Bon je sais que des membres de Cruciamentum, en bons Anglais qui se respectent, ont plusieurs jobs (Grave Miasma, Deströyer 666) mais j’ai du mal à croire qu’on n’a pas affaire à une bande de types qui ont un poil dans la main. Alors certes la main en question fait tout ce qu’il faut pour faire saigner les murs mais il serait temps que l’Europe impose des quotas musicaux.
Jugez-en plutôt : naissance en 2007 ; une demo d’un seul titre en 2008 ; une demo de 4 titres (dont celui de la demo précédente) en 2009 ; un split en 2011 (un seul titre là encore…) ; un EP en 2011 (bon ça rattrape pour l’année) et, finalement, un premier album en 2015 (reprenant le titre du split avec Vasaeleth!). Je ne suis pas partisan des cadences infernales mais que va-t-on faire de ce quatuor lorsque les codes du travail du monde entier seront enfin alignés sur celui du Bangladesh ?
Eh bien on va commencer par le remercier. Parce que j’avais pile poil besoin de prendre une dose de gros death old school bien poisseux direct dans ma trogne. Fi des accélérations supersoniques, exit les 72 ouvertures de tiroirs toutes les 10 secondes. Il me fallait des riffs sortis tout droit des enfers, du morbide épuré, des entrailles putréfiées mises en musique. Parce que c’était eux, parce que c’était moi. L’écoute de ce Charnel passages a coïncidé avec l’écoute du dernier Horrendous. Vus les besoins exposés ci-avant, personne ne tombera de sa chaise en apprenant que l’orientation des Américains m’ayant déçu, la joie d’accueillir un nouveau Cruciamentum au meilleur de sa forme s’en est trouvée décuplée. Mais il faut essayer d’examiner avec recul la qualité intrinsèque des quasi 45 minutes.
Ce premier album, et c’est relativement logique, poursuit une évolution s’éloignant des débuts. Entre temps, en effet, Grave Miasma a vu le jour et le côté black/death des membres de Cruciamentum a pu trouver dans ce projet de quoi donner toute sa dimension. Il semblait donc inévitable qu’ils s’adonnent à une forme de death un peu différente. Et c’est tout à fait malin. Car il aurait été vain de chercher à concurrencer Odori Sepulcrorum qui tient le haut du pavé en la matière.
Place donc à des structures moins primaires, des riffs tranchants (Immolation et consorts ne sont jamais loin), une agressivité plus rentre-dedans voire groovy (attention, c’est pas Kataklysm, hein ! même si on a droit à des breaks bien sentis comme sur « Tongues of nightshade », le travail sur les ambiances macabres reste le fond de commerce, « Collapse » en tête). Je dois reconnaitre que la production joue sans doute un peu sur les impressions que me laisse Charnel passages. C’est quand même plus « léché » qu’auparavant. Si vous n’êtes pas fanatique absolu des productions underground, vous devriez aisément reconnaitre que le groupe ne perd rien en efficacité. Le moyen le plus pertinent pour s’en rendre compte consiste à écouter le titre « Rites to the abduction of essence » présent sur le split de 2011.
Certains groupes ont pour vocation de donner une version musicale de leur conception de l’enfer. Cruciamentum, à l’instar d’un Dead congregation, est là, plus prosaïquement, pour l’enfanter.
https://www.youtube.com/watch?v=YbqL1xtj7jY
Tracklist :
01-The Conquered Sun (The Dying Light Beyond Morpheus Realms)
02-Necrophagous Communion
03-Tongues of Nightshade
04-Rites to the Abduction of Essence
05-Piety Carved from Flesh
06-Dissolution of Mortal Perception
07-Collapse
Vraiment mortel en effet! Dans le top des albums de death de l’année!