Vous pouvez d’ores et déjà oublier le dernier paragraphe de ma chronique de The Eternal’s Drift Canticles, précédent album de Verdun. En effet, à l’époque le groupe montpelliérain s’était séparé de son chanteur et avait récupéré Paulo Rui (Besta, Redemptus), sauf que quelques mois plus tard, gros revirement de situation: Dadoo is back! David Sadok, le chanteur originel du groupe profite donc de son faux-départ pour faire redécoller ses comparses – plus que trois désormais suite au départ d’un guitariste, l’autre ayant d’ailleurs été remplacé par Jay Pinelli (Sektemtum, Mudweiser) – en direction du studio (celui du très bon Cyrille Gachet, responsable sonore entre autres de Year Of No Light, Fange ou de Bagarre Générale). Bref, tous les signaux étaient au vert pour enregistrer le troisième (et dernier) chapitre de l’histoire de l’Amiral Masuka, épopée cosmique sur fond de sludge/doom mystique et torturé.
Du haut de ses neuf minutes au compteur, « Return Of The Space Martyr » démarre avec un sludge/doom pesant et lancinant. Comme d’habitude chez eux, on retrouve cette ambivalence entre le gras des riffs et l’atmosphère ultra-glaciale qui en font un bloc bien compact, un peu éreintant même. « Darkness Has Called My Name » poursuit dans ce même climat hivernal sauf que dès son intro, ce second titre possède une accroche plus prononcée avec cette guitare à la mélodie emplie de tristesse venant contrebalancer la lourdeur ambiante. Un titre assez long (plus de dix minutes) qui connaîtra une évolution éthérée où le chant se mue en plainte.
Car une fois de plus, c’est la tristesse qui mène les débats chez Verdun. Celle-ci s’exprimant aussi lorsque le chant s’éclipse comme sur l’interlude « интерлюдия », court titre Cult Of Lunien dirigé par une basse hypnotique. « Venom(s) » se signale ensuite par une plus grande variété rythmique, avec quelques accélérations brisant un peu l’effet de pesanteur au profit d’une violence plus directe (mais toujours désespérée). Après un « The Second Sun » très bien foutu, plutôt mélodique et assez mélancolique, Verdun surprend encore deux fois avec « L’Enfant Nouveau » d’abord, premier titre de leur histoire chanté en français qui modifie les impressions de l’auditeur, surtout beaucoup d’émotions; puis à nouveau avec « Ästräl Säbbäth », conclusion qui possède un « refrain » plutôt fédérateur qui viendra illuminer un titre pourtant au paroxysme du désespoir.
Après nous avoir conté l’évasion cosmique de l’Amiral Masuka (sur le premier EP du même nom – 2012) puis ses errements sur The Eternal Drift’s Canticles, Verdun clôt superbement ses aventures avec un nouvel album qui, en dépit de ses quelques longueurs, possède le même type de paysages que ses aînés: douleur, pesanteur et contemplation d’une terre post-apocalyptique par le hublot de la capsule dérivant en orbite. Un voyage en trois étapes particulièrement marquant.
- Return Of The Space Martyr
- Darkness Has Called My Name
- интерлюдия
- Venom(s)
- The Second Sun
- L’Enfant Nouveau
- Ästräl Säbbäth
Les compères ! Je les ai vus il y a deux mois sur la tournée (cf. metalnews). L’évolution du groupe me paraît représentative de celle de tout le Sludge Doom actuellement. Ils ont gagné en limpidité en supprimant une guitare même si le fond musical n’a pas – encore ? – connu de virage.