On dira ce qu’on veut mais il est quand même fort le Michael Poulsen. Le danois a réusi à construire patiemment une des machines les plus rôdées du metal, et même si on ne se retrouve pas forcément dans l’intégralité des 7 albums déjà sortis avant cette année par le groupe et qu’il y a qualitativement quelques creux (notamment sur le moins percutant 6ème album Seal the Deal & Let’s Boogie malgré la présence de l’excellent « For Evigt »), il y a toujours quelque chose pour les amateurs de rock/metal qui rend ces albums sinon indispensables, au moins sympathiques et accrocheurs. Sur ce 8ème album, Poulsen et sa bande ne changent pas d’approche, et proposent toujours un metal/rock à la fois heavy et mélodique, un peu comme si Metallica avait décidé de rester dans le sillage de son Black Album éternellement. Et le fait est que si on peut certes critiquer une certaine redondance, celle-ci peut aussi être vue comme une honnête constance, Volbeat ayant trouvé son créneau, et s’employant à rester fidèle à son approche. Du coup la sortie d’un nouveau Volbeat devient un moment attendu : on sait qu’on va passer un bon moment avec eux, qu’ils ne sortiront probablement pas l’album de l’année mais qu’on aura notre dose de plaisir et de mélodies. Comme avec le 7ème album Rewind, Replay, Rebound, que j’avais déjà beaucoup apprécié à sa sortie en 2019.
Les accents rockabilly 60’s font toujours mouche (« Step into Light » qui rappelle l’excellent « Sorry Sack of Bones » sur le précédent album) et le groupe va même un cran plus loin avec « Wait a Minute My Girl » et son duo endiablé piano/saxo. Ce titre au demeurant sympathique apparaît néanmoins, avec ses tonalités 60’s guillerettes, un peu en décalage par rapport à la tonalité dominante et plus lourde de l’album. On pourrait faire un commentaire similaire s’agissant du très léger « Dagen Før » sur lequel Poulsen a invité une copine (comme souvent) en la personne cette fois de Stine Bramsen. On aurait pu envisager l’album sans ces deux titres pas mauvais mais simplement dispensables à mon sens.
Car en effet globalement plus heavy que le précédent album avec de bons riffs que n’auraient pas renié les 4 Horsemen (« Mindlock », « Lasse’s Birgitta », « Return to None » ou le démarrage de « Say No More ») et même des « Master! » ou « Jump in the Fire! » scandés par Michael sur « The Devil Rages On » et « Say No More » qui font inévitablement penser aux américains, l’album nous fait carrément croire un instant sur le démarrage et le final de « Becoming » que les danois se seraient décidés à verser dans le death metal (et ainsi revenir à l’époque de Dominus le groupe death de Poulsen d’avant Volbeat) avec même le son qui va avec. Et ce même si finalement le titre redevient rapidement du pur Volbeat, mélodique et addictif en diable, avec cependant de bonnes parties de batterie bien véloces (et notamment de la double, si si). Car malgré le retour d’un côté plus dur et heavy, Volbeat reste bien Volbeat, et la mélodie prime toujours dans la musique des danois. A ce titre ce nouvel album contient une fois de plus son lot de refrains mémorables à chanter sous la douche de même que son lot de chœurs féminins/masculins accompagnant parfaitement « Elvis » Poulsen (comme sur « The Passenger » ou « Becoming »), qui chante de son côté toujours aussi bien.
A noter aussi quelques mélodies orientales notamment sur « Lasse’s Birgitta » et ses presque 8 minutes bien foutues, notamment avec une fin de titre lourde, et quasi ritualiste avec ces cloches sinistres qui concluent le morceau. Même si la conclusion de ce titre aurait pu être idéalement celle de l’album, ce sont finalement les très directes et efficaces 2min35 de « Return to None », titre emblématiquement le plus métal de l’album, qui viennent conclure ce Servant of the Mind.
Bien sûr les détracteurs, et notamment ceux qui sont allergiques depuis le début au chant de Poulsen continueront probablement à dégueuler sur le groupe, mais pour les autres même s’il est probable que vous n’aviez pas besoin de cette chronique pour savoir ce qui vous attend sur ce 8ème album (de la bonne humeur, des riffs, et des mélodies imparables), il devrait assez rapidement vous sauter aux oreilles que ce cru 2021 est un grand cru et que ce nouvel album est à ranger aux côtés des tous meilleurs albums de Volbeat.
Finalement, la seule faute de goût c’est certainement cette pochette assez ignoble… D’autant plus dommage que celle du précédent album était sympa et fleurait bon la nostalgie tout en sobriété. Pas de quoi bouder notre plaisir cependant !
Tracklist :
01 – Temple of Ekur
02 – Wait a Minute My Girl
03 – The Sacred Stones
04 – Shotgun Blues
05 – The Devil Rages On
06 – Say No More
07 – Heaven’s Descent
08 – Dagen Før ft. Stine Bramsen
09 – The Passenger
10 – Step into Light
11 – Becoming
12 – Mindlock
13 – Lasse’s Birgitta
14 – Return to None