Dance Gavin Dance – Jackpot Juicer

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Style: SwancoreAnnee de sortie: 2022Label: Rise Records

Retour ô combien attendu cette année des américains de Dance Gavin Dance qui enchaînent pourtant les coups durs depuis quelques mois. A quelques semaines d’intervalle seulement ils ont ainsi du faire face au décès brutal (overdose de médicament) de leur bassiste de longue date -2009- Tim Feerick (en avril), et à la mise en cause par deux jeunes femmes de leur chanteur Tilian Pearson (en juin) pour conduite sexuelle inappropriée qui a forcé le groupe à le suspendre pour le pousser à solliciter l’aide professionnelle requise afin de traiter ce que l’on suppose être des problèmes psychologiques profonds. Si l’avenir du groupe ne semble pas remis en cause pour le moment (bien qu’on ignore pour le moment si Tilian retrouvera un jour son poste), nul doute qu’il se serait passé de cette très mauvaise publicité juste avant la parution de son 10ème album. D’autant que ces sordides faits divers contrastent avec le ton coloré et toujours aussi fun et léger (en apparence du moins) de la pochette de ce nouvel album Jackpot Juicer. On imagine le cas de conscience pour les membres du groupe et le désarroi qui a du les saisir face à ces deux tragédies successives et face à la question de savoir s’il fallait ou non renoncer à sortir ce nouvel album enregistré tant avec Tim Feerick qu’avec Tilian Pearson. Le groupe a néanmoins et heureusement annoncé tenir à aller jusqu’au bout de la sortie de cet album après avoir travaillé si dur à son élaboration et son enregistrement, notamment par respect et en hommage à leur camarade disparu Tim Feerick.

En tant que nouveau fan du groupe l’ayant découvert récemment c’est avec consternation que j’ai pris connaissance de ces deux évènements récents, consternation suivie d’une grande crainte de voir la dernière heure du groupe arrivée et que Jackpot Juicer ne voit finalement même pas le jour. Cela aurait été dommage d’autant plus que voilà un album qui sortira (le 29 juillet) pour une fois parfaitement à la bonne saison quant à ces tonalités et son registre pour le moins frais et estivaux. Sans parler de la qualité de ce 10ème album!

A la découverte de l’album pourtant, difficile de passer à côté de l’évidence : le disque est trèèèèèèès copieux. C’est en effet l’album le plus long jamais sorti par le groupe et de très loin : 62 minutes de musique pour 18 titres. Un choix qui apparaît de prime abord étonnant (le groupe aurait presque pu faire deux albums avec autant de matière) et risqué aussi tant on peut légitimement s’interroger sur la capacité des américains à rester pertinents et à captiver sur un format aussi long. Heureusement, les craintes s’envolent en seulement quelques écoutes, le temps d’assimiler ces nouveaux titres qui dévoilent finalement rapidement leurs charmes.

Exception faite de l’introduction inutile de 35 secondes « Untitled 2 » (qui fait écho au titre également introductif de leur premier album Downtown Battle Mountain qui s’intitulait « Untitled » -lequel n’avait déjà pas grand intérêt mais avait également le mérite d’être très court), il ne faut que quelque secondes pour reconnaître la patte DGD : les guitares toujours aussi folles et identifiables entre mille de Will Swan (secondé par Andrew Wells désormais -cf plus bas) bien sûr, mais aussi le tandem vocal formé par Tilian Pearson avec sa voix haut perchée caractéristique, et Jon Mess le hurleur qu’on reconnaît aussi immédiatement et qui fait partie depuis longtemps de l’identité vocale et musicale du groupe. Ce dernier semble d’ailleurs un peu plus présent que sur le précédent album du groupe, la répartition vocale apparaissant plus équilibrée entre lui et Tilian (et un 3ème larron en fait… On y revient un peu plus bas). Il est cette fois bien rare que les deux ne se partagent pas des moments sur chacun des titres, pour le plus grand plaisir des amateurs des deux vocalistes dont je suis. Les américains ont aussi fait appel à un camarade d’outre-manche, le chanteur de Don Broco Rob Damiani apparaissant sur « Synergy » pour un featuring réjouissant et vraiment réussi sur lequel on reconnaît immédiatement sa voix atypique et caractéristique. Quoi qu’il advienne concernant Tilian Pearson (on espère qu’il pourra réintégrer le groupe après avoir fait le travail nécessaire), il y a de toute façon matière à espérer et à se rassurer pour l’avenir. Car Andrew Wells, guitariste/chanteur d’Eidola et qui avait déjà participé à plusieurs titres de DGD en tant qu’invité, fait maintenant officiellement partie du groupe. Et non content de soulager le prodige Will Swan en partageant les parties de guitare, il vient aussi poser son timbre superbe sur « Current Events », « One Man’s Cringe », « For the Jeers » ou le génial titre final « Have a Great Life ». Un ajout de poids qui rend le line-up du groupe encore plus impressionnant notamment sur le plan vocal et qui fournit au groupe un remplaçant potentiel si le départ de Pearson devait être définitif.

L’ambition du groupe est palpable tout au long du disque, on sent qu’il a voulu proposer rien de moins que sa meilleure œuvre, et chacun pourra débattre à loisir sur l’atteinte ou non de cet objectif. De mon côté je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit effectivement du meilleur album jamais sorti par DGD car pas uniquement le plus long mais peut-être aussi le plus homogène, même si son ambition aura poussé la bande à Swan à aller un peu loin parfois (les violons inutiles de « Cream of the Crop » dans la continuité de l’intro, et qu’on ne retrouve finalement pas ailleurs… Tant mieux car ils n’apportent pas grand chose au morceau sans heureusement lui nuire non plus). Et évidemment l’album contient une fois encore sa dose de tubes : « Die Another Day » est certainement à ce titre le hit le plus évident, mais après quelques écoutes il faut se rendre à l’évidence : il n’y a pas un seul mauvais morceau sur ce disque, et en réalité les bombes s’enchaînent non-stop du début à la fin ce qui n’est pas la moindre des performances sur un album de plus d’une heure comme déjà évoqué.

En dépit de ces quelques changements Dance Gavin Dance reste Dance Gavin Dance et nul doute que ceux qui n’appréciaient pas le groupe jusque-là, peut-être allergiques aux mélodies sucrées et aux délires guitaristiques de Swan resteront probablement toujours de marbre. Pour ma part je continue de penser que ce groupe est génial, unique aussi, et il m’accompagne quasiment quotidiennement depuis que je l’ai découvert. Et Jackpot Juicer est la nouvelle et éclatante démonstration du talent de ce groupe. Un album qui sera probablement la bande son de mon été et que je recommande évidemment chaudement !

Tracklist :
01. « Untitled 2 »
02. « Cream of the Crop »
03. « Synergy » (Feat. Rob Damiani)
04. « Holy Ghost Spirit »
05. « For the Jeers »
06. « Ember »
07. « Pop Off! »
08. « One Man’s Cringe »
09. « Feels Bad Man »
10. « Die Another Day »
11. « Two Secret Weapons »
12. « Polka Dot Dobbins »
13. « Long Nights In Jail »
14. « Back on Deck »
15. « Current Events »
16. « Pray To God for Your Mother »
17. « Swallowed By Eternity »
18. « Have a Great Life »

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1161 articles sur Eklektik.

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