Pour sa troisième édition, l’équipe du VnV Rock Altitude a mis les petits plats dans les grands pour cette soirée du vendredi. En proposant pas loin de sept groupes allant d’Impure Wilhelmina à Neurosis, en passant par The Ocean, Entombed, ou encore A Storm Of Light, les grosses guitares ainsi que le headbanging étaient clairement à l’honneur.
Malgré une météo capricieuse et des températures très fraîches (le site du festival se situe à plus de 1’000 m. d’altitude), une horde de métalleux venus de Suisse et de France voisine s’étaient donnés rendez-vous à la patinoire du Locle.
Avant que les choses sérieuses ne débutent, les festivaliers ont eu tout le loisir de flâner dans l’enceinte du festival, qui était d’ailleurs très bien agencée, et qui proposait moult stands de nourriture, boissons, merchandising, dont les prix étaient plus que raisonnables.
C’est un peu après 18h00 que Switchback a fait son apparition sur scène avec son deathcore virulent et technique. Armé de deux chanteurs et face à une foule encore éparse, le combo redouble d’énergie et enchaîne les titres les uns après les autres. Malgré un son un peu brouillon, le sextet offrira une bonne prestation, même si, personnellement, je n’ai pas été plus emballé que ça par leur mixture. Les zicos maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts, mais je dois avouer avoir eu un peu de mal sur la longueur, surtout avec la prestation des deux chanteurs. Par contre, je suis quasiment sûr que la petite masse de personnes agglutinées devant la scène vous dira le contraire, surtout lorsque le hurleur de The Ocean est passé faire une apparition remarquée le temps d’un morceau. Pour certains donc, les cervicales sont chauffées, et pour ça, Switchback a parfaitement rempli sa mission en ouvrant le bal de cette longue soirée, qui proposait quand même pas mal de pointures.
Comme la salle (couverte, mais ouverte sur les côtés) contient deux scènes similaires l’une à côté de l’autre, autant vous dire que le temps de transition entre chaque groupe est très court, ce qui permet à chaque prestation de commencer à l’heure prévue au programme.
Donc, à peine le temps de mettre la main sur une bière fraîche, et c’est déjà au tour des Genevois d’Impure Wilhelmina d’investir la scène. Durant près de trois quarts d’heure, la formation va balancer une bonne dose de screamo à une audience de plus en plus grandissante et curieuse. Hormis un son toujours un peu brouillon par moments, le quartet livre une très bonne prestation et arrive sans problème à recréer cette ambiance partagée entre fragilité et hargne, qui fait le charme des compositions du groupe. Le public aura même eu droit à un petit avant-goût de Prayers and arsons, le prochain album du groupe qui sortira en novembre prochain. Depuis le temps que je devais les voir en concert, je dois avouer avoir passé un très bon moment, qui m’a d’ailleurs donné envie de me replonger dans la discographie du groupe.
Tandis que les gens ne cessent d’arriver et d’envahir les divers stands de nourriture et de boissons, c’est au tour de A Storm Of Light de faire son entrée sur scène. Sans être un fan ultime de leur album « And we kept the black ocean within », je souhaitais tout de même voir ce que pouvait donner le trio en live. Malgré une interprétation irréprochable, les compositions de la bande à Josh Graham peinent à convaincre. Etait-ce dû au manque de conviction dont faisait preuve le guitariste/chanteur (heureusement rattrapé par l’enthousiasme exprimé par le bassiste Domenic Seita), ou au fait qu’il faisait encore trop jour pour que les images projetées obtiennent l’effet escompté ? Difficile à dire. Mais, c’est bien dommage, car le combo disposait d’un très bon son et proposait une section rythmique au top. A revoir, peut-être, dans d’autres conditions. Tandis que l’absinthe et les bières coulent à flot pour certains, une grande partie du public – qui semble soudainement plus dense – se dirige d’un pas décidé pour aller ovationner le collectif allemand The Ocean, qui comptait ce soir là deux musiciens de diverses formations locales (Luc, le batteur de Sonograph, ainsi que Jona, qui occupe aussi le poste de guitariste au sein de Switchback et Kehlvin). Faisant fi des quelques petits problèmes techniques dont il a été victime (peau de caisse claire qui lâche), le collectif livrera une prestation haute en couleurs et placée sous le signe de la bonne humeur. Entre deux morceaux on apprendra donc que le chanteur sait dire « merci » en français, mais aussi « suce mes boules, grosse pu**’ », avant qu’il ne se mette à plaisanter sur le fait que le groupe ait réquisitionné des musiciens locaux pour les emmener en tournée avec eux.
La prestation du groupe est carrée, bien rôdée, et cela s’entend. Les jeux de lumières mêlés à la projection d’images en noir et blanc ont parfaitement réussi à immerger la salle dans l’univers de la formation. Malgré l’absence du deuxième chanteur, qui se fera légèrement sentir sur les morceaux les plus rentre-dedans, le public prend son pied, saute, et headbang tant qu’il peut. Personnellement, j’ai passé un excellent moment, et je pense que je ne suis pas le seul.
Alors que certains profitent des quelques minutes de répit avant le prochain concert pour faire le plein de boissons, d’autres se bousculent déjà aux premiers rangs afin d’accueillir les suédois d’Entombed. Si la température extérieure ne cesse de baisser, c’est tout le contraire qui se passe à l’intérieur de la salle. Bien entendu, l’alcool ainsi que d’autres substances illégales ne sont certainement pas étrangères à ce phénomène, mais hormis quelques petites bousculades accidentelles, l’ambiance reste bon enfant et festive.
