Dis moi, Rock’n’roll, où est passé ton mojo, ta pulsation qui a foutu à poil des générations de tiffus dans les années 60/70 ? Ton rock qui fait parler la poudre sous le grain chaud de ton soleil endiablé, celui qui a baigné de ses rayons les bars à putes de tous les pays de ce monde, de tous les festivals et les fêtes depuis plus d’une cinquantaine d’années ? Toi aussi tu cotises pour ta retraite? Rien d’obséquieux mon vieil ami, on en est tous là… Allez tape un carton juste pour te rappeler à ton souvenir, même le plus diffus.
C’est à peu de chose ce qu’ont dû se dire les mecs de Graveyard avant de former leur band au début des années 2000, né sur les cendres de Norrsken qui aura aussi enfanté Witchcraft, les suédois ont au moins les idées claires sur le chemin à suivre, ils prennent l’autoroute du rock à 88 miles à l’heure et choisissent la sortie « Legend of Rock » pour la fin du voyage, histoire de faire les choses bien comme il faut.
Belle suée, aux accents vintage, et à la chaleur cuivrée endémique au genre. La première fois qu’on écoute Hisingen Blues on pense immédiatement à Led Zep pour le timbre de la voix de Joakim Nilsson surtout que ce dernier ponctue le tout de riffs bien tassés et velus quand le groove pousse le palpitant dans le rouge; on goûte aussi quelques sorbets des Doors quand le groupe se fait plus atmosphérique et fait valser son orgue, et quand ça frappe plus lourd sous les impulsions d’une basse bien présente on retrouve du plomb de Black Sab’ histoire d’ajouter un peu de dureté au cocktail.
Et puis les suédois connaissent leurs classiques surtout quand ils viennent vous réciter le southern rock made in Lynyrd Skynyrd sur Uncomfortably Numb, presque trop bon élève pour être vrai, et pourtant si on met de côté le gimmick « autant écouter les groupes pompés » qui avouons le ferait passer 98% de la musique actuelle pour un erzatz du passé, il reste juste le fait que Graveyard fait plaisir aux feuilles et joue assez intelligemment de son image pour qu’on comprenne assez vite que les mecs sont vraiment des fondus de ce son et cette époque, pas la peine de bouder son plaisir, laisser faire la jovialité du disque est naturellement plus que recommandable, et à ce niveau Hisingen Blues est plutôt bavard.
Retour cuivré et enjoué, Graveyard s’affirme avec ce nouveau disque comme un groupe qui a encore beaucoup à dire, Hisingen Blues est d’une cohérence sans faille et l’ensemble des morceaux qui le composent sont tirés au cordeau, démoniaque de précision et d’à propos, tu reprendras bien la moitié d’un fat freddy n’est ce pas ?
J’aime beaucoup, merci pour la découverte Guim !
quelle belle pochette !
un peu trop psyché à mon goût (même si pas hyper psyché) mais intéressant !