Enablers – Blown Realms and Stalled Explosions

Pas de commentaires      2 006
Style: post-rock noisy à spoken wordsAnnee de sortie: 2010Label: Exile on Mainstream

Début de soirée à San Francisco, comme à l’habitude le Golden Gate émerge à peine de la brume, d’un bar à flanc de colline, on entend quelqu’un déclamer des poèmes d’un ton désabusé. On entre, derrière lui 2 guitares, une batterie, l’accompagnent tout en lui laissant le premier plan momentanément.
Enablers ressemble à un groupe de vieux bluesmen jouant au fond d’un bar depuis des lustres, clope au bec, gueules de bois aux traits tirés et aux cheveux grisonants. Au premier plan, un dandy dégarni en costard, à l’haleine chargée en bourbon récitant ses phrases alambiquées, puis s’exclamant comme un oracle allumé lors d’envolées noisy. Sorte de version déclamée de Nick Cave, posée, assumée, grave et chaude. Puis d’un coup, on la trouve presque sage en comparaison des guitares, blues dans le son et le feeling, qui deviennent noise dans le jeu, dissonant et tendu, mais avec une assurance et une maturité dans les progressions d’accords qui révèlent l’influence du jazz.

Pete Simonelli ne s’impose pas, il laisse souvent le devant de la scène aux instruments. Une certaine monotonie s’installe avec la longue litanie que sont ses paroles, qui doivent certainement prendre une toute autre dimension dans l’oreille d’anglophones avertis, mais l’imagination du jeu des instruments, que ce soient les guitares ou la batterie, relève le tout. Pour autant, la présence emprunte de classe des spoken words parait quand même indispensable.

Enablers font penser musicalement parfois à 31 Knots dans leurs aspects math rock, comme sur “Hard Love Seat”, instrumental qui laisse éclater le jeu du nouveau batteur qui accompagne le groupe sur cet album, plus noise sur “Rue Girardon”, qui pourrait être une version appaisée, moins sociopathe, d’Oxbow, à Slint ou à Karate dans les morceaux plus intimistes, post-rock jazzy. Histoire de citer quelques noms, mais Enablers est un groupe iconoclaste, et Blown Realms and Stalled Explosions encore un album très personnel.
En général, l’écoute de ce quatrième LP des Californiens se révèle parfois pesante, difficile, il est moins immédiat et souvent plus agressif que Output Negative Space, mon préféré du groupe, datant de 2006, ou leur précédent, Tundra, mais c’est encore une belle réussite pour qui veut s’accrocher. Enablers n’ont pas fini d’errer dans les bouges à poivrots mais c’est sûrement les endroits où le rock est le plus vivant et intéressant aujourd’hui… sûrement pas à la radio…

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

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