Albums de l’année
Rome – Flowers From Exile
Emancipés du carcan neo-folk, les dandys luxembourgeois rouvrent tout en douceur quelques plaies de l’histoire récente et en extraient pour nous tous un devoir de mélancolie fédérateur, plus urgent que jamais.
Beherit – Engram
Trop de groupes revenant d’entre les morts prennent le soin de s’essuyer les pieds sur le paillasson du goût du jour. Beherit est le parfait contre-exemple avec ce missel de blasphèmes sans collagène. Putride, retors, old-school, impeccable !
Wolves in the Throne Room – Black Cascade
Une tempête dans la nuit noire… Les loups rugissent de plus belle et réduisent ici la voilure à sa plus simple expression, qui est aussi sa plus intense. Un mur de granit, criblé de fulgurances panthéistes. Une de ces perfusions dont le black metal se nourrit pour grandir.
Cobalt – Gin
Quand la sueur le dispute à l’intellect. Des spirales de riffs énormes dans un chaudron étouffant dont l’émail se fissure sous les blasts. Sans occulter la tentation insistante d’un metal mid-tempo, alternatif et hypnotique. Les Swans ont tourné !
DäLek – Gutter Tactics
Entre deux de leurs passages bimestriels à Paris, MC Dälek et Octopus font ronfler les machines en coulisses, et nous gâtent avec un nouvel opus primordial où les rancoeurs indissociables de leur rhétorique suburbaine resplendissent dans le halo noise avant-gardiste qui leur vaut à juste titre l’adhésion d’un public éclectique.
Archgoat – The Light-Devouring Darkness
L’archichêvre se livre à un nouveau carnage sans nom dans la bergerie. Malheur aux survivants de Whore of Bethlehem, la nouvelle descente des papes du raw war metal des mille lacs sonnera leur trépas !
Shining – Vi – Klagopsalmer
On commence à se demander si Shining commettra jamais une faute de goût. En tout cas pas avec ce sixième méfait, qui perpétue avec une efficacité insolente l’accueil homéopathique d’influences exogènes (blues, progressif) dans un dark metal plus poisseux et décadent que jamais.
Katharsis – Fourth Reich
Quand l’hystérie débridée des premiers albums s’estompe au profit de pavés monolithiques, nimbés de subversion et d’orthodoxie noevdiesque, véhicules d’une misanthropie vissée aux tripes, à glorifier dans les écoles du terrorisme auditif. La très grande classe !
Proclamation – Execration of Cruel Bestiality
En 2008, les équarrisseurs espagnols n’ont laissé que peu de dépouilles inviolées ; en 2009 ils repassent le couteau dans les viscères avec un album qui est ni plus ni moins que le frère jumeau de Messiah of Darkness and Imputity. Une place dans le top 10 était donc dans les écritures…
Funeral Mist – Maranatha
On ne l’attendait plus. Après avoir ranimé le cadavre de Marduk, Arioch revient auprès de son enfant frappé de morbidité avancée… Le résultat est un nouvel album possédé, où la puissance extatique des thèmes et la schizophrénie vocale du despote se partagent le trône.