Toujours animés du désir de se détacher des poncifs du genre (le death metôl), les bouchers de Necroblaspheme remettent le couvert après un Destination Nulle Part salué à sa sortie en 2009. D’entrée de jeu la pochette intrigue à nouveau par sa singularité, cette esthétique étrange dont on ne sait pas d’abord dire si elle plaît ou déplaît. En tout cas elle intrigue et ça c’est indéniablement une bonne chose. Difficile d’imaginer à la simple vue de cette illustration qu’on va avoir affaire à une grosse ogive de brutal death.
Le groupe s’est séparé de son label Agonia Records, pour accoucher de cet EP (29 minutes tout de même) en autoproduction (sur leur propre label Deeper & Sons) avec un contrat de distribution chez Season of Mist.
Au menu de cette petite demi-heure donc, un déferlement de décibels, un gros brutal death qui tâche, bien crasseux mais qui n’oublie pas l’atmosphère. La production (signée encore une fois Francis Caste) et le son de l’album renforcent cette impression crasseuse, on est bien loin d’une prod moderne et lisse à la Tue Madsen, ici ça grésille, c’est gras, bref ça envoie le pâté en mode boucherie-charcuterie de quartier. Le groupe confie d’ailleurs avoir enregistré sur un vieil ampli Marshall un peu usé, histoire de rester dans l’esprit « roots » voulu. Et le son sied parfaitement aux compos puissantes et glauques, qui tirent parfois vers le black lors des passages les plus speed (on pense parfois à la furie apocalyptique de Anaal Nathrakh), mais nos équarrisseurs de service savent aussi ralentir le tempo pour introduire des moments pesants qui servent encore cette atmosphère poisseuse. Le groupe a d’ailleurs à l’évidence grandement travaillé le final de chaque morceau, qui installe parfaitement l’ambiance et fait bien la transition avec le morceau suivant. « H vs H : Last Exit » mise de son côté sur la présence d’extraits de film utilisés avec efficacité et heureusement avec parcimonie. Il faut plusieurs écoutes pour assimiler cet album pas forcément immédiat, et dont les accroches se révèlent avec les écoutes, et ce même si quelques titres sortent immédiatement du lot comme « Seated… », le surbourrin « I, Shemale » (et son break génial et inquiétant à mi-morceau) et le conclusif « The Great Dead Moose ». Une fois l’assimilation complète et la moelle osseuse mise à nu, l’addiction est complète.
A noter la présence en milieu d’album d’une reprise assez monstrueuse du célébrissime « Sound of Silence » de Simon & Garfunkel, ici transfiguré, métamorphosé en grosse bombe de lourdeur et de noirceur qui se termine en blasts suffocants. Impressionnant, et accessoirement un modèle d’appropriation s’agissant d’une reprise, à tel point qu’il faut un peu de temps pour reconnaître le tube qu’on connaît tous. Le titre s’intègre en outre parfaitement aux autres et la cohérence globale reste intacte.
Une grosse réussite dont on regrette simplement la courte durée, mais le groupe promet de balancer régulièrement des EP pour combler les amateurs de steak tartare.
L’album est en téléchargement gratuit ici : http://www.thedeeper-thebetter.com et un digipack peut être commandé en ligne pour ceux qui préfèrent avoir un objet complet.
Tracklist :
01. Seated at the Left of the Sick
02. Human vs Humans : Last Exit
03. I, Shemale
04. The Sound of Silence (Simon & Garfunkel cover)
05. Vautour
06. XXVI : The Great Dead Moose
Il y a très longtemps que je n’avais pas écouté un CD aussi nul avec en plus un souffle énorme en bruit de fond sur les passages calmes.
En même temps si tu passes de Eths à Necroblaspheme, c’est pas étonnant que ça te fasse comme un léger choc…