Athanor, c’est l’histoire d’un projet ambitieux. Un projet né de la rencontre de deux personnes, Thierry Louton, auteur, et Thomas Billerey, guitariste au sein du groupe français Dark Poetry. Un projet qui germa dans leur tète à la fin de la décennie passée, et qui consistait au départ en un projet d’écriture, dont l’épilogue aurait été musical. De fil en aiguille, cet épilogue qui ne devait durer qu’une dizaine de minutes au départ, s’étoffa jusqu’à devenir suffisamment consistant pour en faire un album.
Athanor, c’est aussi une histoire de rencontres. Celle des membres fondateurs avec le groupe Ange, célèbre groupe progressif français. C’est en effet pas moins de 3 membres de ce groupe légendaire qui vont prendre part à la réalisation du projet de Thierry et Thomas. Tristan Décamps et Caroline Crozat qui prèterons leur voix pour la narration ou les choeurs, mais aussi Hassan Hajdi qui eu en charge la majeure partie de leads de guitares (superbes au demeurant). A tout ce petit monde va se ralier Gaspard Jeanty-Ruard, batteur chez Dark Poetry ou encore Jean-Pascal Boffo, qui en plus de l’enregistrement et du mixage à aussi joué sur l’album le temps d’un solo de guitare acoustique.
Athanor et son Testament du diable, c’est surtout une histoire originale, celle d’un troisième testament qui serait en fait une relecture des deux déjà existant, mais présenté du point de vue du diable. Une histoire pour le moins originale et qui dans l’idéal serait développée en vers tout au long des 200 pages d’un livre/disque, la partie musicale étant naturellement présentée sur le CD (si c’est pas étonnant ça).
Mais le Testament du diable c’est aussi une histoire de concessions. En effet, en autoproduction, un tel objet a bien évidement un coût, que sans aide ni financement extérieur, le groupe ne peut assumer. C’est donc sous la forme d’un double digipack que va finalement prendre forme le projet d’Athanor. Un double digipack protegé par un coffret, incluant deux livrets, l’un présentant les lyrics de l’album et l’autre des extraits de l’histoire originale. Sur ce second livret les textes sont imprimés sur des feuilles de calque, lesquelles sont entrecoupés d’un beau travail graphique. Au final, force est de constater que, malgré les restrictions budgétaires de départ, le groupe propose tout de mème un objet bien plus attrayant que bon nombres de sorties habituelles.
Et la musique dans tout ça ? Forcément d’inspiration progressive, compte tenu des membres qui ont pris part au projet, elle s’avère pourtant assez atypique. Le premier élément important, celui qui rebutera sans doute pas mal de monde mais intriguera les plus curieux, c’est que l’intégralité des textes sont parlés. Oh il y a bien des choeurs en accompagnements et quelques hurlements mais le Testament du diable est avant tout une lecture de poème mise en musique. Je vous avoue que ce genre de description m’aurait sans doute aussi rebuté, l’expérience Eros Necropsique n’ayant pas vraiment pris chez moi au moment ou j’avais découvert ce singulier groupe de chez Adipocère. Pourtant Athanor propose autre chose qu’une simple lecture sur accompagnement musical car justement les compositions donnent une très large place à la musique. Alors peut-ètre qu’Athanor serait le fruit de la rencontre entre Eros Necropsique et Elend, pour ceux qui souhaitent des références auxquelles se raccrocher. Un rejeton nourri au métal extrème et au heavy. Ici les textes, en français évidement, sont donc totalement intelligibles et à travers les voix de Tristant et Caroline, deviennent tour à tour, tristes, inquiétants, reposants ou enivrants lorsque la musique s’emballe et que la diction s’accélère en conséquence. Les textes lus ou déclamés apportent donc une alternative intéressante aux habituels chants ou growl, et deviennent alors vecteurs d’émotions inédites et dévoilent un coté sombre indéniable de par la nature incantatoire de certains passages. Comme je le disais plus haut, la musique n’est pas en reste et elle aussi apporte sont lot d’émotions. Les clavecins typé médiéval/renaissance fricotent avec les rythmiques plombées, de longues plages atmosphériques couvertes de chants angéliques voient débouler de sublimes soli, racés et mélodiques, limite virtuoses, jamais démonstratifs mais toujours emprunts de feeling.
