Viktoria (Marduk), Hekatomb (Funeral Mist). Deux albums sortis à quelques jours d’intervalle avec comme dénominateur commun l’immense Mortuus/Arioch en tant que frontman et chanteur. Et même plus que simple chanteur/frontman puisque Funeral Mist est SA chose, son projet qu’il mène de main de maître depuis plus de 20 ans (la sortie du premier EP, Devilry, datant de 1998) et sur lequel il prend en charge tous les instruments et la composition.
Mortuus (enfin Arioch) prend (malheureusement) son temps pour nous régaler de ces galettes de trve evil (orthodox) black metal. Après un Salvation qui l’a vu exploser en 2003 aux yeux des pandas de tout horizon, ce n’est qu’en 2009 qu’est sorti le deuxième album, Maranatha. L’écart temporel avec le nouvel album s’est encore creusé, puisqu’il a cette fois fallu patienter 9 ans avant de mettre enfin la main sur Hekatomb. Et la seule déception en vue sera uniquement à trouver du côté de sa durée puisque l’album ne dure malheureusement que 43 minutes, ce qui en fait l’album le plus court parmi les 3 sortis par Funeral Mist. Mais ce qu’on perd en durée est largement compensé par la qualité proprement immense de cette nouvelle livraison, à nos yeux la plus jouissive et réussie de tout ce qu’a sorti le suédois à ce jour.
D’autant qu’Hekatomb s’éloigne de son prédécesseur qui était plus rampant, lourd et vicieux, en se présentant sous un aspect beaucoup plus frondeur. En cela il se rapproche donc de Salvation plutôt que de Maranatha, tout en étant aussi plus digeste que le premier (et sur ce point les 20 minutes de moins au compteur sont plutôt un atout). La production y est certainement pour beaucoup, rendant la musique du suédois plus claire et lisible, ce qui permet de profiter parfaitement de la puissance de ces compositions mais aussi de celle de ses vocaux toujours aussi possédés et monumentaux. Point commun avec les œuvres précédentes, on retrouve une fois encore cette ambiance religieuse (maintenant la filiation orthodoxe), toujours avec parcimonie, comme avec ces chants religieux sur « Naught but Death » ou ailleurs d’autres samples de chants ou cris/voix, qui contribuent toujours à imprégner l’œuvre de cette ambiance mystico-poisseuse. Comme je l’écrivais dans la chronique de Viktoria, Arioch me semble être l’un, si ce n’est le meilleur chanteur de black metal en activité (on n’oublie cependant pas l’énorme Roman Saenko). Il représente vraiment l’incarnation du mal absolu, de toute l’horreur du monde, et son chant qu’il soit hurlé ou dégobillé, permet de faire passer les plus sinistres émotions au premier rang desquelles la haine évidemment.
8 titres, rien à jeter, tout à hurler, mais si l’on devait mettre en avant un morceau, ce serait certainement « Cockatrice », énormissime avec notamment le recours subtil à un synthétiseur utilisé dans le même esprit que ce que pouvait proposer Lunar Aurora afin d’installer une atmosphère évocatrice.
Mais le reste est également énorme croyez-moi, l’album s’écoute sans pause, on se laisse emporter dans le tourbillon de haine dépeint avec toute la conviction requise par un Arioch toujours aussi transcendé. Le seul bémol est peut-être à trouver dans une pochette moins marquante que les précédentes (même si celle de Maranatha était assez dégueulasse) avec ce visuel esprit Blairwitch/Evil Dead. Ce n’est clairement pas ça qui nous empêchera de profiter du meilleur album de black metal de l’année 2018…
Tracklist :
01 – In Nomine Domini
02 – Naught but Death
03 – Shedding Skin
04 – Cockatrice
05 – Metamorphosis
06 – Within the Without
07 – Hosanna
08 – Pallor Mortis