ! moi jdis qu’c’est moi qu’jai raison !
Quand je parle de sympho avenant c’est pour ne pas les citer ;)