Doedsmaghird ?
Probable que ce patronyme bien norvégien ne vous dise rien de plus qu’à moi, avant de découvrir ce Omniverse Consciousness, pourtant il suffira de mentionner un nom pour que tout s’éclaire probablement : Vicotnik (soit Yusaf Parvez). Le maître à penser de Dødheimsgard, avait semble-t-il gardé sous le coude du matériel qu’il ne souhaitait pas destiner à son projet principal. D’où la création de ce nouveau projet avec Camille Giradeau, notre compatriote et guitariste de Dødheimsgard.
Après le monstrueux Black Medium Current (album de l’année 2023), on ne pouvait qu’être enthousiaste à l’idée de se reprendre une dose de metal avant-garde dont Vicotnik a le secret. Oui parce que si le nom a changé, ce premier album de Doedsmaghird ressemble à s’y méprendre à un nouveau album de DHG. Probablement d’abord car Vicotnik en est le chanteur et qu’on reconnaît immédiatement son timbre halluciné et théatral qu’il fait à nouveau varier entre chant clair délirant et chant extrême/black féroce.
Mais même musicalement, si ce nouveau projet semble s’inscrire dans une frange un peu moins spatialo-mélodique, il apparaît rapidement que les 9 titres d’Omniverse Consciousness ont néanmoins ce qu’il faut pour attirer les fans du combo culte norvégien. A l’image de la pochette de l’album, on se trouve toujours confronté à un metal extrême avant-gardiste, qui reste extrêmement singulier. Et tant mieux, on aurait eu du mal à imaginer Vicotnik nous proposer autre chose tant il possède sa patte et son approche bien personnelle de la musique.
Peut-être un peu plus agressif que Black Medium Current (quoique), Omniverse Consciousness n’en est pas moins un album varié qui fait la part belle au mélange organique/électronique que Vicotnik semble chérir, les éléments synthétiques étant encore une fois de la partie pour venir accompagner les assauts guitaristiques parfois très acérés (« Sparker inn en åpen dør ») de Giradeau, et apporter une touche atmosphérique aussi bienvenue que bizarre (cf « Endless Distance »), y compris pour accompagner le piano de l’interlude « Endeavour », ou le flutiau halluciné de « Min Tid Er Omme », avec parfois des reminiscences du old Negura Bunget sur certaines de ces sonorités synthétiques en arrière-plan. Comme avec DHG, on sent bien qu’on est toujours dans le metal extrême, mais qu’on est tout de même assez loin du black metal classique (même si « Then, to Darkness Return » n’est finalement pas loin d’être un morceau « classique » de BM atmosphérique, et très réussi qui plus est). Mais il suffira de sentir le classicisme (relatif…) poindre pour voir Vicotnik appuyer sur le frein, braquer le volant et proposer quelque chose de plus mélodique et planant, à l’image du très beau « Death of Time » sur lequel même son chant se fait par moments beaucoup plus apaisé.
Assez facile d’accès finalement (avec des titres qui ne s’éternisent jamais et un album durant « seulement » 49 minutes) surtout quand on le compare au très hermétique A Umbra Omega, mais sans atteindre -faut pas déconner- la maestria émotionnelle de l’intouchable Black Medium Current (qui fera sans doute figure de mètre étalon pour le genre avant-garde pendant un long moment), Omniverse Consciousness a néanmoins à l’évidence tout ce qu’il faut pour ravir les fans de DHG qui n’ont pas envie d’attendre probablement plusieurs années pour retrouver la folie de Vicotnik gravée sur plastique.
Tracklist :
01. Heart Of Hell
02. Sparker inn en åpen dør
03. Then, to Darkness Return
04. Endless Distance
05. Endeavour
06. Death Of Time
07. Min Tid Er Omme
08. Adrift Into Collapse
09. Requiem Transiens