Ils ont les mêmes couleurs sur leurs drapeaux et la même affection pour le riff pesant, Kehlvin et Fleshworld semblent s’être bien trouvés ! En effet, les suisses et les polonais jouent dans la même cour, celle du postcore/post-metal à atmosphères prenantes, mais chacun à sa manière.
Roulant leur bosse sur les scènes européennes depuis quelques paires d’années, c’est à Kehlvin d’ouvrir ce split avec un Growth à l’entame très virulente et chaotique. Puis les riffs s’alourdissent, le tempo ralentit le temps d’une montée de plus en plus étouffante jusqu’à l’explosion « post » bien râpeuse du final. Un morceau un peu à part en comparaison avec les deux autres titres proposés plus loin: Fistful et To Deny, plus franchement dans une base post-metal « traditionnelle » mais à l’atmosphère tendue et torturée (notamment grâce à une dualité de chants, souvent plutôt gras mais aussi aux cris plus arrachés) qui fait la différence.
De son côté Fleshworld n’a que deux titres mais ceux-ci sont davantage étendus, correspondant aux durées plus typiques du style (12 et 7 minutes). Car au niveau du style, les polonais plongent directement dans les eaux ténébreuses d’un AmenRa ou d’un Minsk, soit du post-metal aux atmosphères plus opaques, plus oppressantes. Même constat que sur leur album au final: bien que teintées de familiarités inhérentes au genre, Fleshworld maitrise l’espace qui lui est alloué et le repeint dans des tonalités grises (il manque peut-être un peu de peur et d’extrême glauquitude pour le repeindre en noir) pour deux titres immersifs qui parleront directement aux amateurs.
Finalement plus proches l’un de l’autre qu’ils n’en avaient l’air, Kehlvin et Fleshworld livrent ici un split puissant et homogène, Kehlvin lâchant les compos les plus incisives (même si elles possèdent leur lot de ralentissements) tandis que Fleshworld pose vraiment ses atmosphères en variant pas mal, casant notamment des passages drones et instrumentaux. Deux visions peu éloignées d’un genre pas vraiment inédit mais des ambiances saisissantes et une intensité toujours dans le rouge, finalement tout pile ce qu’on était venu chercher là.
- Kehlvin – Growth
- Fleshworld – Moiré
- Kehlvin – Fistful
- Fleshworld – Wreckin Constructs
- Kehlvin – To Deny