Si Black Sab’ avait le chic pour donner à son blues une posture démoniaque, Ride for Revenge est très certainement celui qui pourrait de son mojo irradier un cimetière à en faire danser ses morts sans aucune passion.
De la posture narcoléptique Ride for Revenge a gardé son entichement pour cette flexibilité et fluidité du morne, gloire de la non vie, rédemption de la vitalité, l’antimatière de l’existence comme confession de l’esprit sur l’esprit; une raison pour aboutir dans un bouillonnement léthargique à la mollesse d’une certaine forme d’horreur qui provoquerait presque la musique sur son propre terrain sémantique.
Et pendant que les serial killers égrènent leur langueur nécrotique à coup de delays apathiques et de basses électoniques, l’effusion atonale révèle ses cercles concentriques pour une séance d’hypnose parfaite en milieu conditionné où les ustensiles prêts à vous pénétrer la chair frôlent le zéro absolu.
Une fois la catalepsie atteinte vous serez démembrés à coup de hache, ne vous inquiétez pas même les yeux ouverts vous ne sentirez rien.
Il faudra bien ça pour déconstruire son avis sur le disque pour s’apercevoir à quel point Wisdom of the Few est totalement habité voire psychédélique.
Ses grands élans annoncés par leurs engourdissements endémiques révèlent des mécaniques vibratoires qui amènent forcément à se rapprocher du minimalisme tribal recherché à ceci prêt que Ride for Revenge nage dans une morbidesse de tous les instants qui fait flipper plus que de possible.
C’est bien simple prenez Beherit et croisez le à Haus Arafna et vous obtenez à peu de chose prêt un album comme Wisdom of the Few, entre la ballade acidulée, le trip rituel et la grand messe satanique; cherchez pas on vous remboursera pas le billet si vous vous plantez dans votre planning.
Entre le nauséabond et le mystique, le lourd et le fanatique, les finlandais de Ride for Revenge se fraient un chemin qui même s’il est singulier, rappelle que d’autres groupes comme Abruptum ou Stalaggh ont à leur manière ouvert une voie pour ce genre de sonorités dangereuses.
Un album à prendre avec des pincettes mais des ambiances assumées au possible et restituées avec assez de clairvoyance pour donner la mesure de ce que les finlandais ont voulu produire.