Si Chewy n’est plus, il est indéniable que le groupe aura marqué la scène indie rock Lausannoise en proposant une mixture détonante, qui mélangeait guitares abrasives, rythmes effrénés, et mélodies imparables.
En piochant dans un registre qui n’est pas sans rappeler Dinosaur Jr., Pavement, ou encore Superchunk, le groupe sort son premier maxi (Prime time (1996)) ainsi qu’un EP (Chewy (1998)) sur le label Fierce Panda. Le cap du premier album est franchi en 2000 avec l’excellent Whattookyousolong qui sort chez B Track Records, et qui assied la réputation du quartet comme une des valeurs sûres de l’indie rock Suisse.
Le combo revient deux années plus tard avec Somanydynamos avant de splitter en 2003. Suite à cette séparation, deux nouvelles formations – aux inspirations musicales totalement opposées – verront le jour : Pendleton, qui propose une pop folk acoustique teintée de country des plus agréables, et Sigurd, qui navigue quand à lui dans des eaux nettement plus noisy et oppressantes.
J’ai longtemps hésité entre Whattookyousolong et Somanydynamos pour cette chronique, car il s’agit là de deux disques de qualité, mais si mon choix s’est finalement porté sur la dernière réalisation du groupe, la raison est pourtant simple : la diversité des compositions, et le fait que le combo ne s’impose clairement aucune barrière.
Avec des titres tels que Black belt, Ain’t no light, ou encore King of the hill, on retrouve clairement la patte du quartet, qui mélange toujours avec habilité guitares énervées et passages mélodiques entêtants.
D’un autre côté, des morceaux comme l’instrumental Call of the wild (véritable clin d’œil aux Shadows, qui aurait très bien pu figurer sur la BO d’un film de Tarantino), le dépaysant Tornado, ponctué de quelques notes d’orgue, l’envoûtant et planant Winnetoo, ou encore l’étrange et touchant Where’d you go, viennent nuancer le tout et démontrent le talent de compositeur de Greg (chant, guitare), qui signe la majeure partie des titres présents sur cet album.
Sur les onze morceaux présents sur la galette, trois sont en effet signés et interprétés par Mathieu (guitare, chant), lesquels, sans être diamétralement différents de ce que le groupe a l’habitude de nous proposer, offrent une approche tantôt plus noisy (Bushes), tantôt plus intimiste (Virgin forest), mais toujours avec un mélodie imparable qui vous restera dans le ciboulot des heures durant (Dreamland).
Si les avalanches de larsen et les grosses guitares à la Sonic Youth se font plus discrètes, c’est clairement au profit de titres mieux ficelés et fouillés, mais qui ne perdent rien à leur force de frappe.
Avec cet album, le groupe nous livre là son œuvre la plus variée, mais aussi la plus complexe à digérer. Bien entendu, nous ne sommes pas en présence d’un disque qui nécessitera quinze mille passages dans votre chaîne hi-fi pour que vous en captiez l’essence, mais certains détails et autres subtilités ne se révéleront qu’après un certain nombre d’écoutes attentives.
En ce qui me concerne, Chewy reste un groupe incontournable dans le paysage indie rock Suisse, dont l’aventure s’est arrêtée malheureusement trop prématurément. Sans jamais dénigrer son adulation envers Dinosaur Jr., le groupe a su aisément imposer son identité, son « son » – reconnaissable principalement grâce à la voix d’éternel ado de Greg – et a toujours cherché à faire évoluer sa musique, plutôt que de stagner et d’opter pour la facilité.
Un excellent groupe que je conseille les yeux fermés aux amateurs de titres aux mélodies implacables, ainsi qu’aux fans des groupes précités.
D’ailleurs, pour ceux qui en veulent encore plus, je vous invite à découvrir l’album Almost pretty cool de Brainwash, qui était en fait la première mouture du groupe, et qui vaut lui aussi son pesant
- black belt
- bushes
- december
- call of the wild
- ain’t no light
- tornado
- virgin forest
- king of the hill
- winnetoo
- dreamland
- where’d you go
J’ai jamais trop suivit Chewy… par contre, à quand une chro du « take Me Home Remixes » de Magicrays?