15ème album au compteur pour les vétérans norvégiens d’Enslaved avec la sortie cette année d’Utgard, habillé malheureusement par une pochette assez quelconque et passablement clichesque. En même temps on sait bien que les pochettes des albums du groupe sont souvent moches, cela fait donc bien longtemps qu’on ne se fie pas à ça pour essayer d’anticiper la teneur qualitative de leurs opus. Et en l’occurrence on fait bien car après deux albums que j’ai personnellement trouvé assez moyens, je retrouve ici un Enslaved en pleine forme, même s’il m’a fallu quelques écoutes pour arriver à cette conclusion.
Pas que cet album soit si difficile à assimiler dans l’absolu, puisqu’il est l’album le plus court du groupe depuis bien longtemps avec 44 minutes. Bien plus digeste donc que le précédent, E, qui durait plus d’une heure.
Mais j’étais un peu chatouillé par quelques éléments comme ces solos de clavier très prog 70’s un peu rebutants, à l’image de ceux qui arrivent brutalement sur le break avant 2:00 de « Sequence » ou à partir de 3:06 sur le par ailleurs parfaitement excellent « Jettegryta ». Je ne reste pas un grand fan de ces passages mais ils ne m’empêchent plus de me régaler du reste des compositions du groupe et d’apprécier notamment les compositions frondeuses sur lesquelles on retrouve à plusieurs reprises cette sorte de cor guerrier en arrière-plan qui a le don de nous transporter illico sur les champs de bataille vikings tandis que Grutle nous régale toujours de sa voix de crapaud toujours aussi unique.
On apprécie donc l’effort de concision du groupe sur cet album, qui permet de gagner en percussion et en force d’accroche à l’image d’un « Homebound » qui nous attrape immédiatement. Le revers de la médaille est tout de même que certains titres peuvent donner l’impression de se terminer un peu abruptement (comme le superbe closer « Distant Seasons » qu’on aurait bien vu s’étirer un peu plus).
Et puis que les mélodies sont belles (exemple sur « Sequence » ou le refrain de « Flight of Thought and Memory ») portées la plupart du temps par la voix claire du batteur souvent doublée ou triplée dans des chœurs qui sont un vrai ravissement pour les esgourdes… Pour autant Enslaved n’ont jamais été hommes à se vautrer dans la fange de la facilité et ils ont souvent apprécier de provoquer un peu leurs auditeurs en faisant preuve d’une belle audace et c’est ici le cas sur l’interlude « Utgardr » qui débouche sur l’ovni « Urjotun », un titre dont les sonorités très krautrock suscitent déjà de vifs débats entre partisans et détracteurs. Je me range définitivement du côté des premiers, j’adore et j’en redemande.
Au final, ce nouvel album d’Enslaved est un nouveau coup d’éclat à mettre au crédit du groupe, à mon sens rien de moins que leur meilleur album depuis 8 ans (et l’excellent « Riitiir »). Quelle belle forme ils tiennent ces norvégiens!
Tracklist :
01 – Fires in the Dark
02 – Jettegryta
03 – Sequence
04 – Homebound
05 – Utgardr
06 – Urjotun
07 – Flight of Thought and Memory
08 – Storms of Utgard
09 – Distant Seasons