Groupe formé en 1988 en Nouvelle-Zélande, Shihad a acquis une belle petite notoriété dans son pays, après avoir sorti plusieurs albums dont plusieurs singles ont pu se retrouver en tête des charts locaux.
Désormais exilé chez les voisins australiens, le groupe basé à Melbourne n’avait rien sorti depuis 2008, date à laquelle paraissait Beautiful Machine, considéré comme l’album le plus soft publié par Shihad, jusqu’ici réputé pour un rock alternatif nerveux, aux accointances grunge.
Les choses ont aujourd’hui bien changé puisque le groupe nous propose de découvrir un nouveau Shihad avec ce nouvel album FVEY, un nom énigmatique qui est en fait un jeu de lettres derrière lequel il faut simplement entendre « Five Eyes ». Pourquoi une telle énigme, et pourquoi une telle pochette, mystère. Et finalement on s’en fout un peu, d’autant que musicalement, c’est la grosse surprise à l’écoute de FVEY. En fait il est assez fondamental pour bien comprendre le virage pris ici par le groupe, de savoir que derrière la production de cet album se cache en fait Jaz Coleman, leur compatriote et tête pensante des mythiques Killing Joke. Or Jaz avait déjà signé la production du premier album de Shihad, Churn, 20 ans auparavant. Et ce retour aux sources en quelque sorte, s’entend énormément sur cet album tant l’influence de la blague qui tue se ressent à l’écoute de FVEY, certainement l’album le plus heavy du groupe, avec un son de gratte assez énorme.
Cet album pourrait en fait être décrit comme du Killing Joke plus direct et efficace, car si l’on retrouve le goût pour la transe de la bande à Coleman, qui se traduit par la répétition de riffs bien lourds (le meilleur exemple étant le morceau titre de l’album qui s’ouvre d’ailleurs sur un « aouuuuuh » de Coleman), on retrouve également un chanteur au timbre mélodique bien différent de celui de Coleman, évoquant en fait celui du chanteur des américains neo-métalleux /new-wavers de Orgy. Et de fait c’est justement un improbable mélange de Killing Joke et d’Orgy que la musique de Shihad évoque sur cette mouture 2014. Une écoute de « The Living Dead » devrait suffire à vous convaincre, pour peu que vous ayez connu Orgy « back in the days ». On retrouve en effet ces mélodies acerbes enrobées d’une ambiance un peu futuriste.
Improbable mélange, mais belle réussite au final, avec des titres de durée variable assez directs (le plus direct étant le single « Think You’re So Free »), mais qui manquent peut-être un peu de variété, et malheureusement la lassitude s’installe un peu au bout du 7ème titre (« The Great Divide ») qui se trouve être le moins réussi de l’album (et l’un des plus longs) malgré une 2ème partie beaucoup plus intéressante quand même.
Cela n’empêche pas FVEY d’être un album réussi et intéressant qui mérite largement qu’on s’y attarde un moment. A noter pour les plus curieux qu’une édition limitée est sortie avec 4 titres bonus qui rallongent encore la durée de l’album mais qui s’avèrent néanmoins très réussis et auraient largement pu figurer sur le tracklisting final. Espérons que le parrainage « Jaz Coleman » permette au groupe de sortir de l’anonymat où il se trouve confiné jusque-là en dehors de ses terres de naissance. Il le mérite amplement.
Tracklist :
1 – Think You’re So Free
2 – FVEY
3 – The Big Lie
4 – Grey Area
5 – The Living Dead
6 – Song For No One
7 – The Great Divide
8 – Model Citizen
9 – Wasted In The West
10 – Loves Long Shadow
11 – Cheap As
12 – The Reason Why
13 – Dark Secret
14 – All Right Here
15 – Funeral Dance