Cela fait près de 15 ans que le groupe bordelais de death technique Gorod est actif, sort des albums et parcoure la France en tournée, évoluant lentement mais surement, progressant album après album, si bien que leurs albums les plus récents sont pour moi à chaque fois un pas en avant. Leurs 3 albums chez Willowtip Records (2005-2009), un des labels américains majeurs du genre les exposaient déjà comme une valeur sure et certainement le meilleur groupe français pratiquant cette musique, mais la notoriété ne fut pas vraiment au rendez-vous et leur nom peu connu meme au sein de la scène métal française.
La musique de Gorod avait besoin d’arriver à maturation et contrairement à beaucoup de groupes qui stagnent après les premiers albums, eux continuèrent à progresser en tachant d’ouvrir leur musique à des influences diverses. J’ai réellement commencé à me considérer comme un fan du groupe avec l’EP Transcendance dont seul le titre du meme nom était un morceau original, mais quel morceau, ça reste pour moi leur oeuvre maîtresse. C’est pour l’enregistrement de cet EP qu’arriverait un nouveau chanteur, Julien Deyres, qui apporta une plus grande variété vocale à leur musique, dépassant les growls linéaires propres au death metal en y ajoutant des cris plus « core », des spoken words et paroles chuchotées. Le premier album auquel il participa, A Perfect Absolution (sorti en 2012 et déjà leur 4ème album) était déjà pour moi l’album qui aurait du leur assurer une reconnaissance mondiale. Elle est relativement limitée aujourd’hui, espérons que cette fois Aethra positionnera Gorod sur une scène death technique en effervescence. Cet album arrive au bon moment, il suffit de voir le nombre de sorties majeures dans le style rien que cette année (Obscura, Beyond Creation, Rivers of Nihil, Slugdge, Black Crown Initiate, Horrendous, Monstruosity, Revocation, Augury, Inferi et j’en passe).
Tous les morceaux de cet album comportent quelques éléments par ci par là qui dénotent une ouverture d’esprit, des influences multiples, parfois assez jazzy, mais ça reste un album de death technique fidèle à ses racines et sans concession. Les notes virevoltent dans une double attaque de guitares mélodiques, comme sur le tapping introductif de « Bekhten’s Curse » ou sur le thrashy « Hina », les staccato et dissonansses de « Wolfsmund », plus rarement assènent des riffs massifs. Ça ne s’arrête jamais pendant 45 minutes bien intenses. Il y a quelques petites touches d’originalité, dont certaines feront surement tiquer les jusqu’au-boutistes, comme les quelques passages en chant clair de “The Sentry” ou les arpèges à la Mastodon de “Aethra”, mais cet album est en fait globalement plus agressif que les 2 précédents. C’est à la fois une force, Gorod arrivant une nouvelle fois à sortir du lot sans dévier de leur style, et un regret pour moi qui aurait bien aimé un peu plus de nouveauté. L’album m’a meme semblé assez indigeste aux premières écoutes avant de se révéler au fil des écoutes.
Je pense que A Perfect Absolution restera mon album préféré de Gorod, mais Aethra lui dispute la première place sans problème. Cet album restera comme une des réussites d’une année 2018 chargée en sorties death technique, et a l’avantage de ne ressembler à aucun autre.