Il aura fallu attendre près de 7 ans pour enfin voir les néo-zélandais de Shihad donner une suite au très bon Fvey, sorti en 2014, toujours signés sur la major Warner. Dommage qu’un tel label ne mette pas en place une distribution mondiale correcte puisque la distribution des exemplaires physiques de ce nouvel album semble (pour le moment ? ) apparemment limitée à la plaque australienne bien malheureusement (distribution retardée au moment où j’écris ces lignes, comme la sortie de l’album initialement prévue en août et repoussée finalement par 2 fois pour a priori être prévue le 8 octobre, pour cause de restrictions et de confinement prolongé en Nouvelle-Zélande, le gouvernement local ne rigolant pas du tout avec les mesures pour éviter de connaître une nouvelle propagation de l’épidémie).
Musicalement l’influence de la Blague Qui Tue est moins présente et plus diffuse sur ce cru 2021 (rappelons que Jaz Coleman de Killing Joke avait produit le précédent album et que le groupe ne cachait pas son influence importante que l’on pouvait par exemple entendre énormément sur le morceau titre « Fvey » ), et le groupe a décidé de remiser les rythmiques répétitives propices à la transe pour accentuer son côté direct. Il concentre dès lors ses efforts mélodiques sur 10 compositions de qualité et globalement plus concises (autour de 4 minutes par titre) là où Fvey en contenait 11 pour sa version de base (et même 15 avec les titres bonus de l’édition limitée), avec des titres plus longs et quelques longueurs superflues qui rendaient l’écoute de l’album parfois un peu laborieuse (avec notamment ce fameux temps faible au démarrage du 7ème titre qui n’aidait pas malgré un final béton).
Old Gods est donc un opus plus concentré, plus « calibré » pourrait-on dire, mais dans le bon sens du terme car ce nouveau focus permet à la lassitude de ne pas se faire sentir. L’album installe aussi de fait une meilleure dynamique que sur le précédent disque des néo-zélandais d’autant qu’il apparaît aussi plus produit (avec un plus gros son) ce qui en fait un disque taillé pour le succès (sans que le groupe donne l’impression de vouloir tapiner soyons clairs).
Au jeu de la variété et de la dynamique de l’album, l’excellent « Feel the Fire » joue un rôle non négligeable en arrivant idéalement à mi-album (et fait un bien meilleur job que « The Great Divide » sur Fvey pour casser la routine du disque) armé de ses parties de guitare somptueuses, aériennes et légères, et de sa teinte presque positive (le clip se termine presque comme un clip promotionnel pour la Nouvelle-Zélande) qui contraste avec le ton des autres titres plutôt lourd et agressif. Essayez de vous sortir le refrain de la tête lorsque vous l’aurez entendu ! Un tube en puissance qui les aidera peut-être à conquérir de nouveaux adeptes… qui ne manqueront pas de constater que les autres titres de l’album sont beaucoup plus puissants et agressifs que celui-ci.
Le chant de Jon Toogood (ça ne s’invente pas) est pour sa part toujours aussi… bon justement. Varié comme il faut, scandé et agressif pour chanter des paroles qu’on sent bien politiques et engagées par endroits (diatribes anti-trump sur « Old Gods » ou dénonciation du complotisme sur le très pessimiste « Empire Falling »), ou qu’il chante de façon plus aérienne sur « Feel the Fire » donc, son registre rappelant toujours celui du chanteur des neo-metalleux/new wavers de Orgy (avec quelques accents nasillards Claydeniens évoquant Pitchshifter parfois comme sur « Just Like You ») est un bonheur constant. Conjugué aux rythmiques heavy des guitares, le combo est plus efficace que jamais. Il suffit d’écouter les monstres « Tear Down Those Names », « the Hill Song », « Little Demons » ou « Slow Dawning » et le final « The Wreckage » (avec ces « yeah! » qui accompagnent Toogood sur le refrain) pour s’en convaincre : l’album ne contient quasiment que des bombes en puissance qui devraient convaincre les amateurs du heavy rock des kiwis et pourraient on l’espère en convaincre de nouveaux.
Old Gods s’impose au final comme le meilleur album de l’ère récente des néo-zélandais, il est donc d’autant plus dommage que la distribution limitée évoquée en début de chronique risque de ne pas leur permettre de bénéficier de l’exposition qu’ils méritent, même si les plates-formes de streaming devraient permettre de contourner en partie cette difficulté !
Ne reste plus à espérer maintenant que le successeur de cet album se fasse moins attendre que son grand frère!
Tracklist :
01 – Tear Down those Names
02 – Old Gods
03 – Mink Coast
04 – The Hill Song
05 – Feel the Fire
06 – Little Demons
07 – Empire Falling
08 – Just Like You
09 – Slow Dawning
10 – The Wreckage