En vérité je vous le dis : Vrolok ne sont pas sous contrat chez Napalm Records, ni Century Media. Précision utile, en ces temps où pullulent comme au clapier les émules de Korpiklaani et autres Eluveitie, tous plus navrants les uns que les autres, et où la présence de dulcimer, de harpe et d’harmonica au générique d’un album peut facilement enduire d’erreur un esprit dont l’innocence tomberait en épluchures sous le scalpel du divin avortement.
A présent que nous sommes entre nous, prière de baisser les stores, de peur que la lumière ne chope le virus et s’en aille contaminer le monde. Et puis le miasme c’est quelque chose de personnel, finalement. Tout comme l’avanie, le martyre, et toutes ces choses (qu’on ne s’est pas dites – © Marc Levy) que Vrolok portent sur le torse comme autant de cicatrices. Purulentes, les cicatrices.
Void, et ses parenthèses, se construit dans les faits d’une pyramide de fléaux. Dans les catacombes, un vaste complexe funéraire sonorisé par quelque cuistot-tortionnaire fraîchement débauché des geôles de Guantanamo. Le menu : une mélasse incantatoire à fusiller les marmites les mieux revêtues. Le groupe n’hésite en effet pas à creuser son entreprise de longs silences, au fond desquels rampent tels des lombrics, lépreux et translucides, les chanoines parias du Vatican, vous savez, ceux qui disaient ouvertement que le plastique c’est fantastique avant que le vieux Ratzinger arrive aux affaires. Dans les galeries, un dédale de pénombres tapissé de pièges, aux structures inachevées. Les guitares n’ont aucun remord à se désolidariser du cœur des morceaux, le simplisme de leur office n’étant pas moins pervers que leur dissonance. Elles font parfaitement équipe avec des percussions tout aussi déroutantes, tant dans leurs ruades épileptiques que dans leurs pernicieux – et très efficaces – contretemps sur les passages plus doom. Fruit de cette osmose, une atmosphère épaisse et claustrophobe, porteuse d’une sensation permanente de danger. Un suspense métaphysique en quelque sorte, et des plus sordides, à la tension assurée par une réverb’ lourde et grise. On pourra retrouver chez Vrolok ce son baveux, légèrement industrialisé, propre à beaucoup de groupes estampillés USBM. Au sommet, aucune trace d’oxygène. Les vocaux de D. sont plus goudronnés que les poumons de Jeanne Moreau, et les instruments censément oniriques cités en introduction se voient interdire toute tentation de mélodie. Le groupe – qui est probablement incapable d’en tirer autre chose – leur assigne ici et là quelques accords monotones de façon à imbiber certaines parties ambient de contenance. C’est plutôt bien vu.
N’en déplaise, Vrolok ne sont pas des amuseurs publics. Ils n’ont pas les riffs qui sifflotent, encore moins la rythmique qui se démanche, comme cela est de mise pour être érigé prophète de nos jours. Ils ne passent pas de vaseline sur les arrangements, ils ne masterisent pas au Finnvox. En fait ils ne savent pas vraiment jouer, ou sont trop timides pour le montrer. Et n’en ont pas besoin pour mériter le qualificatif d’orthodoxe sans le côté gimmick qui va parfois avec. Vrolok ne promettent rien de plus révolutionnaire que trois petits quarts d’heure d’une extrême onction maudite qui fait bien comprendre au pénitent que la vie, finalement, c’était pas si nul.
- advocatus diaboli
- divine abortion
- grey
- turning purple in the dark
- radiance
- void