L’intro est placide et met tout de suite dans l’ambiance, une note de slide guitar tourne autour d’accords à la steel, débuts de répète hésitants en forme de gueule de bois. On est bien dans le sud des Etats-Unis, on entendrait presque une brise chaude soulever des tourbillons de poussière. Puis dès les premières explosions d’infrabasses de « It Was Beautiful But Now It’s Sour », le gros son est laché, le sludge est de sortie, tout cela ne laisse augurer que du bon, on retrouve Rwake au meilleur de sa forme. 4 ans qu’on attendait une suite à l’excellent Voices of Omen, il était temps.
Dommage que cette entrée en matière réussie retombe assez vite devant la lenteur à évoluer de ce morceau aux 12 minutes interminables. Et le reste de l’album est malheureusement tout aussi laborieux. Ils ne se sont pas foulés, 4 ans à glander et ils n’auront réussi qu’à élaborer 4 titres qui semblent découler de jams longuets.
Rwake reste un des groupes les plus intéressants à s’être jamais attaqué au sludge, le sortant de la crasse abrutie pour le transformer en râle apocalyptique progressif, et l’atmosphère qui se dégage de Rest en fait en soit un album plus intéressant que la myriade de copieurs plus ou moins inspirés qui éclosent ces temps-ci, mais pour ceux qui souhaiteraient découvrir le groupe, autant commencer par Voices of Omen (2007) puis If You Walk Before You Crawl, You Crawl Before You Die (2004) et Hell Is A Door To The Sun (2002).
Rest est décevant pour du Rwake, en terme de quantité comme de qualité. Le groupe profite de sa capacité à élaborer une atmosphère, usant surtout d’une voix au phrasé toujours aussi démoniaque, pour faire passer quelques riffs moyens, étirés au maximum pour combler un manque de finalité de morceaux qui pourraient en dire autant en quelques minutes. « The Culling » par exemple, les 6 minutes d’intro acoustique façon “Call of Cthulu” et les 16 minutes totales du morceau ont vite fait de me saouler. « An Invisible Thread » comme « Was Only a Dream », tentatives d’explorer des riffs un peu plus positifs tournent en une bouillie d’où émergent quelques solos passe-partout. A noter également que les extraits de dialogues et samples qui enrichissaient certains de leurs morceaux sont quasiment inexistants sur cet album.
Cet album est donc bel et bien une régression dans leur discographie pour moi, j’attendais plus du groupe et si on leur faisait remarquer plutôt que continuer à les couvrir d’éloges, peut-être qu’ils se sortiraient les doigts du cul! Trop de repos rend léthargique. Au boulot, les poivrots, la fin du monde approche, on veut une meilleure bande son que ça!