Dès l’arrivée des quatre suédois sur scène, un vent de folie semble s’être emparé des lieux et c’est toute la patinoire qui vibre au gré de coups de médiator d’Alex Hellid. Le quartet est en grande forme et nous livrera une prestation tout simplement énorme ! L’ambiance est électrique et les barrières séparant la scène du public sont mises à rude épreuve. Alors que les premiers rangs ne ressemblent plus qu’à une immense masse de cheveux tournoyante et pogotante, le groupe enchaîne les titres et montre clairement qu’il prend son pied ce soir. Lars Petrov ne cesse de lever son pouce en direction du public pour le remercier de son accueil et donne tout ce qu’il a en arpentant la scène en long et en large. Si la setlist pioche un peu partout dans la discographie du groupe, les titres des deux premiers albums sont clairement ceux qui sont le plus plébiscités par le public.
Tandis que le groupe quitte la scène après un show tout simplement détonnant, c’est avec les oreilles encore bourdonnantes que l’on se déplace dans cette salle, qui compte déjà quelques victimes de la bière (ou de l’absinthe).
Si la fatigue commence à se faire sentir pour certains, ce n’est clairement pas le cas de la masse qui s’est agglutinée aux abords de la scène afin de ne pas louper une miette de la prestation des ricains de Neurosis. Quelques minutes après les douze coups de minuit, la machine de guerre californienne investit la scène face à un public qui semble d’ores et déjà conquis d’avance. Alors que les premières images du show visuel de Josh Graham commencent à plonger la salle dans l’ambiance, c’est « Given to the rising » qui ouvre les hostilités, sous un tonnerre d’applaudissements et autres sifflets. Durant près d’une heure, le combo balancera six titres, dont quatre du dernier album, mais malheureusement, aucune trace de « To the wind », que beaucoup semblaient attendre.
Pour mon premier concert de Neurosis, je me retrouve donc face à un groupe qui maîtrise son sujet sur le bout des doigts, même si quelques petits soucis techniques semblent avoir affecté le début de leur setlist. Malgré un volume un peu trop élevé à mon goût (ou était-ce la fatigue ?), le son est quasiment parfait et permet au groupe de retranscrire à merveille la force de frappe de ses compositions. Très peu communicatif avec son public, le groupe enchaîne les titres les uns derrière les autres sans temps mort. S’il n’y a quasiment rien à redire sur la prestation du groupe, j’ai quand même regretté que Neurosis ait joué après Entombed, car les Suédois ont vraiment donné tout ce qu’ils avaient et ont mis une ambiance infernale dans la salle. Ok, les deux formations évoluent dans un registre musical différent, mais je pense que Neurosis aurait du jouer avant les Suédois et leur death n’roll dévastateur. Enfin, ce n’est que mon avis.
Mis à part cela, j’ai vraiment apprécié la prestation de la bande à Scott Kelly. Les musiciens sont à fond dans leur zique et ressentent chaque note au plus profond de leur épiderme. Impressionnant.
Les plus téméraires continueront à braver le froid et la fatigue afin d’assister au dernier concert de la soirée avec le big band composé de Kehlvin et Rorcal, venu interpréter leur fameux titre de trente minutes, « Ascension ».
Malheureusement, le froid et la fatigue ont eu raison de votre humble serviteur et comme la route du retour s’annonçait longue, j’ai donc décidé de zapper ce dernier concert.
Le bilan de cette soirée est donc extrêmement positif, car en plus d’une affiche des plus alléchantes, l’organisation et le cadre du festival étaient vraiment bien pensés. Dommage qu’une méchante averse en début de soirée ait mis à mal certaines des génératrices, mais, mis à part cela, rien à redire.
Le pari était osé, mais les responsables du festival ont vraiment réussi à combler les deux mille métalleux présents ce soir, le tout dans une ambiance festive, bon enfant, et à un prix tout à fait abordable.
Alors que les gros festivals Suisses boudent de plus en plus la scène métal (hormis le Greenfield Festival d’Interlaken), l’équipe du VnV Rock n’a pas peur de prendre certains risques quant à sa programmation, et pourrait bien devenir un des grands rendez-vous musicaux de la fin de l’été. On se donne rendez-vous en 2009 ? Moi, j’y serai certainement !
Super festival. Entombed ont tout ecrase… Dommage que le son etait un peu pourri pour Impure.
Switchback c’est pas ma came, et leur chanteur se prend pour un vrai « true »: c’était plutôt drôle en fin de compte, mais désolant.
Impure Wilhelmina: j’arrive toujours pas, trop « convenu », même si j’apprécie le niveau des gars.
A Storm Of Light: manque cruel d’inspiration (inspiration venant de vous savez qui). Et comme tu le dis Wakos, peut-être trop jour pour leurs effets. A voir dans une petite salle peut-être.
The Ocean: super efficace pour qui sait avaler facilement, j’ai trouvé ça, je dois bien le dire, un peu surfait. Beaucoup de poudre aux yeux… reste un batteur (local peut-on y lire) assez phénoménal.
Entombed: un vrai plaisir de voir les papys suédois. Super efficace, même si « c’était mieux avant ». Lars Petrov titube comme un Ozzy complètement pêté. Du grand spectacle! :)
Neurosis: pas compris, j’aurais juré qu’ils n’avaient joué qu’une demi-heure, c’est passé tellement vite! Très bon, mais trop court (une fissure espace temps à quelque part, ou je suis parti dans les vap un moment donné?).
…puis le froid, l’humidité et la fatigue ont eu raison de moi.