Je parlais un peu plus haut d’un double digipack, ce qui implique évidement un second CD. Le groupe a tenu à offrir avec le Testament du diable une version orchestrale de l’album, et ce second CD n’est ni plus ni moins que l’album original mais amputé de toutes ses voix, que ce soit les choeurs, lectures, ou hurlements. Au départ je me posais la question de l’intérèt d’une telle initiative, ayant encore en tète le Weeping night d’Elend qui n’était en fait que les Ténèbres du dehors sans ses hurlements démoniaques. Ici la démarche est tout autre. D’une car évidement ce CD est offert et n’est donc pas une version édulcorée destinée à ètre vendu à quelques réfractaires aux voix parlées, et de deux cette version permet de prèter d’avantage attention aux nombreux arrangements, très cinématique dans leur forme et qui ont un peu tendance à ètre éclipsés par les voix récitantes. Si chez moi, cette version orchestrale risque de finalement peu tourner, on peut imaginer sans peine qu’elle suscitera plus d’intérèt chez les amateurs de jeux de rà´les ou ceux qui souhaitent se plonger en musique dans la lecture d’un roman à suspens. Une initiative intéressante au final.
Mais finalement Athanor, c’est aussi l’histoire d’une injustice. Pas de label ni de distributeur, une couverture médiatique des plus restreintes, un nombre de connections myspace qui frise l’anecdotique. Bien sûr, il est évident que pas mal de choses dans ce projet le destine à un public plutôt confidentiel mais bon sang, lorsque c’est réalisé avec autant d’énergie, de passion et bien sûr de talent, il est inconcevable de ne pas voir ses auteurs récolter un minimum le fruit de leur travail. Je vous invite donc en premier lieu à découvrir Athanor via leur page myspace (qui propose déjà une bonne partie de l’album en écoute) et si par la suite l’envie vous vient de vous procurer le Testament du Diable ça passe par une commande directement à la source.
- ouverture
- révélation
- songe
- prophétie
- réveil
- le silence intérieur
- final
Tristan c’est de fils de Christian, fondateur du groupe… L’était pas né à cette époque le bougre ;-)
Marrant parce que j’ai habité pendant 18 ans à 5 kms de chez eux…
Sinon j’ai écouté les extraits, c’est pas ma tasse de thé, mais ça joue, c’est certain
ha zut j’ai merdé dans ma documentation. Bon faut que reformule tout ça alors :-s
J’ai pu écouter les extraits du Myspace. C’est bien foutu, le projet est ambitieux et semble abouti. Par contre, je trouve que la voix de narration manque d’intonation, je préfère les passages où elle passe en hurlements. Par contre la chro fleure bon la passion, le coup de coeur et l’envie de soutenir le groupe. Bravo Joss, à ré-écouter attentivement pour ma part afin de voir si je me fais à ce style de déclamation. J’aime pas non plus Eros Necropsique ;O)-
Je ne l’avais même pas vue celle là.Alors Athanor c’est l’histoire de tous ces groupes plein de talent mais dont la portée reste relative.La qualité est bien là sur cet opus,l’histoire,le traitement de l’histoire,la volonté de proposer quelque chose d’abouti,rien qu’au niveau packaging comme le soulignait Joss,passons le côté kitschouille c’est rare de voir un tel investissement dans l’objet cd et surtout à un prix tout à fait raisonnable quand on connait les foutages de gueule dont d’autres profitent.Alors oui ces musiciens ont toute ma considération et mon support,l’album est une vraie perle de prog sympho français,s’ils ne lachent pas l’affaire et s’ils mettent la chance de leur côté possible que l’avenir leur réserve de belles surprises.Bien vu Joss