Haus Arafna – You

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Style: Sugar noiseAnnee de sortie: 2010Label: Galakthorrö

Avec Haus Arafna on ne sait jamais quel genre de claque on va se manger. Le revers de la main peut trancher le silence comme un cri sourd envahit les nuits calmes qui bourrent les calendriers de leur présence informelle. Ces nuits dont on ne parle jamais car elles se déroulent derrière vos yeux clos et alourdis par le sommeil pleins de rêves victoriens. Blut/Trilogie des Blutes, Children of God, Butterfly étaient ces phares numériques depuis lesquels les prestidigitateurs envoyaient des signaux forts et lumineux vers le monde. Des signaux à l’allure féroce et au cuir doux, à la chimie carbonée et poreuse de cet indus martial qui baignait dans le flux du polymère organique power electronics. 2010/2011 le papillon entre dans la lumière.

Après la réédition de Blut/Trilogie des Blutes en 2006, silence radio, Mr & Mrs Arafna passaient sous les radars, les mains rougies par les bains de sang d’une trilogie compilée exemplaire. Comme à leur habitude ils restèrent très discrets ne sacrifiant à aucun rituel consumériste, une coquetterie digne de cette machine à créer des boucles : aucun sampler, aucun mot plus haut que l’autre, aucune interview donc, aucune promo. Le binôme arpente sa destinée en soliste et avance sur le macadam bruni par les cérémonies officielles de la musique électronique, le visage couvert. Un voile d’étrangeté pour laisser planer le doute et affirmer que l’intime est aussi une question d’exposition circonstanciée. L’intime, domaine que certains fervents pratiquants de la scène power electronics touchent du scalpel et explorent avec dévotion, derrière le granit, la torsion, l’émotion, la douleur… La rencontre est toujours ce moment d’affirmation par le contact, quel qu’il soit.

Avec You, le dialogue s’ouvre à et avec l’autre, le double langage s’émeut de son propre reflet dans le miroir déformant des réalités, le discours hétérodiégétique créé une ondulation et une focale pour la narration qui absorbe la force des effets de ses cercles concentriques, patterns travaillées au cordeau, à travers d’empoignants loopings dissonants qui survolent des états psychiques mis en scène par des mécaniques narratives précises et abrasives. Haus Arafna n’a jamais sonné aussi clair et direct, You a cette élégance minimaliste et classique que le couple allemand peut développer à travers November Növelet son autre Lui, qui impulse à travers certains kick ces vagues bien plus dansantes que le simple reflet terroriste qu’on pouvait lui prêter plus volontiers. Le développement se poursuit sous les préparations de Mr Arafna, la noise et les effluves de power electronics sont toujours, bien évidemment, présentes. Les écorchures habillent comme des manteaux vivants les titres de You, pénètrent les distorsions lancinantes de nappes harsh comme l’acide attaque le métal, les cicatrices sur le blanc immaculé de la résilience racontent la vie des sentiments charbonnés au rythme de la douleur et affrontent l’horizon les yeux dans les yeux. Les textures vrombissantes et déchirées se distendent et se raffermissent dans des ballets de convulsions stridentes corrompues par le flegme de l’intransigeance. Ça crie, ça hurle quand ça hait. Ça chuchote, ça s’expose, ça chantonne quand ça se love. Les oscillations créent des larsens lorsque les expériences virent au plus extrême. Les samples sont triés sur le volet. Les basses monotones habitent le fond du décor comme des insectes volants bioniques les gorgeant d’un pathos tragique et morne indélébile. Ambiance clinique aux murs asceptisés et ballades noires sans pareil se répondent. Esthétique inflexible à l’érotisation certaine, à la complainte suave, cette décadence mise en scène avec un sens du romantique indéniable, fonction burlesque s’il en est puisque c’est cette notion qui crée de l’intime, par chaînes et par vocation, dialectalisent et fragmentent le message comme la plus vile des caresses…

You est certainement le meilleur album d’Haus Arafna, certainement aussi son album le plus mélodique. Un disque aussi beau que sombre et minimaliste ; You est certainement aussi beau que toi, mais pour le voir, il faudrait peut être que tu te sois déjà vu dans le miroir.

You love you.

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Commentaire

  1. guim says:

    Oui Monsieur.

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